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Jusqu'ici je n'ai pas perdu ma tête. Mais ma santé est perdu pour jamais. Adieu.

Varsovie, ce 12 (23) Nov. 1771.

Monsieur,

Votre dernière lettre chiffrée du 25 Octobr., monsieur, m'est bien parvenue. Vous pouvés bien vous représenter l'impression que son contenu a fait sur moi. Dieu veuille que ce soit la dernière dans ce genre que vous m'écriviés.

Je vous suis bien obligé, monsieur, de m'avoir informé der la réception de mes dépêches et de l'arrivée de mes courriers. Ne soyés pas en peine du № 55. Je M enfermé dans ma lettre particulière à m-r le comte de Panin et il est assurément entre ses mains.

Je vous envoyé cy-incluses deux lettres pour nos prisonniers Polonois. Ayés la bonté de vous charger de les faire parvenir, après en avoir demandé l'agrément à m-r de Panin, J'espère qu'il n'y trouvera pas à redire, vu l'indifférence de leur contenu.

Ce n'est plus que par habitude que je vous prie de m'instruire de tout ce qui vous parviendra de curieux et d'intéressant; car votre exactitude et votre bonne volonté à cet égard ont jusqu'ici parfaitement répondu à mon attente. J'espère que l'habitude que vous avés de vôtre côté de m'entendre vous assurer de mon amitié vous aura aussi convaincu à quel point je suis,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur,

C. de Soldera.

A m-r Fon Viesin.

Varsovie, ce 13 (24) Juillet 1771.

Monsieur,

J'ai bien reèu, monsieur, votre lettre du 30 Juin, Je ne puis rien ajouter aux expressions, dont je me suis servi précédemment, pour vous marquer ma reconnoissance de la peine que vous vous donnés de m'écrire. Continués, je vous prie, à en agir de même et à me donner des nouvelles sur tout ce qui se passe chez vous. J'espère, au moins je le désire du plus profond de mon âme, que les inquiétudes ou vous étiés par rapport à Monseigneur sont terminées par son rétablissement. Vous pouvés aisément imaginer dans quelles mortelles angoisses je suis sur cet article et combien je souhait; impatiemment l'arrivée des nouvelles plus satisfaisantes.

Eu attendant je ne puis pas vous cacher combien j'ai été affecté d'une expression, que m. de Panin a employé dans la lettre qu'il m'a écrite. Je compte que vous riaurez aucun désagrément sur toutes vos démarches, dit il. Je crois bien, monsieur, qu'il n'est pas juste que j'aye des désagrémens: mais cela ne suffit pas. Quand on travaille comme un forèat, qu'on n'a de repos ni jour ni nuit, en un mot qu'on se sacrifie pour faire les choses au mieux, on mérite de droit à ne pas essuyer des désagrémens. On est même autorisé à exiger du moins de l'approbation. Vous conviendrés que cela n'est guères trop, et qu'à moins de cela il n'y a pas d'indifférence et d'insensibilité, qui tiennent.

J'attens la lettre, que vous m'avez annoncée de votre part, comme un nouveau témoignage de votre amitié. C'est avec toute la mienne que je suis,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur,

C. de Saldern.

Varsovie, ce 4 (16) Sept. 1772.

Quoique je ne sois maître que de quelques peu de momens, je ne puis les mieux employer, mon cher ami, qu'à vous donner de mes nouvelles, en me rappellant à vôtre souvenir. Que vous dirois-je des premiers regards que j'ai jette sur la Pologne? rien. Cela vaut mieux, car il faut en homme prudent suspendre mon jugement. Tout ce que je sais, est un ramas de contradictions, d'animosités personelles sous le voile d'intérêt d'état. Tels sont les hommes, plut à Dieu que je n'eusse à négocier en Pologne qu'avec des Polonois, je serois moins à plaindre. Mais il faudra combattre des obstacles étrangers à mon objet. A bon entendeur salut, je vous en dirai davantage avec le temps.

La connoissance de votre âme, mon cher Fon Viesin, ne me permet pas de douter un moment de la sincérité de vos assurances d'amitié et de leur effet. Je ne vous crois pas capable de duplicité. Je répondrai à ces sentimens par la reconnoissance la plus essentielle, soyés persuadé de cette vérité, et j'en chercherai les occasions. Ayés la bonté de me donner quelques nouvelles du retour du cnmte, ainsi que des sentimens de м-г votre chef et le mien. Je l'aime comme mon père, je le respecte comme celui de la patrie, et j'espère de son honnêteté, que je verrai bientôt les effets de ses promesses et bontés.

Je suis dans un pals dangereux, où le nom de la Russie est exécration à chaque pas que je fais, à chaque projet que je forme pour adoucir je trouve des épines et des obstacles. Je suis heureux de n'en point rencontrer dans les sentimens, avec les quels je suis tout à vous,

Stackelberg.

A M-r de Fon Viesin.

Varsovie, ce Nov, 1772.

Monsieur,

Je ne puis que vous témoigner ma reconnoissance de la lettre, que vous m'avés écrite, mon cher ami, et vos sentimens fortifient les miens beaucoup plus, que je ne saurois vous le dire. L'amitié est pour moi an besoin dont je ne saurais me passer, voila mon Coeur. Le grand monde et les affaires n'ont pas pu le corrompre. Si l'on me manque, ma consolation a été toujours daus lui. J'aime mieux être la dupe que d'en faire.

Votre lettre m'a fait encor plaisir, indépendamment des choses agréables qu'elle contient pour moi. Tout est en règle, et voila le crédit de l'homme honnête et intègre que nous aimons, aussi bien établi, que je l'ai espéré. Soyés lui toujours aussi sincèrement attaché, que vous l'avés été. Il le reconnoitra, ne lui rappelles jamais ma personne dans cette cohuë d'affaires sous les quelles on le fait succomber, parcequ'il n'y a que lui, qui ait une ame et une tête; mais rappelles lui les affaires de ce païs ci, qui sont plus importantes, qu'elles ne paraissent L'Europe a les yeux sur elles, La Pologne nous a fait avoir une guerre. Nous avons un intérêt (excédant du concert) à bien finir. L'arrangement définitif pour la prise de possession n'est rien, mais il faut terminer le reste, auquel les deux autres ne s'intéressent que foiblement. Leur avidité contentée, ils s'en iront, et nous garderont encore le tripotage sur les bras. C'est à l'égard de ceci, et point pour la première affaire, que j'ai besoin des instructions lumineuses et des conseils de mon digne et respectable chef. Comme vous avés sa confiance, je vous charge de me marquer séparément ce que votre conversation nocturne avec lui fournit à ce sujet.

Que vous dirois-je, mon cher Fon Viesin de moi? Je ne suis pas content. Ceci reste entre nous deux, et j'en recommande le secret à vôtre amitié. Si Ton ne sentoit pas soi même le petit mérite qu'on a, d'autres le font, surtout le mérite du coeur et du sentiment à côté de tant d'autres qui en manquent.

Je vis avec Bibikow en frère. C'est l'ame la plus honnête. Aussi mourrat-il de faim un jour comme moi. Je suis content de mes appointements. Il y a beaucoup d'ordre et de magnificence dans ma maison, et je ne mange rien du capital qui me reste.

Adieu, mon cher ami, ne montrés ma lettre qu'à Marcoff, il y applaudira. Je suis tout à vous sans compliment. St. (Stackelberg)

Qu'est ce que fait Saldern? Dans le moment on m'apporte on joli habit de veiour, et je vous renvois sous l'adresse du comte. Je vous prie de l'accepter comme un souvenir d'ami. Je vous en demanderai un en temps et Heu. Mes complimem à Talisin, sa femme et Baratinskoy.

Varsovie, ce 9 (20) Fer. 1778.

Si par ma dernière lettre, mon très cher et digne ami, je vous ai conjuré de bien suivre l'affaire, qui me tient si fortement à coeur, vous pensés bien, qu'aujourd'hui que je vous informe du terme de la diète dans deux mots, je renouvelle toutes mes instan ces, pour intéresser votre amitié à m'informer et à me donner des bons conseils. Vous êtes sur les lieux, vous connoissés à merveille cette machine, si compliquée, ce thermomètre enfin de la faveur. Donnés moi votre avis, faut-il redoubler d'instances et de mesures, ou dois je m'en tenir à celles, que j'ai prises: dites à la première occasion à notre père commun, qu'il me fasse la grâce de vous avertir s'il y a quelque chose à espérer. Je me flatte qu'on fera pour le service et pour moi ce qui est juste. Vous ne sauriés croire comme ces vains Polonois sont étonnés et peut être humiliés de recourir à un homme qui leur paroit tout nud, car quiconque n'a pas le cordon bleu ici, Test. Ils ont bien petite idée de mon crédit à ma cour; car il se trouve par hazard que tous les Russes qui sont ici ont des cordons excepté moi. La philosophie a beau faire les plus beaux raisonmnnens sur cela, nous ne sommes pas à Sparte. Dites à mon cher père et ami, que le sucrés du représentant Russe en Pologne dépend du crédit qu'on lui suppose à Pétersbourg. Dites lui, qu'après avoir mis toute ma confiance dans sa personne, je ne crois pas qu'il m'abondonne, pour le rrste de mes jours je serai content, s'il profite de cette occasion pour me faire du bien.