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— C’était un 16 mars, rappelle-toi… lit-il.

— Je commence à en avoir plein le dos, de ce taré ! s’écrie le chirurgien.

Luc remet le message dans l’enveloppe et se rassoit sur le canapé.

— Je ne sais pas quoi vous répondre, monsieur. Si ce n’est qu’il faut découvrir un lien entre toutes ces dates… Le lien entre le 19 septembre, le 11 janvier et, maintenant, le 16 mars.

— Un lien ?

— Oui. Il ne prend pas ces dates au hasard sur le calendrier !

— Qui sait ? Ce type est complètement givré !

— À mon avis, le seul lien entre ces dates, c’est vous, assène Luc. Puisque c’est à vous qu’il dit : rappelle-toi. Et s’il a agressé Maud, c’était bien pour vous faire du mal.

Reynier lui tourne le dos, debout devant la fenêtre, les bras croisés.

— Pour l’instant, je n’ai rien trouvé concernant le 11 janvier, dit-il. J’y passe un temps fou, mais aucun décès dans la clinique un 11 janvier.

— Et si ça ne concernait pas la clinique ? dit Luc.

Le professeur se retourne brusquement.

— Que voulez-vous dire ?

— Ça pourrait concerner votre vie privée, pas votre travail.

Armand fait quelques pas, apparemment plongé dans une profonde réflexion.

— Il y a un truc que je ne vous ai pas dit l’autre soir, reprend-il soudain. Le 11 janvier, c’est la date de la mort de ma première épouse, Sara.

Luc tente de feindre la surprise.

— Pourquoi m’avoir caché cela ?

— Je ne sais pas, avoue le chirurgien. C’est stupide, j’en ai conscience… C’est sans doute parce que j’ai du mal à en parler, tout simplement.

— Elle est morte comment ?

— Elle s’est noyée dans la piscine. J’ai tenté de la réanimer, mais je n’ai pas réussi.

Armand tombe sur une chaise. Luc a le sentiment qu’il est très affecté par ce souvenir. À moins qu’il ne simule à merveille.

— Lui reste-t-il de la famille, des proches ?

— Non, affirme Reynier. Enfin si, sa mère est toujours en vie, mais elle est internée en HP. Pourquoi ?

— Je cherche qui pourrait vous reprocher sa mort.

— Me reprocher sa mort ? Mais c’était un accident, je vous dis ! Un accident, vous comprenez ?

— Je comprends, monsieur, mais on ne sait jamais ce que peuvent croire les gens…

— Elle n’a plus aucun proche, j’en suis certain. Elle n’avait plus son père et n’avait ni frère ni sœur. Juste un oncle et une tante qui ne vivent pas en France et qu’elle ne voyait plus depuis des lustres…

— Et vous êtes sûr que sa mère est toujours enfermée ?

— Certain.

— Alors, il faut continuer à creuser du côté de la clinique.

Armand soupire en se levant.

— Je vais le faire. Mais je ne pense pas trouver quoi que ce soit…

— Tenez-moi au courant, dit Luc en lui ouvrant la porte.

Ils se serrent la main, se regardant droit dans les yeux.

— Soyez vigilant, Luc. Je sens que ce malade ne va pas tarder à frapper à nouveau…

— Je ne sais pas, monsieur. Mais vous pouvez compter sur moi.

Soudain, ils entendent le bruit d’un moteur poussé à son maximum et voient l’Audi de Charlotte monter la pente à vive allure.

Si vite qu’elle ne peut pas freiner à temps et se plante dans le mur du garage.

Les deux hommes restent une seconde stupéfaits avant de s’élancer vers la voiture.

19

Charlotte a le front posé sur le volant. Reynier ouvre la portière et se baisse.

— Chérie ? Tu m’entends ?

Elle tremble de tout son corps. Ses épaules sont secouées par de violents sanglots.

— Qu’est-ce qui se passe ? s’écrie le chirurgien.

Luc grimpe sur le siège passager et décroche la ceinture de sécurité. Doucement, il aide Charlotte à se redresser.

Lorsqu’ils découvrent son visage, les deux hommes restent sans voix.

Écarlate. Entièrement recouvert de sang. Elle en a sur les mains, les bras, et même dans les cheveux. Ses vêtements noirs sont trempés et ce n’est sans doute pas de l’eau.

— Appelez le SAMU ! dit Luc.

— Non, laissez-moi faire ! rétorque Armand.

Il aide sa femme à sortir de la voiture. Elle s’effondre dans ses bras, comme si elle n’avait plus aucune force.

— Aidez-moi ! ordonne Reynier dont la chemise est déjà largement tachée de sang. On va l’emmener chez vous. Je ne veux pas que Maud la voie comme ça !

Luc se précipite pour lui donner un coup de main, ils soutiennent Charlotte jusqu’au studio. Luc se hâte d’ouvrir la porte et ils l’accompagnent jusqu’au canapé.

Elle n’a pas prononcé un seul mot, se contente de trembler.

— Je vais chercher de quoi la soigner, indique Armand. Restez près d’elle…

— Bien sûr, je m’en occupe. Allez-y !

Reynier part au pas de course tandis que Luc s’agenouille face à Charlotte.

— Qu’est-ce qui vous est arrivé, madame ? demande-t-il doucement.

Elle pose sur lui un regard terrifié, mais ne parvient toujours pas à parler.

— On vous a agressée, c’est ça ? Ou… vous avez eu un accident ?

Luc prend sa main dans la sienne.

— Dites-moi quelque chose, prie-t-il d’une voix douce.

— Je… J’étais sur la route et… Et il y a un homme qui…

Elle éclate à nouveau en sanglots, ne pouvant aller plus loin.

— Calmez-vous. C’est fini, vous êtes en sécurité, maintenant.

Il l’abandonne un instant pour aller chercher un verre d’eau fraîche.

— Buvez, dit-il.

Elle semble tellement traumatisée qu’il doit l’aider à porter le verre à sa bouche. Puis il prend un mouchoir et essuie délicatement son visage. C’est à ce moment-là que Reynier revient.

— Ne la touchez pas ! dit-il. On ne sait pas ce qu’elle a…

— J’essuyais juste le sang.

Luc s’écarte pour laisser la place à son patron. Armand, en bon chirurgien, enfile des gants et nettoie le visage de sa femme avec une compresse stérile. Ils s’attendent à des blessures, des plaies. Vu la quantité de sang, ils s’attendent au pire.

Mais le visage de Charlotte est intact. Elle n’est pas blessée.

— D’où vient tout ce sang ? murmure Reynier. C’est le sang de qui ?

— Je ne sais pas…

Charlotte tremble encore, même si elle s’est un peu calmée.

— Dis-moi ce qui s’est passé, ordonne Armand. Parle, s’il te plaît !

— Je… Je suis allée à la clinique voir Lukas…

Elle boit encore une gorgée d’eau. A du mal à poursuivre sa confession.

— Continuez, madame, demande Luc.

— J’étais sur la route pour rentrer quand… Quand un fourgon m’a percutée à l’arrière… C’était pas loin d’ici.

— Et après ? fait son mari.

— Je suis sortie pour voir les dégâts et… le type qui conduisait est sorti aussi et… Et il portait une cagoule.

— Une cagoule ? s’étonne Luc.

Charlotte hoche la tête.

— Je n’ai pas vu son visage… Il m’a prise par le bras et… Et m’a forcée à monter à l’arrière de sa fourgonnette.

Le visage de Reynier accuse le coup. Il prend une chaise pour s’asseoir en face de sa femme et écouter la suite.

— Là, il m’a dit qu’il avait un cadeau pour moi… Il… Il a ouvert une sorte de bac en plastique qui était plein de sang et… il me l’a versé dessus ! C’était horrible !