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— Si mon grand-père m'a remis ce cryptex, c'est qu'il devait penser que je serais à la hauteur de la situation, risqua Sophie.

Teabing semblait encouragé, mais toujours pas convaincu.

— Très bien. Votre ton décidé me paraît prometteur. Je serais tout de même curieux de savoir si vous vous rendez compte que l'ouverture de la clé de voûte ne sera que la première d'une série d'épreuves encore plus difficiles.

— Comment cela ?

— Imaginez, ma chère Sophie, que vous ayez soudain dans les mains la carte qui révèle le lieu où repose le Saint-GraaI.

Vous serez en possession d'une information susceptible de

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changer le cours de l'histoire. En tant que gardienne d'une vérité que les hommes cherchent à connaître depuis des siècles, c'est à vous qu'il reviendra de la révéler au monde. Le porteur d'une telle nouvelle sera révéré par un certain nombre de gens mais aussi honni par d'autres, tout aussi nombreux. Vous sentez-vous la force d'endosser une telle responsabilité ?

— Je ne suis pas sûre que ce soit à moi de prendre la décision, protesta Sophie.

Teabing haussa les sourcils.

— Et qui d'autre que vous, ma pauvre enfant... ?

— Les membres de la Fraternité, qui ont su conserver le secret si longtemps.

— Le Prieuré ? fit Teabing, sceptique. Mais comment ? La confrérie vient de subir un revers sanglant. Elle est décapitée, comme vous l'avez si bien dit vous-même. Nous ne saurons jamais si elle a été infiltrée, ou si c'est l'un de ses membres qui a trahi ses frères, mais le fait est que quelqu'un a découvert l'identité de ses quatre chefs. Dans l'état actuel des choses, il serait sage de ne se fier à aucun des autres.

— Alors, fit Langdon. Que suggérez-vous ?

— Vous savez aussi bien que moi, Robert, que si le Prieuré de Sion garde aussi jalousement son secret depuis plus de neuf siècles, ce n'est pas pour le plaisir de le protéger éternellement, mais parce que ses membres attendent le moment opportun pour le divulguer. Un moment où le monde sera prêt à recevoir la vérité.

— Et vous croyez que ce moment est arrivé ? enchaîna Langdon.

— C'est mon sentiment. Cela ne pourrait être plus évident.

Tous les signes historiques et astrologiques le suggèrent. Et si le Prieuré n'avait pas décidé de le dévoiler très prochainement, pourquoi le Vatican aurait-il choisi ce moment pour lancer ses tueurs ?

— Mais le moine albinos ne nous a toujours rien dit, objecta Sophie.

— Son objectif est celui de l'Église, répliqua Teabing.

Détruire les documents qui révèlent la grande trahison. Ce soir, le Vatican n'a jamais été aussi près de s'emparer du secret, et

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c'est en vous, mademoiselle Neveu, que le Prieuré a placé sa confiance. Il me paraît évident que le sauvetage du Graal impose l'accomplissement d'une autre volonté du Prieuré - celle de partager sa vérité avec l'humanité tout entière.

Langdon intervint :

— Demander à Sophie de prendre une telle décision, c'est lui imposer une bien lourde responsabilité ; après tout, elle ne connaît l'existence des documents du Graal que depuis une heure...

Teabing soupira.

— Vous m'excuserez, Sophie, d'insister ainsi. Ces documents sont destinés à être publiés. Je n'ai jamais eu le moindre doute à ce sujet. Je voulais seulement vous avertir de ce qui vous attend si nous réussissons à ouvrir ce cryptex.

— Messieurs, affirma Sophie avec fermeté, pour vous citer : Ce n'est pas vous qui trouvez le Graal, c 'est lui qui vous trouve... Je décide de croire qu'il a bien une raison pour m'avoir ainsi trouvée. Et que je saurai quoi faire le moment venu.

Ils frissonnèrent tous les deux.

— Et maintenant, dit-elle en soulevant le couvercle du coffret, au travail !

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70

Démoralisé, l'inspecteur Collet contemplait les braises qui achevaient de se consumer dans la cheminée du salon de Teabing. Le commissaire Fache, arrivé quelques minutes plus tôt, s'était enfermé dans le bureau. On l'entendait hurler au téléphone pour tenter de coordonner la filature du Range Rover.

Comment savoir où ils sont, maintenant ? se demandait Collet.

Il n'était pas fâché qu'on ait trouvé un trou percé par un projectile dans le plancher du salon. Il avait certes désobéi aux ordres de son supérieur et perdu la trace de Langdon pour la deuxième fois, mais il pouvait au moins prouver qu'un coup de feu avait bien été tiré. Cependant Fache était d'une humeur détestable, et l'inspecteur craignait les conséquences fâcheuses de cette très mauvaise soirée.

Les indices dont on disposait ne fournissaient malheureusement aucun éclairage sur ce qui s'était réellement passé au château de Villette. L'Audi noire avait été louée sous un faux nom, payée avec un faux numéro de carte bancaire, et les empreintes qu'on y avait relevées étaient inconnues de la police française, ainsi que des bases de données d'Interpol.

Un agent appela depuis la porte :

— Inspecteur, où est le commissaire ?

— Au téléphone, répondit Collet sans détacher son regard du foyer incandescent.

— Non, j'en ai terminé, rétorqua Fache qui apparut sur le seuil. Que se passe-t-il ?

— Le Central vient d'appeler, commissaire. André Vernet leur a téléphoné de la Zurichoise de Dépôt. Il veut vous parler en privé. Il a l'air de vouloir changer sa version des faits.

— Tiens donc ? fit Fache. Collet se retourna.

— Il reconnaît, reprit l'agent, que Langdon et Neveu ont passé quelque temps dans sa banque ce soir.

— On s'en doutait bien. Pourquoi a-t-il commencé par le nier ?

— Il ne veut parler qu'à vous mais il est prêt à coopérer.

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— En échange de quoi ?

— Du silence de la police sur l'implication de sa banque dans l'affaire Saunière. Et aussi pour que nous l'aidions à récupérer ce que Langdon et Neveu lui ont volé...

— Quoi ? laissa échapper Collet.

Fache ne broncha pas.

— Qu'est-ce qu'ils lui ont pris ? demanda-t-il en regardant l'agent fixement.

— Qu'est-ce qu'ils lui ont pris ? s'exclama Collet en écho.

— II n'a pas donné de détails, mais il a l'air décidé à faire l'impossible pour le retrouver.

Collet essaya de se représenter la scène. Peut-être Langdon et Sophie avaient-ils menacé d'une arme un employé de la banque. Ou avaient-ils forcé Vernet lui-même à leur ouvrir le coffre de Saunière et à les aider dans leur fuite. C'était évidemment une possibilité, mais ce qu'il savait de Sophie Neveu ne collait pas avec un tel scénario.

— OK, dit Fache. Prenez son numéro. Je le contacterai dès que possible.

Un autre policier appela Fache depuis la cuisine.

— Commissaire ! Mauvaise nouvelle. Je viens de passer en revue les numéros que Teabing avait enregistrés dans la mémoire de son téléphone. Je suis en ligne avec l'aéroport du Bourget...

Trente secondes plus tard, Fache était prêt à quitter le château de Villette. Il venait d'apprendre que Teabing possédait un avion au Bourget, lequel avait décollé une demi-heure plus tôt. Le responsable de l'aéroport qu'il avait eu au bout du fil prétendait ignorer la destination du vol et le nom des passagers.

Le décollage n'avait pas été déclaré, et aucun plan de vol enregistré, ce qui était tout à fait illégal, même pour un avion privé. Mais le commissaire était convaincu qu'en tirant les bonnes sonnettes il obtiendrait facilement ces renseignements.

— Collet ! aboya-t-il en se dirigeant vers la porte, je n'ai pas d'autre choix que de vous confier la responsabilité de l'enquête ici. Distinguez-vous par votre efficacité, ça me changera.

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