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— Je suis vraiment désolé, mais il n'y a rien que je puisse faire...

Elle le regarda sortir en se demandant si le code chiffré n'était pas enfoui dans une des innombrables lettres de son

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grand-père qu'elle n'avait jamais ouvertes. Puis elle se retourna vers Langdon avec un regard désespéré.

Il la fixa, un large sourire aux lèvres, les yeux brillants.

— Pourquoi souriez-vous ?

— Sophie, votre grand-père était un génie !

— Pardon?

— Dix chiffres !

Elle le dévisageait sans comprendre.

— Son numéro de compte, fit Langdon avec ce sourire particulier qu'elle lui connaissait maintenant, je suis pratiquement certain qu'il nous l'a laissé, finalement...

— Où ça?

Langdon tira de sa poche une photocopie du cliché du cadavre et la posa sur la table. Sophie n'eut qu'à relire la première ligne pour comprendre qu'il avait raison.

13-3-2-21-1-1-8-5

O Draconian Devil !

Oh, Lame Saint !

P.S. Trouver Robert Langdon

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44

— Les dix chiffres ! s'exclama Sophie, chez qui l'excitation de la cryptographe avait vite remplacé la surprise.

13-3-2-21-1-1-8-5

Il a écrit son numéro de coffre sur le plancher du Louvre !

Lorsqu'elle avait identifié la séquence de Fibonacci, elle avait d'abord cru qu'elle n'avait pour

but que de pousser la PJ à faire venir sur les lieux la cryptographe Sophie Neveu. Plus tard, elle avait compris que ces chiffres étaient aussi destinés à lui faire déchiffrer le texte qui suivait. Une série en désordre... une anagramme en chiffres. Et voici qu'elle y découvrait avec stupéfaction une signification encore plus importante. Les chiffres griffonnés sur le parquet étaient forcément le sésame qui allait lui ouvrir le coffre mystérieux de son grand-père.

— Il a toujours été un maître des allusions à sens multiples, dit-elle en se tournant vers Langdon. Il adorait ça, les codes puissance trois...

Langdon se dirigeait déjà vers la borne électronique.

Sophie s'empara de la photo et de la clé, et le rejoignit.

Le clavier et l'écran étaient identiques à ceux des distributeurs de billets. Le logo cruciforme de la banque apparaissait sur la petite vitre. Sans perdre une seconde, Sophie inséra la clé dans la fente triangulaire.

L'écran afficha immédiatement :

NUMÉRO DE COMPTE

Le curseur clignotait sur le premier des dix tirets. Dix chiffres. Sophie lut à haute voix la séquence, et Langdon saisit les chiffres un à un.

1332211185

Un message en plusieurs langues apparut immédiatement :

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ATTENTION

Avant de valider votre code, veuillez vérifier que vous ne vous êtes pas trompé. Pour votre sécurité, si le système ne reconnaît pas votre numéro, l'ordinateur s'éteindra automatiquement.

— Il semble que nous n'ayons droit qu'à un essai, dit Sophie.

— Je ne me suis pas trompé, fit Langdon en vérifiant les chiffres sur la photo.

Il tendit un doigt impérieux vers la touche VALIDATION.

— Feu!

Sophie s'exécuta, puis retint son geste, en proie à une soudaine hésitation.

— Allons, Sophie ! Vernet va revenir d'un instant à l'autre.

— Non ! dit-elle. Ce n'est pas ça !

— Mais bien sûr que si ! Dix chiffres ! Que voulez-vous que ce soit d'autre ?

— C'est trop aléatoire.

Trop aléatoire ? Il n'était pas du tout d'accord. Toutes les banques ordinaires conseillaient justement à leurs clients de choisir leur code confidentiel au hasard, pour que personne ne puisse le deviner. A fortiori celle-ci.

Mais elle avait déjà effacé ce qu'il venait de taper. Elle leva vers lui un regard assuré :

— La coïncidence serait beaucoup trop grande.

Pourquoi aurait-il choisi ce soir le même désordre dans la séquence que pour le code de son coffre ?

Elle avait peut-être raison. Puisqu'elle avait reconnu la suite de Fibonacci...

Elle tapait déjà sur le clavier, comme de mémoire.

— Connaissant son amour des codes et des symboles, il a sûrement choisi un numéro qui ait un sens pour lui, qu'il soit certain de ne jamais oublier.

Elle tapa le dernier chiffre avec un sourire espiègle.

— Un code qui ait l'air aléatoire... mais qui ne le soit pas.

Et Langdon lut sur l'écran

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NUMÉRO DE COMPTE

1123581321

Elle avait certainement raison.

La séquence de Fibonacci.

1-1-2-3-5-8-13-21

Une fois les chiffres mélangés, elle était pratiquement impossible à identifier. Facile à mémoriser, et pourtant apparemment aléatoire. Une série de 10 chiffres que Saunière ne pouvait oublier. Et qui expliquait parfaitement le désordre qu'il lui avait imposé dans son message.

Sophie appuya sur la touche « validation ».

Rien ne se produisit.

Rien qu'ils puissent remarquer.

Au même moment, au-dessous d'eux, dans les profondeurs du sous-sol de la banque, le bras articulé d'un robot se dépliait et se tendait vers l'une des centaines de caisses identiques jonchant le sol cimenté d'une immense cave voûtée, comme autant de petits cercueils allongés dans une crypte. La patte métallique se posa au-dessus de l'une des caisses, en balaya le code barre de son œil électronique, s'entrouvrit pour en saisir la poignée, puis se referma et la souleva lentement à la verticale avant de la déposer sur un monte-charge qui se mit aussitôt en marche, pour s'arrêter devant un tapis roulant qui s'ébranla à son tour.

À l'étage supérieur, Langdon et Sophie poussèrent un soupir de soulagement en voyant le tapis de caoutchouc noir avancer.

Comme des voyageurs fatigués après un vol long courrier, ils attendaient avec impatience l'apparition du bagage surprise.

La porte métallique du tunnel s'ouvrit enfin, livrant passage à une cantine en plastique noir moulé, beaucoup plus volumineuse que ce qu'ils attendaient. On dirait une cage servant au transport d'animaux, mais sans les trous d'aération, se dit Sophie. La caisse s'arrêta juste devant eux.

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Sans perdre une seconde, elle releva les deux boucles métalliques qui la fermaient et Langdon l'aida à soulever le couvercle, qu'ils laissèrent retomber sur le tapis.

Ils avancèrent d'un pas et se penchèrent.

À première vue, la caisse avait l'air vide. Puis Sophie remarqua tout au fond un petit coffre en bois rouge. Du bois de rose ! songea-t-elle. C'était son essence préférée. Le couvercle s'ornait d'un délicat motif de marqueterie en bois plus clair, dessinant une rose à cinq pétales. Elle le souleva avec précaution.

Oh, mais c'est lourd !

À pas comptés, elle alla le poser sur une grande table.

Langdon, derrière elle, suivait des yeux le précieux coffret légué par Saunière. Il contemplait, émerveillé, la rose de marqueterie pentapétale.

Il connaissait ce dessin, pour l'avoir vu très souvent.

— La rose à cinq pétales, murmura Langdon... le symbole choisi par le Prieuré de Sion pour représenter le Graal.

Sophie se retourna vers lui. Il devina qu'elle pensait la même chose que lui. La taille de la boîte, son poids, la fleur symbolique, tout semblait conduire à une seule conclusion -

inimaginable.

La coupe du Christ se trouve dans ce coffret de bois.

— Les dimensions parfaites pour contenir un calice, souffla Sophie.

C'est impossible, songea Langdon, ce n'est pas le Graal.