Définitionnel
Dans un grand véhicule automobile public de transport urbain désigné par la dix-neuvième lettre de l'alphabet, un jeune excentrique portant un surnom donné à Paris en 1942, ayant la partie du corps qui joint la tête aux épaules s'étendant sur une certaine distance et portant sur l'extrémité supérieure du corps une coiffure de forme variable entourée d'un ruban épais entrelacé en forme de natte – ce jeune excentrique donc, imputant à un individu allant d'un lieu à un autre la faute consistant à deplacer ses pieds l'un après l'autre sur les siens, se mit en route pour se mettre sur un meuble disposé pour qu'on puisse s'y asseoir, meuble devenu non occupé.
Cent vingt minutes plus tard, je le vis de nouveau devant l'ensemble des bâtiments et des voies d'un chemin de fer où se font le dépôt des marchandises et l'embarquement ou le débarquement des voyageurs. Un autre jeune excentrique portant un surnom donné à Paris en 1942 lui procurait des avis sur ce qu'il convient de faire à propos d'un cercle de métal, de corne, de bois, etc., couvert ou non d'étoffe, servant à attacher les vêtements, en l'occurence un vêtement masculin qu'on porte par-dessus les autres.
Tanka
L'autobus arrive
Un zazou à chapeau monte
Un heurt il y a
Plus tard devant Saint-Lazare
Il est question d'un bouton
Vers libres
L'autobus
plein
le coeur
vide
le cou
long
le ruban
tressé
les pieds
plats
plats et aplatis
la place
vide
et l'inattendue rencontre près de la gare aux mille feux éteints
de ce coeur, de ce cou, de ce ruban, de ces pieds,
de cette place vide,
et de ce bouton.
Réactionnaire
Naturellement l'autobus était à peu près complet, et le receveur désagréable. L'origine de tout cela, il faut la rechercher dans la journée de huit heures et les projets de nationalisation. Et puis les français manquent d'organisation et de sens civique; sinon, il ne serait pas nécessaire de leur distribuer des numéros d'ordre pour prendre l'autobus – ordre est bien le mot. Ce jour-là, nous étions bien dix à attendre sous un soleil écrasant et lorsque l'autobus arriva, il y avait seulement deux places, et j'étais le sixième. Heureusement que j'ai dit ÒjusticeÓ, en montrant une vague carte avec ma photo et une bande tricolore en travers – cela impressionne toujours les receveurs – et je suis monté. Naturellement je n'ai rien à voir avec l'ignoble justice républicaine et je n'allais tout de même pas rater un déjeuner d'affaires très important pour une vulgaire histoire de numéros. Sur la plate-forme nous étions serrés comme harengs en caque. Je souffre toujours de cette promiscuité dégoütante. La seule chose qui puisse compenser ce désagrément, c'est quelquefois le charmant contact du trémoussant arrière-train d'une mignonne midinette. Ah jeunesse, jeunesse! mais ne nous excitons pas. Cette fois-là je n'avais dans mon voisinage que des hommes, dont une sorte de zazou au cou démesuré et qui portait autour de son feutre mou une espèce de tresse au lieu de ruban. Comme si on ne devrait pas envoyer tous ces gars-là dans des camps de travail. Pour relever les ruines par exemple. Celles des anglo-saxons surtout. De mon temps on était camelot du roy, et pas swing. Toujours est-il que ce garnement se permet tout à coup d'engueuler un ancien combattant, un vrai, de la guerre de 14-18. Et ce dernier qui ne riposte pas! on comprend quand on voit cela que le traité de Versailles ait été une loufoquerie. Quant au galopin, il se précipita sur une place libre au lieu de la laisser à une mère de famille. Quelle époque! eh bien, ce morveux prétentieux, je l'ai revu, deux heures plus tard, devant la cour de Rome. Il était en compagnie d'un autre zazou du même acabit, lequel lui donnait des conseils sur sa mise. Ils se baladaient de long en large, tous les deux, – au lieu d'aller casser les vitrines d'une permanence communiste et de brüler quelques bouquins. Pauvre France!
Hai kai
l'S est-ce long cou marche pieds cris et retraite gare et bouton rencontre
Translation
Dans l'Y, en un hexagone d'affouragement. Un typhon dans les trente-deux anacardiers, chapellerie modeste avec coréopsis remplaçant la rubellite, couchette trop longue comme si on lui avait tiré dessus. Les gentillesses descendent. Le typhon en quêteur s'irrite contre un voiturier. Il lui reproche de le bousculer chaque fois qu'il passe quelqu'un, tondeur pleurnichard qui se veut méchant. Comme il voit une placette libre, se précipite dessus.
Huit hexagones plus loin, je le rencontre dans la courbe de Roncq, devant la gargouille de Saint-Dizier. Il est avec un cambreur qui lui dit: «Tu devrais faire mettre un bouton-pression supplémentaire à ton pare-chocs.» Il lui montre où (à l'échantillon) et pourquoi.
Lipogramme
Voici.
Au stop, l'autobus stoppa. Y monta un zazou au cou trop long, qui avait sur son caillou un galurin au ruban mou. Il s'attaqua aux panards d'un quidam dont arpions, cors, durillons sont avachis du coup; puis il bondit sur un banc et s'assoit sur un strapontin où nul n'y figurait.
Plus tard, vis-à-vis la station saint-Machin ou saint-Truc, un copain lui disait: «Tu as à ton raglan un bouton qu'on a mis trop haut.»
Voilà.
Anglicismes
Un dai vers middai, je tèque le beusse et je sie un jeugne manne avec une grète nèque et un hatte avec une quainnde de lesse tressés. Soudainement ce jeugne manne bi-queumze crézé et acquiouse un respectable seur de lui trider sur les toses. Puis il reunna vers un site eunoccupé.
A une lète aoure je le sie egaine; il vouoquait eupe et daoune devant la Ceinte Lazare stécheunne. Un beau lui guivait un advice à propos de beutone.
Prosthèses
Zun bjour hvers dmidi, dsur lla aplateforme zarrière zd'hun tautobus, gnon ploin ddu éparc Omonceaux, èje fremarquai hun éjeune phomme zau pcou strop mlong, cqui sexhibait hun tchapeau centouré d'zun agalon stressé zau mlieu ede truban. Bsoudain, zil tinterpella sson svoisin zen aprétendant ceque tcelui-tci rfaisait texprès ède zlui nmarcher ssur tles rpieds tchaque gfois cqu'uil zmontait zou rdescendait édes jvoyageurs. Hil babandonna trapidement lla xdiscussion épour sse ajeter ssur hune tplace uvide.
Gquelques cheures aplus atard, èje lle rrevis ddevant lla agare Esait-Blazare zen rgrande xconversation zavec hun gcamarade cqui élui rdonnait édes fconseils zau tsujet dd'hun mbouton éde tson ppppppppppppppppppardessus.