Выбрать главу

Ce stratagème supposait une grande assurance, sentiment que Gabrielle était loin d‘éprouver. Prenant une profonde

– 356 –

inspiration, la jeune femme repassa le scénario dans son esprit et frappa quelques coups secs à la porte du bureau de Harper.

— Je vous ai dit que j‘étais occupé ! cria ce dernier avec cet accent anglais qui était familier à Gabrielle. Elle frappa encore –

plus fort, cette fois.

— Je vous répète que ça ne m‘intéresse pas de descendre avec les autres !

Gabrielle cogna sur la porte avec le poing.

Chris Harper se leva d‘un bond et ouvrit brusquement.

— Mais enfin, espèce de...

Il stoppa net, visiblement surpris de découvrir Gabrielle.

— Professeur Harper, dit-elle d‘un ton grave.

— Comment êtes-vous montée ici ?

L‘expression de Gabrielle était sévère.

— Savez-vous qui je suis ?

— Bien sûr. Votre patron tape sur mon projet depuis des mois. Comment êtes-vous entrée ?

— C‘est le sénateur Sexton qui m‘envoie.

Les yeux de Harper scrutèrent le laboratoire derrière Gabrielle.

— Où est votre accompagnateur de la NASA ?

— Cela ne vous regarde pas. Le sénateur a les relations qu‘il faut pour m‘introduire ici.

Harper semblait sceptique.

— Dans ce bâtiment ?

— Vous vous êtes montré malhonnête, professeur Harper.

Et je crains que le sénateur ne demande à une commission sénatoriale d‘enquêter sur vos mensonges.

Harper eut l‘air contrarié.

— Qu‘est-ce que vous me chantez là ?

— Les gens intelligents comme vous ne peuvent pas se payer le luxe de jouer les idiots, professeur Harper. Vous vous êtes placé dans une situation périlleuse, et Sexton m‘a envoyée ici pour vous proposer une transaction. La campagne du sénateur a pris une grande claque ce soir. Il n‘a plus rien à perdre, et il n‘hésitera pas à vous entraîner dans sa chute si vous ne coopérez pas.

— Mais qu‘est-ce que vous racontez ?

– 357 –

Gabrielle inspira profondément et débita sa tirade.

— Vous avez menti dans votre conférence de presse au sujet du logiciel de détection d‘anomalies de PODS. Nous le savons. Beaucoup de gens le savent. Mais ce n‘est pas le problème.

Sans attendre une réponse de Harper, Gabrielle continua tambour battant.

— Le sénateur pourrait dénoncer vos mensonges, mais ça ne l‘intéresse pas. Ce qu‘il voudrait, en revanche, c‘est démasquer la NASA. Je crois que vous voyez de quoi je parle...

— Non, je...

— Voici sa proposition : motus et bouche cousue à propos des mensonges sur le logiciel si vous lui donnez le nom du haut responsable de la NASA avec qui vous avez détourné des fonds.

Les yeux de Chris Harper s‘écarquillèrent de stupéfaction.

— Quoi ? Mais je n‘ai pas détourné de fonds !

— Je vous suggère de bien mesurer vos propos, monsieur.

Un comité sénatorial collecte des documents sur vos agissements depuis plusieurs mois. Comment avez-vous pu croire que vous vous en tireriez sans être repérés, tous les deux ? En falsifiant des documents officiels PODS et en virant des fonds de la NASA sur des comptes privés ? Le détournement peut vous envoyer en prison, professeur.

— Mais je n‘ai jamais fait de telles choses !

— Vous êtes en train de me dire que vous n‘avez pas menti à propos de PODS ?

— Non, je suis en train de vous dire que je n‘ai jamais détourné d‘argent !

— Vous reconnaissez donc que vous avez menti à propos de PODS.

Harper lui jeta un regard perçant, ne sachant plus à quel saint se vouer.

— Peu importent les mensonges, reprit Gabrielle en écartant ce problème d‘un revers de main. Que vous ayez menti au cours d‘une conférence de presse n‘intéresse pas le sénateur Sexton. Nous avons l‘habitude de ce genre de comportements.

Vous avez trouvé une météorite, et, au fond, personne ne tient à savoir comment vous l‘avez trouvée. La question pour lui est

– 358 –

celle des malversations. Il veut faire tomber un haut responsable de la NASA. Donnez-lui simplement le nom de votre complice et il veillera à ce que l‘enquête vous épargne complètement. Vous avez le choix : vous vous simplifiez la vie et vous nous donnez un nom, ou le sénateur va vous rendre la vie vraiment difficile et dénoncer le mensonge de la réparation du logiciel PODS.

— Vous bluffez. Il n‘y a pas eu de détournement de fonds.

— Vous êtes un redoutable menteur, professeur. J‘ai consulté le dossier. Votre nom figure sur tous les documents compromettants. On le retrouve à chaque page.

Je jure que je ne suis absolument pas au courant de ces prétendus détournements !

Gabrielle poussa un soupir de déception.

— Mettez-vous à ma place, professeur Harper. Je ne peux tirer que deux conclusions. Soit vous me mentez, de la même façon que vous avez menti lors de votre conférence de presse.

Soit vous dites la vérité et un haut responsable de l‘Agence a monté une machination contre vous.

Cette dernière version fit réfléchir Harper.

Gabrielle regarda l‘heure à sa montre.

— La proposition du sénateur est valable une heure. Vous pouvez vous tirer d‘affaire en lui donnant le nom du haut responsable de la NASA avec lequel vous avez détourné l‘argent des contribuables. Pour Sexton, vous ne comptez pas. Celui qu‘il veut, c‘est le gros poisson. Évidemment, l‘individu en question dispose d‘un grand pouvoir à l‘Agence. Lui, ou elle, s‘est arrangé pour que son identité n‘apparaisse nulle part et pour que vous écopiez à sa place.

Harper secoua la tête.

— Vous mentez.

— Seriez-vous d‘accord pour répéter cela devant un juge ?

— Bien sûr, je nierai tout.

— Sous serment ? lança Gabrielle, l‘air scandalisé. Et vous nierez aussi au sujet de la réparation du logiciel PODS ?

Le cœur de Gabrielle battait la chamade tandis qu‘elle fixait l‘homme droit dans les yeux.

– 359 –

— Réfléchissez bien au choix que vous allez faire, professeur Harper, les prisons américaines peuvent être extrêmement désagréables.

Harper lui lança un regard furieux que la jeune femme soutint sans fléchir. Pendant quelques secondes, elle crut qu‘il était sur le point de capituler mais, quand Harper lui répondit, sa voix avait un timbre métallique.