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Les trois hommes échangèrent des regards sidérés, c‘était un nom très familier.

– 363 –

Pas étonnant que le contrôleur ait semblé réticent ! se dit Delta 1. Pour une opération conçue au départ comme « zéro meurtre », le nombre de cadavres et le profil des cibles grimpaient rapidement. Il sentit ses muscles se tendre au moment où le contrôleur s‘apprêtait à les informer du lieu de l‘opération et de la façon dont ils allaient éliminer ce nouvel individu.

— Les enjeux sont de plus en plus importants, fit le contrôleur. Écoutez attentivement, je ne vous donnerai ces instructions qu‘une seule fois.

89.

Pendant ce temps, au-dessus du Maine, un jet G4 volait vers Washington. À bord, Michael Tolland et Corky Martinson écoutaient attentivement Rachel Sexton leur exposer sa théorie qui expliquerait la teneur inhabituelle en hydrogène de la croûte de fusion de la météorite.

— La NASA possède un complexe privé d‘expérimentation appelé Plum Brook, commença Rachel, étonnée de s‘entendre aborder ce sujet.

En effet, il s‘agissait là d‘informations top secret et c‘était la première fois de sa carrière qu‘elle en parlait à des personnes non habilitées. Mais, vu les circonstances, Tolland et Corky avaient le droit de savoir.

— Plum Brook sert essentiellement à tester les nouveaux systèmes de propulsion les plus pointus. Il y a deux ans, j‘ai écrit un rapport sur un projet que la NASA testait dans ce complexe, qu‘on appelle un moteur à « cycle expander ».

Corky lui jeta un regard soupçonneux.

— Les moteurs à « cycle expander » en sont toujours au stade de la table à dessin. Personne ne les a vraiment testés. On est encore à quelques décennies de l‘expérimentation...

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Rachel secoua la tête.

— Désolée, Corky ; la NASA a des prototypes – qu‘ils expérimentent.

— Comment ? rétorqua Corky, l‘air sceptique. Ces systèmes ECE carburent à un mélange oxygène-hydrogène liquide, lequel gèle dans l‘espace, ce qui rend ce type de propulsion inenvisageable pour la NASA. Ils ont d‘ailleurs dit qu‘ils n‘essaieraient pas de fabriquer un ECE avant d‘avoir résolu le problème du carburant qui gèle.

— Eh bien, ils ont résolu le problème. Ils se sont débarrassés de l‘oxygène et leur carburant combine hydrogène et neige fondue, c‘est-à-dire une sorte de fuel cryogénique composé d‘hydrogène semi-gelé. C‘est un carburant très puissant qui garantit une combustion très propre. C‘est également celui que la NASA utilisera le jour où elle enverra des missions sur Mars.

Corky eut l‘air stupéfait.

— C‘est impossible, je ne peux pas le croire.

— Il vaut mieux que ce soit vrai, fit Rachel, car j‘ai écrit une lettre à ce sujet au Président. Mon patron était aux cent coups parce que la NASA tenait à annoncer publiquement l‘invention de ce carburant d‘hydrogène semi-gelé comme une grande réussite. Or Pickering voulait que la Maison Blanche contraigne la NASA à garder secrète cette information.

— Pourquoi ?

— Peu importe, fit Rachel, qui n‘avait pas l‘intention d‘en dire trop. La vérité c‘est que Pickering cherchait à lutter contre les rapides progrès de la technologie spatiale chinoise, qui préoccupent de plus en plus le Pentagone. Les Chinois étaient en train de mettre au point une plate-forme de lancement « à louer » qu‘ils avaient l‘intention de proposer au plus offrant, parmi lesquels, bien entendu, nombre d‘ennemis de l‘Amérique.

Les implications pour la sécurité américaine auraient été catastrophiques. Heureusement, le NRO savait que la Chine n‘arrivait pas à finaliser son projet et Pickering ne voyait aucune raison de les mettre sur la piste du carburant le plus prometteur de la NASA.

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— Donc, reprit Tolland, l‘air mal à l‘aise, vous affirmez que la NASA dispose d‘un système de propulsion à hydrogène pur, dont la combustion ne laisse aucun résidu ?

Rachel acquiesça.

— Je n‘ai pas les chiffres, mais les températures de combustion de ces moteurs sont apparemment beaucoup plus élevées que celles de nos moteurs actuels. Il faut donc que la NASA trouve des matériaux extrêmement résistants pour ses moteurs. Une grosse roche placée sous un de ces moteurs à

« soupe » d‘hydrogène serait bombardée par des gaz d‘échappement riches en hydrogène et brûlant à une température jamais vue. Ce qui donnerait, vous pouvez l‘imaginer, une belle croûte de fusion.

— Voyons, Rachel ! s‘exclama Corky. Si je comprends bien, le scénario de la fausse météorite est de retour ?

Tolland sembla soudain intrigué.

— En fait, c‘est une excellente idée. Il suffirait de placer un rocher sous la rampe de lancement d‘une navette spatiale au moment de la mise à feu...

— Aïe, aïe, aïe, marmonna Corky, me voilà coincé dans un avion avec des simples d‘esprit.

— Corky, fit Tolland. Simple hypothèse : une roche placée sous les tuyères d‘un moteur ECE présenterait une calcination comparable à une roche qui aurait traversé l‘atmosphère, n‘est-ce pas ? On aurait les mêmes stries directionnelles et la croûte de fusion aurait le même aspect, non ?

Corky grogna :

— Je suppose.

— Et le carburant d‘hydrogène à combustion propre de Rachel ne laisserait aucune trace chimique. Sauf l‘hydrogène lui-même. Des niveaux accrus d‘hydrogène moléculaire dans la surface calcinée.

Corky leva les yeux au ciel.

— Attends ! Si l‘un de ces moteurs ECE existe vraiment et utilise cette soupe d‘hydrogène, je suppose que ce dont tu parles est possible, mais c‘est drôlement tiré par les cheveux.

— Pourquoi ? demanda Tolland. Cette procédure semble assez simple.

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Rachel acquiesça.

— On a juste besoin d‘une roche fossile de cent quatre-vingt-dix millions d‘années. On la brûle sous les tuyères d‘un moteur à hydrogène semi-gelé, et on l‘enterre sous la glace. On tient notre pseudo-météorite.

— Pour un touriste, peut-être, fit Corky, mais pas pour un expert ! Vous n‘avez toujours pas expliqué la présence des chondres !

Rachel essaya de se rappeler l‘explication de Corky sur la formation des chondres.

— Vous disiez que les chondres étaient causés par des réchauffements rapides suivis de refroidissement, n‘est-ce pas ?

Corky soupira.

— Les chondres se forment quand une roche gelée jusqu‘à l‘os dans l‘espace est soudainement chauffée à blanc et se met à fondre partiellement, à une température d‘environ 1 550 degrés centigrades. Quand la roche se refroidit à nouveau très rapidement, ces poches liquides se solidifient en donnant ces chondres.

Tolland examina son ami.

— Ce processus ne peut pas arriver sur terre ?

— Impossible, répondit Corky. Notre planète ne présente pas d‘écarts de température susceptibles de causer des chondres. Nous parlons ici d‘une chaleur nucléaire et, à l‘autre extrémité, du zéro absolu de l‘espace. Ces extrêmes sont introuvables sur terre.

Rachel réfléchit quelques instants, puis lança :

— En tout cas pas dans des conditions naturelles !

Corky se tourna.

— Qu‘est-ce que vous êtes en train d‘insinuer ?

— Pourquoi ce réchauffement suivi d‘un refroidissement rapide n‘aurait-il pas pu être recréé artificiellement sur terre ?