Выбрать главу

— Je t’appelle quand on sort de la banque, dit Luc. Et je reviens te chercher.

— Ouais, dit-elle en descendant de la Porsche.

Elle claque la portière, se dirige vers l’entrée. Et lorsqu’elle se retourne, elle voit Luc qui patiente. Impossible d’échapper à sa vigilance…

Alors, elle sonne et la porte s’ouvre. Elle pénètre dans le hall et attend que Luc ait redémarré pour ressortir de l’immeuble et filer vers la station de taxis la plus proche.

* * *

Luc fume une cigarette en attendant son patron. Il s’est garé devant la banque, sur la place réservée aux convoyeurs de fonds.

Enfin, il voit Reynier sortir de l’agence, un attaché-case à la main, et se hâte de lui ouvrir la portière côté passager.

— Tout s’est bien passé ?

— J’ai l’argent, répond le professeur.

— J’appelle Maud et on y va…

La jeune femme décroche aussitôt.

— On sort de la banque, on vient te chercher, annonce Luc.

— Passe-moi mon père, exige Maud.

Luc tend le téléphone à Reynier.

— Qu’est-ce qu’il y a, ma chérie ?

— J’aimerais passer la soirée avec Mélina, dit Maud. Ses parents me raccompagneront…

Reynier hésite un instant.

— OK, dit-il finalement. Tu peux rester. Mais je préfère que ce soit Luc qui vienne te chercher…

— Si tu veux, dit sa fille. À ce soir.

— À ce soir, ma puce.

Reynier rend le téléphone à Luc, qui démarre aussitôt.

— Vous ne devriez pas laisser Maud sans protection, souligne-t-il.

— Je le sais, répond nerveusement le professeur. Mais je n’ai guère le choix : si je refuse qu’elle passe une soirée chez son amie, elle va se douter que je lui ai menti sur la gravité de la situation…

* * *

Maud patiente en bas de l’immeuble où vit Axel. Il ne devrait plus tarder à rentrer. Assise sur les marches, elle a fumé la moitié du paquet de cigarettes qu’elle a acheté en descendant du taxi.

Si son père la voyait…

Mais elle préfère ne pas y penser. Ne pas songer au jour où il découvrira qu’elle a replongé. À la déception et à la douleur qu’elle causera.

Putain, Axel, qu’est-ce que tu fous ?

Aujourd’hui, elle achètera double dose. Pour pouvoir tenir plus de temps. Car il n’est pas facile de tromper la surveillance de Luc.

Pourtant, elle compte éviter la spirale infernale. Nourrissant encore le fol espoir qu’elle parviendra à contrôler sa consommation. Qu’elle ne redeviendra pas une épave. Une junkie. Une fille sans avenir et avec un seul et unique but dans la vie.

Avoir sa dose.

* * *

La Porsche monte l’allée et Luc la stoppe devant le garage.

— Nous voilà à bon port, dit-il en regardant Reynier. Voulez-vous que je garde l’argent avec moi cette nuit ?

— Non, j’ai un coffre dans mon bureau.

— C’est encore mieux ! sourit Luc.

— Venez, ajoute le chirurgien. Je vous offre un verre… J’ai besoin d’un remontant avant que l’autre enfoiré ne m’appelle.

— Je préfère ne pas boire, dit Luc. Je dois aller chercher Maud, tout à l’heure.

— C’est vrai.

— Mais je vous accompagne quand même jusqu’au coffre. Et j’attendrai le coup de fil avec vous.

Luc verrouille la Porsche et les deux hommes pénètrent dans la maison.

— J’ai un très bon whisky irlandais, lance Reynier en poussant la porte du salon. Vous allez au moins goûter un fond, non ?

Luc et Armand s’immobilisent sur le seuil.

Les doubles rideaux sont tirés, la pièce plongée dans la pénombre. En face d’eux, Amanda est attachée sur une chaise. Bâillonnée et vêtue seulement d’un caraco en satin noir, elle les fixe d’un air affolé.

Sur son front, une large estafilade.

Sur sa tempe, le canon d’un pistolet automatique.

Un homme encagoulé se tient debout derrière elle.

Son index droit presse la détente.

39

— Bonsoir, messieurs.

Luc a déjà dégainé son Glock et fait barrière entre Reynier et l’inconnu.

— Tu n’auras pas le temps, prévient le colosse en pressant l’arme contre la tête de la gouvernante.

Amanda pousse un cri de terreur, étouffé par le bâillon.

— Elle sera morte bien avant moi.

Luc le tient toujours en joue et le regard paniqué de Reynier va d’une arme à l’autre.

— Laisse tomber ton flingue, fiston. Sinon je lui brûle la cervelle. Tu as trois secondes…

Le garde du corps semble évaluer ses chances.

Terriblement minces.

— Un, deux, trois…

Il pose doucement son arme sur le parquet.

— Pousse-la vers moi, ordonne l’inconnu.

Le jeune homme obéit et l’arme atterrit sous la chaise.

— Parfait. Maintenant, tu te mets à genoux, mains sur la tête…

Comme Luc ne réagit pas, il assène un coup de crosse à la gouvernante.

— J’ai dit à genoux, mains sur la tête ! s’écrie-t-il.

Armand sursaute et Luc obtempère enfin. Le type retrouve son sourire démoniaque.

— Professeur, approchez-vous, je vous en prie… Vous êtes ici chez vous !

Reynier, dont le visage est d’une lividité cadavérique, fait deux pas mal assurés en direction du maître chanteur.

— Débarrassez-vous donc de cette mallette sur le canapé…

Le chirurgien dépose l’argent sur le divan. Puis il recule, attendant la suite des instructions.

— Et maintenant, mettez-vous à genoux, vous aussi.

Reynier s’exécute et se retrouve près de Luc.

— C’est dans cette position qu’on expie ses fautes, ajoute l’homme. N’est-ce pas, professeur ? Et vous avez tant à expier…

Le colosse ricane, tout en profitant du spectacle. Il ramasse l’arme de Luc et la décharge, avant de la balancer négligemment sur l’un des fauteuils. Puis il prend une seconde chaise qu’il positionne non loin de celle où est assise Amanda.

— Venez vous asseoir près de moi, professeur.

— Écoutez, dit Reynier, l’argent est là… Dans la mallette.

— Je sais.

— Prenez-le et partez !

— Ta gueule. Tu es habitué à distribuer les ordres, pas vrai ? Mais aujourd’hui, on va inverser les rôles. J’ai dit : viens t’asseoir.

Avec le canon du Beretta, il caresse la joue d’Amanda, qui supplie son patron du regard. Alors Reynier s’avance lentement vers la chaise.

— Assis !

Armand obéit, en essayant de contrôler sa peur et ses tremblements. L’homme récupère une corde posée sur le canapé et la jette devant Luc.

— Fiston, à toi l’honneur ! Attache-le.

Luc se relève, tandis que l’agresseur pose l’arme sur la nuque d’Amanda. Il n’a d’autre choix que de saucissonner Reynier sur la chaise.

— Et que ça tienne ! lui enjoint l’inconnu.

Luc termine sa sordide besogne dans un silence pesant. Puis il regarde le maître chanteur.

— Et maintenant ?

— Vire tes fringues.

— Hein ?

— T’as très bien entendu. Je veux voir si tu ne caches pas un autre joujou quelque part…

Le jeune homme hésite.

— Tu veux vraiment que je m’occupe de la petite Chinoise ? J’ai pas eu le temps tout à l’heure mais je suis sûr qu’elle vaut le coup !

Luc enlève sa veste et fait un tour complet sur lui-même. Puis il déboutonne sa chemise.

— Je n’ai plus d’arme, jure-t-il.