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HENRI AVRANGE : Nous avons été heureux de vous recevoir en notre hôtel du Grand Orient de France, et nous prenons note de ce que vous venez de dire. Peut-être aurons-nous un rendez-vous, un de ces jours.

Voyez-vous, un des rares privilèges d’un conseiller de l’Ordre est de prendre la parole en dernier, et en face d’un humoriste de votre qualité, je suis très heureux de l’avoir fait, car ainsi j’ai pu avoir le dernier mot !

Pour un homme de spectacle, Coluche, ce soir bien entendu, ainsi que le disait précédemment notre président, vous avez dû être un peu frustré, car chez nous, on n’applaudit pas, mais on ne siffle pas non plus, et chacun peut s’exprimer en toute sérénité. Pourtant, voyez-vous, j’ai été un peu déçu de votre prestation de ce soir, un peu déçu, mais ravi, car autour de vous flotte un certain parfum de soufre… J’attendais un homme provocateur, trivial parfois, et nous avons reçu un homme courtois, plein de bon sens, plein d’esprit.

Votre venue chez nous est un événement, Coluche. Nous avons reçu, en cette période… avant cette période électorale, bien des hommes politiques, des chercheurs, des journalistes, mais vous, ce soir, vous avez fait un tabac. Et je vous en sais gré.

Votre venue ce soir parmi nous témoigne de votre esprit de liberté, car il y a un fait, que vous êtes devenu, à vous tout seul, un contre-pouvoir, qui montre bien l’importance des artistes, pour reprendre le thème de votre conférence ce soir, thème que vous avez évoqué légèrement, mais vous l’avez évoqué tout de même… qui montre bien l’importance des artistes dans notre société actuelle.

Pourtant, votre présence ce soir, Coluche, peut sembler insolite, et cependant nous savons que vous êtes proche de nous, et votre combat pour les Restaurants du Cœur témoigne de votre esprit de solidarité. Quand on parle solidarité, ainsi que vous le disiez très justement, il ne faut pas confondre avec la charité. Les conservateurs emploient, c’est vrai, le terme de charité. Nous, ici, au Grand Orient, nous parlons de solidarité. Ceci témoigne de notre éthique humaniste.

La solidarité pour nous, c’est avant tout le dialogue. C’est aller l’un vers l’autre. C’est comprendre l’autre. Et c’est infiniment maçonnique. Le langage du cœur n’est pas obligatoirement académique, et vous, Coluche, avec assez de bonheur, vous usez d’une dialectique qui vous est bien personnelle. Mais, ce soir, nous avons coexisté, vous et nous, avec plaisir.

Le sujet de votre conférence est symptomatique de notre époque. Il est remarquable de noter que les grandes manifestations, en France et dans le monde, contre la faim, contre l’apartheid, contre le danger nucléaire, pour le tiers-monde, sont organisées par des artistes du show-business, organisées et remarquablement réussies. Peut-être sont-ils plus crédibles que les professionnels de la charité, ou sont-ils plus crédibles que les hommes politiques.

Nous pensons qu’actuellement, les gens, et surtout les jeunes, se désintéressent du langage politique. Ils s’en désintéressent car celui-ci n’est plus porteur d’espoir. Mais n’y a-t-il pas un risque tout de même que la solidarité, la fraternité, serve de promotion pour les artistes… Mais ce risque, nous l’acceptons, je l’accepte, car je pense que le résultat est primordial.

Coluche, non, la franc-maçonnerie du Grand Orient n’est pas secrète. Elle est simplement discrète. Et en outre, contrairement au banquier suisse, nous signons, et persistons dans notre action en faveur de l’homme.

En cette période cruciale, cruciale pour la France, cruciale pour notre avenir, où le racisme pose problème, et quoi que vous disiez précédemment, où il vous pose également, Coluche, problème, nous savons que par vos émissions, vous participez également à ce combat.

Voyez-vous, notre éthique, c’est la défense des droits de l’homme, la défense de la dignité de l’homme. En créant les Restaurants du Cœur, et avec quel succès, vous participez à ce grand combat.

Et au nom du Grand Orient, Coluche, je vous en remercie.

Cette conférence a permis de recueillir près de 10 000 F, qui ont été aussitôt remis à Coluche pour les Restaurants du Cœur.

MERCI À : 

Gisèle Avranne

Jacqueline Biret

Cabu

Martial Courtois

Louis Dalmas

Jan-Jan

Jean-Luc Lagardère

Gérard Lanvin

Jean-Pierre Ozannat

Robert Wilar

Wolinsk 

«Coluche, sa verve, ses outrances légendaires, ses éclats de rire, son impertinence : c’est de tout cela que regorge ce livre qui propose de suivre l’humoriste, presque au jour le jour… Au Fil des pages de ce livre, on retrouve quel observateur hors pair était celui qui, inlassablement, avec humour et Férocité, traquait le mensonge, le ridicule de son époque et les travers de ses contemporains. Bonne humeur garantie ! » 

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