Выбрать главу

Le népenthès et la bonne ciguë

Aux bouts charmants de cette gorge aiguë

Qui n’a jamais emprisonné de cœur.

III. – À celle qui est trop gaie

Ta tête, ton geste, ton air

Sont beaux comme un beau paysage;

Le rire joue en ton visage

Comme un vent frais dans un ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles

Est ébloui par la santé

Qui jaillit comme une clarté

De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs

Dont tu parsèmes tes toilettes

Jettent dans l’esprit des poètes

L’image d’un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l’emblème

De ton esprit bariolé;

Folle dont je suis affolé,

Je te hais autant que je t’aime!

Quelquefois dans un beau jardin

Où je traînais mon atonie,

J’ai senti, comme une ironie

Le soleil déchirer mon sein,

Et le printemps et la verdure

Ont tant humilié mon cœur,

Que j’ai puni sur une fleur

L’insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,

Quand l’heure des voluptés sonne,

Vers les trésors de ta personne,

Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,

Pour meurtrir ton sein pardonné,

Et faire à ton flanc étonné

Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur!

À travers ces lèvres nouvelles,

Plus éclatantes et plus belles,

T’infuser mon venin, ma sœur!

IV – Lesbos

Mère des jeux latins et des voluptés grecques,

Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,

Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,

Font l’ornement des nuits et des jours glorieux,

Mère des jeux latins et des voluptés grecques,

Lesbos, où les baisers sont comme les cascades

Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds

Et courent, sanglotant et gloussant par saccades,

Orageux et secrets, fourmillants et profonds;

Lesbos, où les baisers sont comme les cascades!

Lesbos, où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,

Où jamais un soupir ne resta sans écho,

À l’égal de Paphos les étoiles t’admirent,

Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho!

Lesbos, où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,

Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,

Qui font qu’à leurs miroirs, stérile volupté!

Les filles aux yeux creux, de leur corps amoureuses,

Caressent les fruits mûrs de leur nubilité;

Lesbos, terre des nuits chauds et langoureuses,

Laisse du vieux Platon se froncer l’œil austère;

Tu tires ton pardon de l’excès des baisers,

Reine du doux empire, aimable et noble terre,

Et des raffinements toujours inépuisés.

Laisse du vieux Platon se froncer l’œil austère.

Tu tires ton pardon de l’éternel martyre,