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Cauchemar de mes nuits, Sirène sans corsage,

Qui me tirez, toujours debout à mon côté,

Par ma robe de saint ou ma barbe de sage

Pour m’offrir le poison d’un amour effronté

Damnation

Le banc inextricable et dur,

La passe au col étroit, le maëlstrom vorace,

Agitent moins de sable et de varech impur

Que nos cœurs où pourtant tant de ciel se reflète;

Ils sont une jetée à l’air noble et massif,

Où le phare reluit, bienfaisante vedette,

Mais que mine en dessous le taret corrosif;

On peut les comparer encore à cette auberge,

Espoir des affamés, où cognent sur le tard,

Blessés, brisés, jurant, priant qu’on les héberge,

L’écolier, le prélat, la gouge et le soudard.

Ils ne reviendront pas dans les chambres infectes;

Guerre, science, amour, rien ne veut plus de nous.

L’âtre était froid, les lits et le vin pleins d’insectes;

Ces visiteurs, il faut les servir à genoux!

Spleen.

Ébauche d’un épilogue pour la 2e édition

Tranquille comme un sage et doux comme un maudit,

… j’ai dit:

Je t’aime, ô ma très belle, ô ma charmante…

Que de fois…

Tes débauches sans soif et tes amours sans âme,

Ton goût de l’infini

Qui partout, dans le mal lui-même, se proclame,

Tes bombes, tes poignards, tes victoires, tes fêtes,

Tes faubourgs mélancoliques,

Tes hôtels garnis,

Tes jardins pleins de soupirs et d’intrigues,

Tes temples vomissant la prière en musique,

Tes désespoirs d’enfant, tes jeux de vieille folle,

Tes découragements;

Et tes jeux d’artifice, éruptions de joie,

Qui font rire le Ciel, muet et ténébreux.

Ton vice vénérable étalé dans la soie,

Et ta vertu risible, au regard malheureux,

Douce, s’extasiant au luxe qu’il déploie…

Tes principes sauvés et tes lois conspuées,

Tes monuments hautains où s’accrochent les brumes.

Tes dômes de métal qu’enflamme le soleil,

Tes reines de théâtre aux voix enchanteresses,

Tes tocsins, tes canons, orchestre assourdissant,

Tes magiques pavés dressés en forteresses,

Tes petits orateurs, aux enflures baroques,

Prêchant l’amour, et puis tes égouts pleins de sang,

S’engouffrant dans l’Enfer comme des Orénoques,

Tes anges, tes bouffons neufs aux vieilles défroques

Anges revêtus d’or, de pourpre et d’hyacinthe,

Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir

Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.

Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,

Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.

Poèmes divers

I

N’est-ce pas qu’il est doux, maintenant que nous sommes

Fatigués et flétris comme les autres hommes,