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— Bien sûr.

— Penses-tu que tu y seras le bienvenu ?

— Comme un frère.

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— Alors vas-y tout de suite, et arrange-toi pour qu'on ne te remarque pas. Je te rappellerai dès que je serai en possession de la clé de voûte et que j'aurai réglé le dernier problème.

— Êtes-vous à Londres aussi ?

— Fais ce que je te dis, et tout ira pour le mieux.

— Entendu, Maître.

Le Maître soupira comme s'il regrettait d'avance profondément ce qu'il avait à faire.

— Et maintenant, passe-moi Rémy. Je vais lui parler.

Silas lui tendit l'appareil en se disant que c'était sans doute le dernier coup de téléphone que recevrait jamais Rémy Legaludec.

En prenant le combiné, Rémy songeait que ce pauvre moine difforme n'avait aucune idée du sort qui l'attendait, maintenant qu'il avait rempli sa fonction.

Le Maître s'est servi de toi, Silas, et ton Aringarosa n'était qu'un pion, lui aussi...

Il s'émerveilla encore une fois du pouvoir de persuasion du Maître sur ses semblables. L'évêque de l’Opus Dei, aveuglé par son désespoir, avait tout gobé lui aussi. Une incorrigible naïveté

; normal pour un curé. Malgré le peu de sympathie qu'il éprouvait pour le Maître, Rémy ressentait une certaine fierté d'avoir réussi à gagner sa confiance. J'ai bien mérité ma paie.

— Écoute-moi bien, Rémy. Tu vas conduire Silas à la résidence de l’Opus Dei. Fais-le descendre à une ou deux rues de distance. Ensuite, tu te rendras à St. James Park, derrière Whitehall. Tu te gareras derrière la caserne des Horse Guards.

Nous pourrons y parler sans être dérangés.

Et le Maître raccrocha.

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92

Fondée en 1829 par le roi George IV, l'université de King's Collège fut construite sur un terrain appartenant à la Couronne, situé à côté de Somerset House, entre le Strand et Victoria Embankment. Le bâtiment abrite aujourd'hui un établissement très réputé, l'Institut de recherches religieuses, dont le département de recherches en théologie systématique possède la base de données la plus exhaustive au monde.

Il pleuvait à verse sur le Strand lorsque Langdon et Sophie pénétrèrent dans le centre de documentation. La première salle de lecture était telle que Teabing l'avait décrite : une vaste pièce octogonale, occupée au centre par une immense table ronde, autour de laquelle le roi Arthur aurait pu s'attabler avec ses chevaliers, n'était la dizaine de terminaux d'ordinateur à écran plat qui y trônaient. Au fond de la salle, une jeune documentaliste à lunettes faisait bouillir de l'eau pour son premier thé de la matinée.

— Jolie journée, n'est-ce pas ? dit-elle en s'avançant vers eux, avec son charmant accent british. Que puis-je faire pour vous ?

— Je m'appelle...

— Robert Langdon, je vous avais reconnu. L'Américain craignit un instant que Fache n'ait fait diffuser sa photo et celle de Sophie à la télé britannique, mais le sourire candide de la jeune femme le rassura. Rien d'étonnant, finalement, à ce qu'une spécialiste d'histoire religieuse reconnaisse un visage qu'elle avait eu l'occasion de voir à la télévision, quelques mois plus tôt. Langdon n'était pas encore habitué à sa relative célébrité.

— Pamela Gettum, continua-t-elle en lui tendant la main.

La jeune femme arborait une expression affable et sa voix était étonnamment fluide. Les verres des lunettes qui pendaient à son cou étaient épais.

— Enchanté. Je vous présente Sophie Neveu, une amie.

Après un échange de sourires, Mlle Gettum se retourna vers lui.

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— Je n'ai pas été avertie de votre visite...

— À dire vrai, moi non plus... Mais si vous aviez un moment à nous consacrer, nous aurions besoin de votre aide.

— Nous ne recevons en principe que sur rendez-vous. Peut-

être avez-vous été invités par un des professeurs de l'Institut ?

— Hélas, non. Mais vous devez connaître mon ami, Leigh Teabing ? L'historien de la Couronne britannique ?

Langdon eut le cœur serré en prononçant ce nom. Le regard de la documentaliste s'éclaira.

— Mon Dieu, oui ! Quel personnage ! C'est un vieil habitué de l'Institut, un vrai don Quichotte. Chaque fois qu'il vient ici, le mot clé de sa recherche est toujours le même : Graal, Graal, Graal. Il poursuivra sa quête jusque sur son lit de mort. Il faut dire qu'il a du temps libre et que ses moyens financiers lui laissent le loisir nécessaire...

— Si vous aviez pu nous consacrer quelques minutes...

relança Sophie. Nous avons une petite recherche à faire, d'une importance vitale.

— Je ne peux pas dire que je sois vraiment débordée de travail, dit Mlle Gettum après avoir jeté un regard circulaire sur la salle vide. Dans la mesure où vous acceptez de signer le registre, je ne pense pas que mon chef... C'est à quel sujet, dites-moi ?

— Nous essayons d'identifier un tombeau situé à Londres.

— Il doit bien y en avoir quelques dizaines de milliers, grimaça la documentaliste. Si vous pouviez me donner quelques précisions ?

— Nous savons qu'il s'agit d'un «chevalier». Mais nous n'avons pas de nom.

— Voilà déjà de quoi affiner la recherche, c'est nettement plus rare.

— Nous ne savons pas grand-chose sur le chevalier que nous recherchons mais voici les informations dont nous disposons, dit Sophie en lui tendant un prospectus trouvé dans l'entrée sur lequel elle avait griffonné les deux premiers vers du poème.

Hésitant à montrer le poème entier à un étranger, Langdon et Sophie avaient décidé de ne divulguer que les deux premières

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lignes, celles qui identifiaient le chevalier. « C'est un réflexe professionnel », avait expliqué Sophie à Langdon. Lorsqu'il s'agissait de décoder un document « sensible », on le découpait en plusieurs tronçons et chaque cryptographe ne travaillait que sur une partie du texte, pour qu'aucun d'eux n'ait jamais connaissance de la totalité de l’information.

Sophie savait cette précaution probablement inutile pour le poème de son grand-père, étant donné que le mot de passe ne servait à rien sans le cryptex qu'il était censé ouvrir. Mais on n'était jamais trop prudent...

Pamela Gettum perçut une note d'urgence dans la voix du célèbre universitaire américain comme si la découverte de cette tombe revêtait une importance décisive. Intriguée, elle enfila ses lunettes et examina le papier qu'ils venaient de lui tendre.

Un chevalier à Londres gît, qu'un Pope enterra.

Une ire extrême le fruit de ses œuvres causa.

Elle jeta un coup d'œil au couple.

— Vous participez à un rallye ? Une chasse au trésor organisée par Harvard ?

— Quelque chose dans ce genre-là, avoua Langdon avec un rire forcé.

— Il s'agit à première vue d'un chevalier dont l'action a déplu à l'Église, mais qu'un pape a eu la bonté d'enterrer religieusement dans cette ville...

Langdon acquiesça :

— Probablement. Est-ce que cela vous dit quelque chose ?

— Pas pour l'instant, dit Pamela en se dirigeant vers l'un des ordinateurs. Allons voir ce que l'on peut tirer de la base de données.

Elle les conduisit vers le terminal le plus proche.

Depuis presque vingt ans, l'Institut de King's Collège utilisait des logiciels OCR à traducteur intégré permettant d'informatiser et de cataloguer une énorme quantité de textes, qu'ils proviennent d'encyclopédies des religions, de biographies, d'écritures saintes, d'ouvrages historiques, de documents émis par le Vatican, de journaux et de revues spécialisées, bref tout ce qui touchait de près ou de loin à la spiritualité humaine.