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Rachel pesta intérieurement. Son horloge ? C‘était bien la dernière chose à laquelle elle aurait pensé.

— Enfin, sénateur, c‘est une accusation totalement ridicule !

— Gabrielle, je passe toutes mes journées dans mon bureau, et je connais très bien le bruit qu‘elle fait.

Il fallait que cet interrogatoire cesse sur-le-champ.

La meilleure des défenses, c‘est l‘attaque. En tout cas, c‘est ce que Yolanda Cole disait toujours. Gabrielle fit un pas en avant et jeta un regard furibond à Sexton. Posant ses mains sur ses hanches, la jeune femme lui rétorqua avec toute la véhémence dont elle était capable :

— Parlons peu mais parlons bien, sénateur. Il est 4 heures du matin, vous avez bu toute la soirée, vous avez entendu un tic-tac dans le téléphone et c‘est la raison pour laquelle vous êtes ici ?

Elle pointa un doigt indigné vers sa porte blindée dans le couloir.

— Si je comprends bien, vous m‘accusez d‘avoir désactivé un système d‘alarme fédéral, d‘avoir forcé deux serrures, d‘être entrée par effraction dans votre bureau, et en plus d‘être assez stupide pour répondre sur mon portable alors que je suis en train de commettre un crime d‘une pareille gravité, de réactiver le système en sortant, pour ensuite aller aux toilettes avant de fuir les mains vides ? Est-ce bien de cela que vous m‘accusez ?

Sexton la regardait, les yeux écarquillés.

— Il ne faut jamais boire seul, sénateur. Maintenant, voulez-vous que nous parlions de la NASA, oui ou non ?

Sexton retourna dans son bureau, l‘esprit complètement embrouillé. Il se dirigea vers son bar et se servit un Pepsi. Il ne se sentait pas ivre du tout. Avait-il pu commettre pareille erreur ? À l‘autre bout de la pièce, son horloge émettait un tic-tac moqueur. Sexton vida son Pepsi et s‘en versa un autre ainsi qu‘un pour la jeune femme.

— Un verre, Gabrielle ?

Mais elle ne l‘avait pas suivi. Elle était toujours sur le seuil de la porte, affichant un air indigné.

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— Oh ! Pour l‘amour du ciel, Gabrielle, entrez donc ! Et dites-moi ce que vous avez découvert à la NASA.

— Je crois que j‘en ai assez fait pour aujourd‘hui, lâcha-t-elle, d‘un ton distant. On en reparlera demain.

Sexton n‘était pas d‘humeur à renoncer. Il avait besoin de cette information sur-le-champ et il n‘avait aucunement l‘intention de la supplier. Il poussa un profond soupir.

Je dois regagner sa confiance, songea-t-il.

— J‘ai déconné, Gabrielle. Je suis désolé. Quelle fichue journée ! Je ne sais même pas ce que je pensais...

La jeune femme ne bougea pas d‘un pouce.

Sexton posa le soda de Gabrielle sur son bureau. Il lui indiqua son fauteuil de cuir.

— Asseyez-vous et buvez votre Pepsi. Je vais aller me coller la tête sous le robinet.

Il se dirigea vers sa petite salle de bains. Gabrielle ne fit pas un geste.

— Je crois que j‘ai vu un fax dans l‘appareil, lui lança Sexton par-dessus son épaule. Vous voulez y jeter un coup d‘œil, s‘il vous plaît ?

Sexton referma la porte, remplit le lavabo d‘eau froide et s‘en aspergea le visage, mais il ne se sentit pas l‘esprit plus clair pour autant. Il n‘avait jamais été si sûr de lui tout en commettant pareille erreur. Le sénateur était un homme qui se fiait à son instinct, et son instinct lui soufflait que Gabrielle Ashe avait pénétré dans son bureau.

Mais comment ? C‘était impossible.

Il décida de se concentrer sur les problèmes à résoudre. La NASA. Il avait besoin de Gabrielle. Ce n‘était pas le moment de se disputer avec elle. Il devait découvrir ce qu‘elle avait appris.

En se séchant la figure, Sexton rejeta la tête en arrière et inspira profondément.

Du calme, se dit-il. Pas d‘agressivité. Il ferma les yeux. Il se sentait mieux, maintenant.

Quand le sénateur sortit de la salle de bains, il fut soulagé de voir que Gabrielle avait obtempéré et qu‘elle avait fini par entrer dans son bureau.

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C‘est bien, songea-t-il. On peut enfin passer aux choses sérieuses.

Gabrielle était devant le fax, compulsant les pages qui venaient d‘arriver. Sexton fut déconcerté par son expression stupéfaite et inquiète quand elle se retourna.

— Que se passe-t-il, Gabrielle ?

Gabrielle chancela comme si elle était sur le point de s‘évanouir.

— La météorite... et votre fille... Elle est en danger !

bredouilla-t-elle d‘une voix tremblante tout en lui tendant la liasse de papiers.

Abasourdi, le sénateur prit les feuilles que Gabrielle lui donnait. Sur la première page, il y avait une note manuscrite.

Sexton

reconnut

immédiatement

l‘écriture.

Le

style

télégraphique du communiqué était saisissant de simplicité.

La météorite est un faux. Voici les preuves. NASA et Maison Blanche tentent de me tuer. Au secours ! RS.

Le sénateur se sentait rarement désorienté, mais en relisant les phrases de Rachel, il ne comprenait strictement rien.

La météorite est un faux ? La NASA et la Maison Blanche essaient de tuer Rachel ? Dans un brouillard de plus en plus épais, Sexton commença à regarder la demi-douzaine de pages.

La première était une image numérisée portant en titre : Radar pénétrant GPR. Une sorte de photo du sous-sol d‘un glacier.

Sexton vit le puits d‘extraction dont on avait parlé dans le documentaire télévisé. Son œil fut attiré par ce qui semblait être le contour flou d‘un corps flottant au centre du puits. Il vit ensuite quelque chose d‘encore plus étrange. Le dessin très clair d‘un second puits directement au-dessous de l‘endroit où la météorite avait été extraite, comme si la roche avait été insérée dans la banquise par en dessous.

Mais enfin, qu‘est-ce que tout cela voulait dire ?

En passant à la page suivante, Sexton découvrit la photo d‘une espèce marine vivante appelée Bathynomous giganteus.

Il l‘examina, complètement interloqué.

C‘était la bestiole soi-disant fossile de la météorite !

Sur l‘autre document, il vit un graphique qui montrait la teneur en hydrogène moléculaire de la croûte de fusion de la

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météorite. Il y avait aussi une note manuscrite : « Brûlure d‘hydrogène semi-liquide ? Moteur ECE ? »

Sexton n‘en croyait pas ses yeux. Alors que la pièce commençait à vaciller autour de lui, il continua à tourner ces pages jusqu‘à la dernière, sur laquelle on voyait une roche contenant de petites bulles métalliques qui ressemblaient exactement à celles de la météorite. Mais la description qui l‘accompagnait précisait que la roche en question était un produit du volcanisme océanique. Une roche océanique ? se demanda Sexton. Mais la NASA assurait que les chondres ne se formaient que dans l‘espace !

Sexton reposa l‘ensemble sur son bureau et s‘affala dans son fauteuil. Il ne lui avait fallu que quinze secondes pour comprendre le sens de tout ce qu‘il venait de voir. Les implications de ces photos étaient limpides. Un gamin aurait tout de suite compris.

La météorite de la NASA était un faux !

Jamais de toute sa carrière, le sénateur n‘avait vécu une telle succession de hauts et de bas. Il avait enchaîné coup sur coup espoir et désespoir. Quand il comprit ce que cette faute monumentale signifiait pour son avenir politique, sa stupeur lui apparut aussitôt secondaire.