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L'ordinateur central numérisait les données à raison de 500

mégaoctets par seconde.

— Nous allons commencer par une simple recherche binaire, à l'aide de quelques mots clés évidents.

Elle tapa sur le clavier : « LONDON, CHEVALIER, POPE », avant d'appuyer sur la touche « rechercher ».

— Je demande à l'ordinateur central de me donner tout ce qu'il a stocké comme textes contenant ces trois mots. La majorité d'entre eux ne nous sera probablement d'aucune utilité, mais c'est une bonne façon de commencer.

Une liste de références apparaissait déjà.

Painting the Pope

The Collected Portraits of sir Joshua Reynolds London University Press

Elle secoua la tête.

— Celui-ci ne vous intéresse certainement pas. Voyons le suivant.

The London Writings of Alexander Pope

By G. Chevalier

— Celui-ci non plus.

Elle fit défiler une liste impressionnante d'une bonne centaine de documents consacrés à Alexander Pope, l'écrivain satirique anglais du XVIII e siècle, dont les œuvres comportaient apparemment de nombreuses références à des chevaliers londoniens.

La jeune bibliothécaire jeta un rapide coup d'œil au chiffre qui figurait en bas de l'écran, et qui indiquait le nombre de documents contenant les trois mots clés demandés.

Nombre total de documents concernés : 2 692.

Elle poussa un soupir.

— Il faut resserrer notre champ d'investigation. Vous n'avez aucun autre renseignement sur cette tombe, ou ce chevalier ?

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Pour avoir entendu parler des aventures récentes de Langdon au Vatican, elle était certaine qu'il n'était pas là pour résoudre l'énigme d'une simple chasse au trésor.

Cet Américain a eu accès aux archives secrètes du Vatican -

la bibliothèque la plus sécurisée au monde. Qu'est-ce qu'il a bien pu y apprendre ? Et quel rapport avec la mystérieuse tombe qu'il recherche à présent ?

Pamela travaillait d'ailleurs depuis assez longtemps à l'Institut pour savoir que les clients qui recherchaient des renseignements sur les chevaliers étaient en général ceux qui s'intéressaient au Graal.

Ôtant ses lunettes, elle leva la tête vers Langdon.

— Vous êtes en Angleterre, vous cherchez un chevalier et vous êtes un ami de Leigh Teabing... J'imagine que vous vous intéressez comme lui au Graal?

Et comme Sophie et Langdon avaient tous les deux sursauté, elle laissa échapper un petit rire.

— Vous êtes ici dans le temple des passionnés du Graal. Si j'avais gagné une livre pour chaque recherche que j'ai dû faire sur la Rose, sur Marie Madeleine, sur le Sang réal, sur les Mérovingiens, sur le Prieuré de Sion, etc., je serais millionnaire à l'heure qu'il est. Les énigmes historiques ont toujours le même succès... Vous ne pourriez pas me fournir quelques informations complémentaires ?

Dans le silence qui suivit, Pamela Gettum comprit que pour Langdon et son amie le désir d'un résultat rapide l'emportait sur le souci de confidentialité.

Sophie sortit le vélin de sa poche.

— Tenez. Voici tout ce que nous savons... Pamela Gettum remit ses lunettes sur son nez.

Un chevalier à Londres gît, qu'un Pope enterra.

Une ire extrême le fruit de ses œuvres causa.

Cherchez la sphère qui devrait sa tombe orner.

Tel un cœur fertile à la chair rosée.

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Mlle Gettum sourit in petto. Le Graal, évidemment, se dit-elle en remarquant les références à la Rose et à son cœur fertile.

— Je crois que je vais pouvoir vous aider. Pourriez-vous me dire d'où vient ce petit poème ? Et pourquoi vous êtes à la recherche de cette sphère ?

— Nous pourrions, évidemment, mais il s'agit d'une longue histoire, répliqua Langdon avec un sourire amical, et le temps presse...

— Jolie façon de me demander de me mêler de ce qui me regarde..., remarqua Mlle Gettum.

— Nous vous serions éternellement reconnaissants, Pamela, si vous pouviez nous trouver la tombe de ce chevalier, reprit-il.

— OK, fit Mlle Gettum en retournant à son clavier. S'il s'agit du Graal, nous allons ajouter un ou deux mots clés, ce qui limitera l'éventail des possibilités. Voici ce que je vous propose, dit-elle en tapant :

LONDON, CHEVALIER, POPE

TOMBE, GRAAL, SANG REAL

— Il y en aura pour longtemps ? s'enquit Sophie.

— Avec les renvois induits par les mots clés, la machine va charger quelques centaines de térabytes... pas plus d'un quart d'heure, j'imagine, rétorqua Mlle Gettum en cliquant sur «

rechercher ».

Ils ne répondirent pas, mais elle sentit bien que, pour eux, ces quinze minutes représentaient une éternité.

— Puis-je vous proposer une tasse de thé en attendant ? Sir Teabing me dit toujours que je le fais très bien...

– 420 –

93

Le siège londonien de l’Opus Dei occupe un modeste immeuble victorien en brique rouge, situé au 5, Orme Court, au nord de Kensington Gardens. Silas n'y était jamais venu, mais il se sentit rassuré dès qu'il traversa la cour intérieure. Malgré la pluie battante, Rémy l'avait déposé à quelques dizaines de mètres afin de ne pas emprunter une grande artère avec la limousine. Marcher sous la pluie, purificatrice, ne faisait d'ailleurs pas peur à Silas.

Sur la suggestion de Rémy, il avait jeté son Heckler & Koch à travers une grille d'égout, après l'avoir soigneusement essuyé.

Heureux de s'en débarrasser, il s'était senti plus léger.

Les jambes encore endolories par le temps qu'il avait passé ligoté dans l'avion et les deux voitures, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine compassion pour Teabing qui subissait actuellement le même sort.

— Qu'allez-vous faire de lui ? avait-il demandé à Rémy.

— Ce sera au Maître de décider.

Silas avait perçu dans sa voix une note sombre et irrévocable.

À mesure que Silas approchait de l'immeuble de l’Opus Dei, la pluie se faisait plus dense. Sa robe de bure était complètement détrempée, mais il se sentait délesté de ses péchés de la veille, l'âme libérée par la satisfaction du devoir accompli.

En arrivant dans la petite cour qui précédait l'entrée, Silas découvrit, sans surprise, que la porte était ouverte. Dès qu'il posa le pied sur la moquette de l'entrée, un discret carillon électronique retentit sur le palier du premier étage, suivi d'un bruit de pas. Un prêtre en soutane apparut en haut de l'escalier.

Ses bons yeux ne semblaient même pas avoir noté l'étrange allure physique de Silas.

— Bonjour, mon frère. Que puis-je faire pour vous ?

— Je m'appelle Silas, je suis un conuméraire de l'ordre.

— Vous êtes américain ?

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— Oui, en déplacement. Je ne suis à Londres que pour la journée. Puis-je me reposer ici ?

— Vous n'avez pas besoin de le demander. Il y a deux chambres libres au deuxième étage. Je vais vous monter du thé et des toasts.

— Merci, mon père. Silas était affamé.

Une fois entré dans sa petite cellule, il retira sa robe mouillée et se mit à genoux en sous-vêtements pour prier. Il entendit son hôte déposer un plateau sur le pas de sa porte.

Ayant achevé sa prière, il se restaura, s'allongea sur la paillasse et s'endormit aussitôt.

Trois étages plus bas, le frère qui avait accueilli Silas décrochait le téléphone.