du matin.
— Oui,
monsieur
le
Président,
fit
l‘officier
de
communication, il prétend que c‘est une urgence.
108.
Tandis que Corky et Xavia, penchés sur la microsonde électronique, mesuraient la teneur en zirconium des chondres, Rachel suivit Tolland vers une pièce contiguë au laboratoire. Il alluma un ordinateur. Apparemment, l‘océanographe avait encore quelque chose à vérifier.
Tandis que l‘ordinateur démarrait, Tolland se tourna vers Rachel, s‘apprêtant à lui dire quelque chose, puis il se ravisa.
— Qu‘y a-t-il ? demanda Rachel, surprise de se sentir à ce point attirée par l‘océanologue, au milieu de cette aventure chaotique.
Elle aurait voulu suspendre d‘un claquement de doigts toutes ces péripéties pour se réfugier dans ses bras – juste une minute.
— Je vous dois des excuses, fit Tolland, avec une expression de remords.
— Pourquoi ?
– 437 –
— Sur le pont. Les requins-marteaux. J‘étais tout excité.
Parfois, j‘oublie à quel point l‘océan peut être effrayant pour les autres.
Soudain, Rachel se retrouva adolescente, sur le pas de sa porte, raccompagnée par un nouveau petit ami.
— Merci. Mais ça n‘a pas d‘importance.
Elle avait l‘impression que Tolland voulait l‘embrasser. Il se détourna timidement.
— Je sais, vous voulez quitter le bateau...
— Il faut se remettre au travail. Pour l‘instant, ajouta-t-elle en souriant.
— Allons-y, pour l‘instant, répéta Tolland en tirant une chaise devant l‘ordinateur.
Debout derrière lui, Rachel soupira, appréciant l‘intimité du petit labo. Elle regarda Tolland compulser une série de dossiers.
— Que faisons-nous ?
— Je voudrais vérifier la base de données concernant les poux de grande taille vivant en milieu marin. Je cherche à voir si nous allons trouver des fossiles marins préhistoriques qui ressemblent à ce que nous avons vu dans la météorite de la NASA.
Il ouvrit une fenêtre sur laquelle était écrit en grosses lettres : PROJET DIVERSITAS. Compulsant les menus déroulant, Tolland expliqua :
— Diversitas est d‘abord un index de données bio-océaniques continuellement mis à jour. Quand un biologiste marin découvre une nouvelle espèce ou un fossile au fond de l‘eau, il peut avertir ses confrères et faire connaître sa découverte en envoyant ses infos et ses photos à ce fichier central. Vu la quantité d‘informations nouvelles qui arrivent chaque semaine, c‘est vraiment le seul moyen de permettre aux chercheurs de mettre à jour leurs connaissances.
Rachel regardait Tolland naviguer sur l‘ordinateur.
— Vous allez chercher sur Internet, maintenant ?
— Non. Accéder à Internet n‘est pas si facile en mer. En fait, nous stockons toutes ces données à bord sur une énorme quantité de disques optiques. Chaque fois que nous arrivons
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dans un port, nous nous connectons au projet Diversitas et nous le mettons à jour. Comme ça on peut accéder aux données en mer sans avoir besoin d‘une connexion Internet, et les informations ne datent jamais de plus d‘un mois ou deux.
Tolland sourit en commençant à taper les mots clés de sa recherche sur l‘ordinateur.
— Vous avez probablement entendu parler d‘un programme de partage de dossiers musicaux appelé Napster ?
Rachel acquiesça.
— Diversitas est un peu l‘équivalent de Napster pour la biologie marine. Du coup, on l‘a appelé Lobster3.
Rachel éclata de rire. Dans cette situation d‘extrême tension, l‘humour pince-sans-rire de Michael Tolland aidait la jeune femme à surmonter son angoisse.
Les occasions de rire ont été trop rares ces derniers temps, songea-t-elle.
— Notre banque de données est énorme, reprit Tolland, finissant de saisir ses mots clés sur le moteur de recherche. Plus de dix téraoctets de descriptions et de photos. Il y a ici des informations que personne n‘a jamais vues et que personne ne verra jamais. Les espèces qui vivent dans l‘océan sont tout simplement trop nombreuses.
Il cliqua sur le bouton « recherche ».
— Très bien. Voyons si quelqu‘un a déjà vu un fossile océanique semblable à notre petit insecte spatial...
Après quelques secondes, quatre noms d‘espèces fossiles s‘inscrivirent sur l‘écran. Tolland cliqua sur chaque nom, examina les photos. Aucune de ces espèces ne ressemblait même vaguement au fossile Milne.
Tolland fronça les sourcils.
— Essayons autre chose.
Il supprima le terme « fossile » et appuya sur
« recherche ».
— Nous cherchons toutes les espèces vivantes. Peut-être allons-nous trouver un descendant encore vivant de ce pou qui 3 Homard ( N.d.T. )
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aurait les mêmes caractéristiques que le fossile du glacier Milne...
L‘écran afficha des centaines d‘entrées. Tolland fronça les sourcils. Il réfléchit quelques instants, se caressant un menton qui commençait à se piqueter de poils.
— On va préciser...
Rachel le regarda choisir dans une liste d‘expressions pour opter finalement en faveur de « fosses océaniques » et « marges destructrices ».
Très astucieux, se dit Rachel. Tolland limitait sa recherche aux espèces vivant dans un environnement où les roches auraient pu receler des chondres.
Les résultats s‘affichèrent. Cette fois, Tolland sourit.
— Génial. Il n‘y a que trois résultats.
Rachel cligna les yeux pour lire le premier nom sur la liste.
Limulus poly. .. quoi ?
Tolland cliqua sur le résultat. Une photo apparut. La créature ressemblait à un crabe des Moluques géant sans appendice.
— Ce n‘est pas ça, fit Tolland en retournant à la page précédente.
Rachel scruta la seconde expression sur la liste. Crevetta monstruosa. Elle resta perplexe.
— Est-ce un vrai nom d‘espèce ?
Tolland s‘esclaffa.
— Non. C‘est une nouvelle espèce qui n‘a pas encore été classifiée. Le type qui l‘a découverte a le sens de l‘humour. Il suggère
Crevetta
monstruosa
comme
classification
taxonomique officielle.
Tolland cliqua sur la photo et ils virent apparaître une créature hideuse dotée de fines moustaches et d‘antennes rose fluo.
— Elle porte bien son nom, mais n‘a rien à voir avec notre insecte spatial.
Il retourna à l‘index.
— Et la dernière proposition est... il cliqua sur le troisième nom et la photo s‘afficha.
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— Bathynomous giganteus..., lut Tolland à voix haute tandis que le texte apparaissait. La photo s‘afficha. Un gros plan en couleur.
Rachel fit un bond.
— Mon Dieu !
La créature qui la fixait la fit frissonner. Tolland inspira lentement.
— Eh ben dites donc ! J‘ai l‘impression d‘avoir déjà vu ce petit bonhomme quelque part...
Rachel acquiesça, bouche bée. Bathynomous giganteus. La créature ressemblait à un pou aquatique géant très semblable à l‘espèce fossile de la météorite.