JU O, £<^ 'S <=r i y) .S? yj 'Q <u H <u y) <U "H -*- * 03
2 13 § X . 5n -M <u a (U G <u 2 fond du bouleversement qui se ] M <U C/3 a^ O o3 e<o i s VU ° G U J^l 1-3 %Z o .*-> 3 ° && . i-i y) I=S Solitaire est le vol Du ver luisant dans la nuit. Mais dans le ciel brillent les et Je compris immédiatement un bon poème, le meilleur de to '53 03 y) yi '03 a yT ^-i 'C o vu y) 'c3 o3 g|~~i O .f-H ^ ..-Tl n'est pas évidente et nécessite di sements. J'ai réfléchi pendant ti <U a ^-> OJ <u~ a "U 'o a <u T3 0) ^~1 0 O v<U ^-H je viens enfin de comprendre. Il m'est arrivé le grand mirac] tout homme : je viens de connaî ou, ainsi que les anciens Grecs 'S | 03 On "5 ^ S v *.! |s *J (U '-S s rt <-S xu o3 .s s 73^ 'S .22 ""a S -s
VU (fi y) 03 .t/5 03 y) .M
S g. <u G
.rH C* ^2 ^H 'o3 a F-- < CL)
^ _J cr'ol E V) *5 'G S 0) y> G '3
< y) "C î-t /O) ^ C "O 03 5
& G <u O "-> a G§ U "O j_, ~a
0) '? (0 a (D LU Q H o ce 0 = -o O 3 <[ " 0) c c > y) 03 &, s s 3 <U o -^ G U <u ^ 2 a _o3 -M yj (U r§ !-a^ y) " -a a ^ vu £ VU 13 -M .^H 3 'o !H 1 >-, '1 y> <u VU a
roisièm Ë Q 1 > 2 | S | c "- 2: s SI 0) ï _c 0) 3 à 3 o4 o 4-> l'a AS- U r- ! 03 3 O ai <u" "O 11 5 vu _0 -t-> d, T3 .a 0 t/3 , <u X) S 0, yj _0) ^_i
t- < Q3 -- (/> y) TJ .. - 3 ^ -3 3 <u
Cû oo a, _c 'E 1 " G O al .22 'é3 y) ' >
0 OÙ ^ TJ " " 0 3 £ > o C 4- U -<u Q. JS 0) .D Z 0? l"i ^ 0 PQ ouvert m _. f) 03 vu 15 ^ O D " 0 l-t î-( &<^ 2 "I- ! (U .4- > -M <u o 03 H-l ti 03 a sentimeni assailli.
231
K> UJ K)
le satori arrive - pour autant qu'il arrive effectivement - seul, sans effort ni avertissement ! Un homme peut être un juste et un sage, rester chaque jour assis pendant des heures dans la position du zazen, lire des montagnes de textes sacrés et pourtant mourir sans connaître la révélation, tandis qu'à un quelconque vaurien errant bêtement et sans but dans la vie, le satori apparaîtra soudain dans son grandiose rayonnement en transformant d'un coup son existence stérile ! J'ai eu de la chance. A vingt-sept ans, je viens de renaître.
L'illumination et la purification ne me sont pas venues à un moment de concentration physique et spirituelle mais à cet instant où je me suis retrouvé écrasé, pitoyable, anéanti, où, tel un ballon éclaté, il ne restait plus de moi que l'enveloppe. Mais le fer stupide, instrument de ma transformation, a cliqueté et, brusque-
ment, j'ai ressenti avec une indicible acuité que je n'étais plus moi, mais... Non, ce n'est pas ça. Que je n'étais plus seulement moi, mais également un nombre incalculable d'autres vies. Que je n'étais plus l'obscur Gintaro Aono, troisième fils du conseiller supérieur de Son Altesse le prince Simadzu, mais une parcelle du Grand Tout, qui pour être petite n'en est pas moins précieuse. Je suis en toute chose, et toute chose est en moi. Combien de fois n'ai-je pas entendu ces paroles, que pourtant je n'ai comprises, non, senties, que le 15e jour du 4e mois de la 11e année de Meiji, à Bombay, à bord d'un énorme paquebot européen. Bien singulière est la volonté du Très-Haut.
Quel est donc le sens de ce tercet né de mon intuition ? L'homme est un ver luisant solitaire dans l'obscurité infinie de la nuit. Sa lumière est si faible qu'elle n'éclaire
K)
U) U)
qu'une infime portion de l'espace, tandis qu'autour, tout n'est que froid, ténèbres et peur. Mais il suffit de détourner son regard apeuré de la terre sombre et de regarder dans les airs (il n'y a pour cela qu'à lever la tête !) pour voir que le ciel est couvert d'étoiles. Elles brillent d'une lumière égale, vive, éternelle. Tu n'es pas seul dans les ténèbres. Les étoiles sont tes amies, elles t'aident et ne t'abandonnent pas au malheur. Et, sitôt après, tu comprends une autre chose, non moins importante : le ver luisant est aussi une étoile, semblable à toutes les autres. Celles qui se trouvent dans le ciel voient également ta lumière, et celle-ci les aide à supporter le froid et le noir de l'Univers.
Ma vie ne changera sans doute pas. Je resterai le même qu'auparavant : vain, absurde, dominé par les passions. Mais au fond de mon âme, vivra désormais un
authentique savoir. Il me sauvera et me soutiendra dans les moments difficiles. Je ne suis plus une flaque d'eau qu'un brusque coup de vent peut répandre à la surface de la terre. Je suis l'océan, et la tempête qui, tel un tsunami dévastateur, a déferlé sur moi n'atteindra pas mes profondeurs secrètes.
Quand, enfin, je compris tout cela et que mon esprit se fut empli de joie, je me souvins que la plus haute des vertus est la reconnaissance. La première étoile dont j'ai distingué le rayonnement dans la nuit noire est Fandorine-san. C'est précisément grâce à lui que j'ai compris que moi, Gintaro Aono, je n'étais pas indifférent au Monde, que le Grand Ailleurs ne m'abandonnait pas dans le malheur.
Mais comment expliquer à un homme d'une autre culture qu'il est à jamais mon ondzin ? Un tel mot n'existe pas dans les
K)
U)
langues européennes. Aujourd'hui, m'armant de courage, j'ai commencé à parler de cela avec lui mais, apparemment, rien qui vaille n'est sorti de l'entretien.
J'avais attendu Fandorine-san sur le pont des embarcations, sachant qu'il y viendrait à huit heures précises muni de ses haltères.
Quand il apparut, moulé dans son tricot à rayures (il faudra que je lui dise que, pour les exercices physiques, une tenue ample est plus appropriée que des vêtements serrés), je m'approchai de lui et me prosternai bien bas. " Qu'avez-vous, monsieur Aono ? demanda-t-il, étonné. Pourquoi êtes-vous plié en deux et ne vous relevez-vous pas ? " Comme il était impossible de discuter dans cette position, je me redressai, bien que, en pareille situation, il eût été bien sûr souhaitable de prolonger mon salut. " Je tenais à vous exprimer mon infinie reconnaissance ", dis-je, très ému. " Laissons cela, je vous
prie ", répondit-il en balayant ma déclaration d'un revers de la main. Ce geste me plut énormément. Par là même, Fandorine-san voulait minimiser le service qu'il m'avait rendu et délivrer son obligé d'un sentiment de reconnaissance excessif. Tout Japonais de noble éducation eût agi de même à sa place. Mais l'effet fut l'inverse de celui escompté : mon esprit s'emplit d'une reconnaissance plus vive encore. Je lui déclarai que j'étais désormais son débiteur pour la vie. " Voilà de bien grands mots, fit-il en haussant les épaules. Je voulais simplement rabattre le caquet à ce dindon prétentieux. " (Le dindon est un volatile américain à la démarche ridicule et imbu de sa supériorité ; au sens figuré, il désigne un homme fat et sot.) J'appréciai une fois de plus la délicatesse de mon interlocuteur, mais il me fallait absolument lui expliquer à quel point je lui étais redevable.
K)
U) Ln
" Merci à vous d'avoir sauvé ma misérable vie, dis-je en m'inclinant de nouveau. Trois fois merci pour avoir sauvé mon honneur. Et une infinité de mercis pour avoir ouvert mon troisième oil, grâce auquel je vois maintenant ce que je ne voyais pas auparavant. " Fandorine-san regarda mon front (avec une certaine crainte, me sembla-t-il), comme s'il s'attendait à y voir un nouvel oil s'ouvrir et lui faire signe.
Je lui déclarai qu'il était mon ondzin, que désormais ma vie lui appartenait, ce qui, selon moi, l'effraya plus encore. " Oh, comme je rêve que vous vous retrouviez face à un péril mortel pour vous sauver, comme vous m'avez moi-même sauvé ! " m'exclamai-je. Il fit un signe de croix et dit : " J'aimerais mieux pas. Si cela ne vous dérange pas, je vous saurais vraiment gré de rêver d'autre chose. "