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Faire sa cour aux dépens d’un Rival,

Est à peu près un tour égal.

Le renard et les raisins

Un Renard ne pouvant atteindre aux Raisins d’une treille, dit qu’ils n’étaient pas mûrs, et qu’il n’en voulait point.

Quand d’une charmante beauté,

Un galant fait le dégoûté,

Il a beau dire, il a beau feindre,

C’est qu’il n’y peut atteindre.

L’aigle et le lapin

L’Aigle poursuivant un Lapin, fut priée par un Escarbot de lui donner la vie, elle n’en voulut rien faire, et mangea le Lapin. L’Escarbot par vengeance cassa deux années de suite les oeufs de l’Aigle, qui enfin alla pondre sur la robe de Jupiter. L’Escarbot y fit tomber son ordure. Jupiter voulant la secouer, jeta les oeufs en bas, et les cassa.

Ce n’est pas assez que de plaire

À l’objet dont votre âme a ressenti les coups:

Il faut se faire aimer de tous;

Car si la soubrette est contraire,

Vous ne ferez jamais affaire

Quand la Belle serait pour vous.

Le loup et le porc-épic

Un Loup voulait persuader à un Porc-Épic de se défaire de ses piquants, et qu’il en serait bien plus beau. – Je le crois, dit le Porc-Épic, mais ces piquants servent à me défendre. -

Jeunes beautés, chacun vous étourdit,

À force de prôner que vous seriez plus belles,

Si vous cessiez d’être cruelles,

Il est vrai, mais souvent c’est un Loup qui le dit.

Le serpent à plusieurs têtes

Deux Serpents l’un à plusieurs têtes, l’autre à plusieurs queues, disputaient de leurs avantages. Ils furent poursuivis; celui à plusieurs queues se sauva au travers des broussailles, toutes les queues suivant aisément la tête. L’autre y demeura, parce que les unes de ses têtes allant à droite, les autres à gauche, elles trouvèrent des branches qui les arrêtèrent.

Écouter trop d’avis est un moyen contraire,

Pour venir à sa fin,

Le plus sûr, en amour, comme en toute autre affaire,

Est d’aller son chemin.

La petite souris, le chat, et le cochet

Une petite Souris ayant rencontré un Chat et un Cochet, voulait faire amitié avec le Chat; mais elle fut effarouchée par le Cochet qui vint à chanter. Elle s’en plaignit à sa mère, qui lui dit: – Apprends que cet animal qui te semble si doux, ne cherche qu’à nous manger, et que l’autre ne nous fera jamais de mal. -

De ces jeunes plumets plus braves qu’Alexandre,

Il est aisé de se défendre;

Mais gardez-vous des doucereux,

Ils sont cent fois plus dangereux.

Le milan et les colombes

Les Colombes poursuivies par le Milan, demandèrent secours à l’Épervier, qui leur fit plus de mal que le Milan même.

On sait bien qu’un mari fait souvent enrager,

Toutefois la jeune Colombe,

Qui gémit, et veut se venger,

Doit bien, avant que s’engager,

Voir en quelles mains elle tombe;

Car si l’amant est brutal et jaloux,

Il est pire encor que l’époux.

Le dauphin et le singe

Un Singe dans un naufrage, sauta sur un Dauphin qui le reçut, le prenant pour un homme; mais lui ayant demandé s’il visitait souvent le Pirée qui est un port de mer, et le Singe ayant répondu qu’il était de ses amis, il connut qu’il ne portait qu’une bête, et le noya.

En vain un galant fait le beau,

A beaux traits, beaux habits, beau linge, et belle tête,

Si du reste c’est une bête,

Il n’est bon qu’à jeter en l’eau.

Le renard et le corbeau

Un Renard voyant un fromage dans le bec d’un Corbeau, se mit à louer son beau chant. Le Corbeau voulut chanter, et laissa choir son fromage que le Renard mangea.

On peut s’entendre cajoler,

Mais le péril est de parler.

Du cygne et de la grue

La Grue demanda à un Cygne, pourquoi il chantait: – C’est que je vais mourir, répondit le Cygne, et mettre fin à tous mes maux. -

Quand d’une extrême ardeur on languit nuit et jour,

Cette ardeur devient éloquente,

Et la voix d’un amant n’est jamais si charmante,

Que quand il meurt d’amour.

Le loup et la tête

Un Loup voyant une belle Tête, chez un Sculpteur, disait: – Elle est belle, mais le principal lui manque, l’esprit et le jugement. -

Pour tenir dans les fers un amant arrêté,

Il faut joindre l’esprit avecque la beauté.

Le serpent et le hérisson

Un Serpent retira dans sa caverne un Hérisson qui s’étant familiarisé, se mit à le piquer. Il le pria de se loger ailleurs. – Si je t’incommode, dit le Hérisson, tu peux toi-même chercher un autre logement. -

Introduire un ami chez la beauté qu’on aime,

Est bien souvent une imprudence extrême,

Dont à loisir on se repent;

L’ami prend votre place, est aimé de la belle,

Et l’on n’est plus regardé d’elle

Que comme un malheureux serpent.

Les canes et le petit barbet

Un petit Barbet poursuivait à la nage de grandes Canes. Elles lui dirent: – Tu te tourmentes en vain, tu as bien assez de force pour nous faire fuir, mais tu n’en as pas assez pour nous prendre. -

Il faut que l’objet soit sortable;

C’est autrement soi-même se trahir,

Quand on n’est pas assez aimable;

Plus on poursuit, plus on se fait haïr.

Le Barbet de cette fontaine court effectivement après les Canes qui fuient devant lui; et le Barbet et les Canes jettent de l’eau en l’air, en tournant l’un après l’autre. Cette fontaine s’appelle aussi la fontaine du gouffre, parce que les eaux qui entrent dans son bassin avec grande abondance, y tournoient avec rapidité et avec bruit; puis s’engouffrent dans la terre et s’y perdent.