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Je t‘en dirai plus quand tu reviendras. Ciao !

Michael Tolland fronça les sourcils : une erreur dans mon documentaire ?

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Rachel Sexton, debout dans les toilettes du jet, se regardait dans le miroir. Elle se trouvait très pâle, et plus marquée qu‘elle ne l‘imaginait. La peur panique qu‘elle avait éprouvée ce soir-là l‘avait beaucoup affectée. Elle se demanda combien de temps il lui faudrait pour arrêter de trembler, et pour pouvoir affronter de nouveau la mer. Ôtant sa casquette USS Charlotte, elle laissa tomber ses cheveux sur ses épaules. C‘est mieux, se dit-elle, se sentant un peu plus elle-même.

Rachel lut dans son regard une profonde fatigue. Mais elle y distingua aussi de la résolution. Elle tenait cela de sa mère.

« Ne laisse personne décider à ta place de ce que tu peux ou ne peux pas faire. » Rachel aurait voulu savoir si sa mère avait vu, de là-haut, ce qui s‘était passé ce soir.

Quelqu‘un a essayé de me tuer, maman. Quelqu‘un a essayé de tous nous tuer...

Comme elle le faisait maintenant depuis plusieurs heures, Rachel passa en revue une liste de personnes.

Lawrence Ekstrom... Marjorie Tench... Zach Herney. Tous avaient des mobiles. Et, ce qui était bien plus effrayant, tous en avaient les moyens. Le Président n‘est pas impliqué, se dit Rachel, en se cramponnant à l‘espoir que celui qu‘elle respectait tellement – plus que son propre père – n‘avait rien à voir avec cette terrifiante aventure.

Nous ne savons toujours rien. Ni l‘identité des coupables, ni la raison de ces meurtres, songea-t-elle.

Rachel aurait voulu trouver les réponses aux questions de William Pickering, mais elles n‘avaient fait qu‘en soulever d‘autres.

Quand Rachel regagna son siège, Tolland n‘était pas à sa place. Corky, lui, somnolait à côté. En regardant autour d‘elle, elle vit Mike sortir du cockpit tandis que le pilote raccrochait un radiotéléphone. Tolland écarquillait les yeux d‘inquiétude.

— Que se passe-t-il ? demanda Rachel.

La voix de Tolland était grave ; il lui fit part du message qu‘il venait de recevoir.

Une erreur dans sa présentation ? Rachel considéra que Tolland devait exagérer un peu.

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— Ce n‘est sans doute qu‘une broutille. Elle n‘a pas précisé en quoi consistait cette erreur ?

— Quelque chose qui a un rapport avec la formation des météorites.

— La structure des roches ?

— Oui, elle disait que seuls quelques géologues le remarqueraient. Apparemment l‘erreur que j‘ai faite concernerait la composition de la météorite elle-même.

Rachel inspira brièvement en réalisant de quoi il pouvait s‘agir.

— Les chondres ?

— Je ne sais pas. Mais la coïncidence est troublante.

Rachel acquiesça. Les chondres étaient une des preuves retenues par la NASA pour étayer l‘authenticité de sa découverte.

Corky s‘approcha d‘eux, se frottant les yeux.

— Que se passe-t-il ?

Tolland le mit au courant.

Corky grogna quelque chose en secouant la tête.

— Le problème ne concerne pas les chondres, Mike. C‘est impossible. Toutes les informations que tu as eues venaient de la NASA. Et de moi. Il n‘y a pas l‘ombre d‘une erreur.

— Quelle autre erreur géologique aurais-je pu faire ?

— Qu‘est-ce que j‘en sais, moi ? D‘ailleurs, qu‘est-ce que les géologues marins savent des chondres ?

— Je n‘en ai aucune idée, tout ce que je peux te dire c‘est que Xavia est très compétente.

— Vu les circonstances, enchaîna Rachel, je crois que nous devrions lui parler avant de discuter avec Pickering.

Tolland haussa les épaules.

— Je l‘ai appelée quatre fois et je n‘ai eu que le répondeur.

Si elle est dans l‘hydrolab, elle ne peut de toute façon rien entendre. Elle n‘aura pas mes messages avant demain au plus tôt.

Tolland s‘interrompit, jeta un coup d‘œil à sa montre.

— À moins que...

— À moins que quoi ?

Tolland la regarda attentivement.

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— Est-il vraiment essentiel d‘avoir Xavia avant de s‘entretenir avec votre patron ?

— Si elle a quelque chose à nous apprendre sur les chondres, alors, c‘est évidemment décisif, Mike, fit Rachel. Pour le moment, toutes nos informations sont contradictoires.

Pickering est habitué aux réponses claires. Quand nous le retrouverons, je voudrais lui présenter des éléments solides sur lesquels il s‘appuiera pour prendre une décision.

— Alors, il faut que nous fassions une escale.

Rachel le regarda, interloquée.

— Sur votre bateau ?

— Il est ancré au large du New Jersey. C‘est le chemin de Washington, ou presque. Nous pourrions essayer de découvrir ce que sait Xavia. Corky a toujours l‘échantillon de la météorite, et si Xavia veut effectuer quelques tests géologiques, le bateau dispose d‘un laboratoire très bien équipé. Ça ne nous prendrait pas plus d‘une heure pour obtenir des réponses définitives.

Rachel sentit son anxiété bondir. La pensée d‘avoir à retrouver encore une fois l‘océan la perturbait. Des réponses définitives, se répéta-t-elle, tentée par cette possibilité. En tout cas, il nous faut apporter des explications à Pickering.

92.

Delta 1 était content de retrouver la terre ferme.

L‘Aurora, bien qu‘il n‘ait volé qu‘à la moitié de sa vitesse de pointe et fait des détours, avait achevé son voyage en moins de deux heures, ce qui allait permettre à la Force Delta de préparer dans de bonnes conditions les nouveaux meurtres ordonnés par le contrôleur.

Sur la piste militaire secrète proche de Washington où l‘unité de la Force Delta venait d‘atterrir, un hélicoptère Kiowa

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Warrior OH-58D les attendait. Les commandos embarquèrent aussitôt.

Une fois de plus, le contrôleur nous a trouvé ce qu‘il y a de mieux, songea Delta 1. Le Kiowa Warrior, conçu à l‘origine comme hélicoptère de reconnaissance léger, avait été « agrandi et amélioré » pour fournir le prototype de la nouvelle génération d‘hélicoptères de combat. Le Kiowa était équipé d‘un système d‘imagerie thermique infrarouge qui lui permettait, grâce à son détecteur laser, de guider sur des cibles nocturnes des missiles de précision tels les Stinger air-air ou encore les Hell Fire AGM-1148.

Le processeur numérique ultrarapide permettait de détecter et de traiter jusqu‘à six cibles en même temps. Rares étaient ceux qui avaient vu un Kiowa de près et qui avaient survécu pour raconter leur histoire.

Delta 1 retrouva un sentiment de puissance familier en s‘installant aux commandes et en bouclant son harnais. Il avait été formé sur cet appareil et l‘avait utilisé à trois reprises pour des opérations clandestines. Bien sûr, jamais auparavant il n‘avait eu à faire feu sur un haut responsable du gouvernement américain. Le Kiowa, il devait le reconnaître, était l‘appareil le plus adapté à ce type de boulot. Son moteur Allison Rolls-Royce et ses pales semi-rigides étaient si discrets que les cibles au sol n‘entendaient l‘hélicoptère que lorsque celui-ci était déjà arrivé au-dessus de leur tête. Et comme cet appareil, capable de voler dans l‘obscurité, était recouvert d‘une peinture noire uniforme sans numéros réfléchissants, il était quasiment invisible, à moins que la cible ne dispose elle-même d‘un radar.