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Quand Hale lui ceintura la taille de son bras droit, elle eut l’impression qu’une mâchoire de fer se refermait sur son ventre.

La douleur lui coupa le souffle. Un biceps lui comprimait la cage thoracique.

Susan se débattit. Son coude heurta quelque chose... il y eut un bruit de cartilage brisé... Hale lâcha prise, pour porter la main à son nez. Il s’effondra à genoux, le visage niché dans ses paumes.

— Espèce de salope..., grogna-t-il de douleur.

Susan se rua vers les portes, priant pour qu’au moment où elle foulerait les contacts au sol, Strathmore rétablisse le courant et que les panneaux s’escamotent devant elle. Mais aucun miracle ne se produisit ; elle se retrouva en train de tambouriner sur les parois de verre.

Hale marcha vers elle en titubant, le nez en sang. Il l’attrapa de nouveau – un bras pressant fermement son sein gauche,

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l’autre son ventre – et l’arracha de la porte. Elle hurla, s’arc-boutant dans une vaine résistance. Il la tirait en arrière, sa boucle de ceinturon s’enfonçait dans sa colonne vertébrale.

Susan ne pouvait lutter. Lorsqu’il la traîna à l’autre bout de la salle, elle perdit ses chaussures. D’un coup de hanche, Hale la souleva de terre et la plaqua au sol, à côté de son terminal.

Susan se retrouva étendue sur le dos, sa jupe relevée sur les cuisses. Le bouton du haut de son chemisier avait sauté et sa poitrine se soulevait sous la lumière bleutée. Ses yeux se figèrent de terreur quand Hale la chevaucha. Elle ne parvenait pas à déchiffrer l’expression de son regard. Était-ce de la peur ?

de la colère ? Ses yeux se baladaient sur son corps. Une nouvelle panique l’envahit.

Hale était assis sur elle, la fixant de ses prunelles glacées.

Tout ce qu’elle avait appris pendant ses cours d’autodéfense lui revinrent à l’esprit, mais en vain son corps ne répondait plus. Il était trop engourdi. Elle ferma les yeux.

Non, mon Dieu, par pitié. Non !

65.

Brinkerhoff tournait en rond dans le bureau de Midge.

— Personne ne peut passer au-dessus de Gauntlet. C’est impossible !

— Faux, lâcha-t-elle d’un ton cinglant. Je viens de parler à Jabba. Il a installé un shunte l’année dernière.

Brinkerhoff fronça les sourcils.

— Première nouvelle.

— Personne n’est au courant. C’est top secret.

— Midge, argumenta Brinkerhoff. Jabba est totalement obsédé par la sécurité. Jamais il n’aurait installé un système qui permette de...

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— C’est Strathmore qui le lui a demandé ! l’interrompit-elle.

Brinkerhoff pouvait presque entendre les rouages cliqueter dans le cerveau de Midge.

— Tu te souviens, l’an dernier, quand Strathmore travaillait sur un réseau terroriste antisémite en Californie ?

Brinkerhoff acquiesça. Cette affaire avait été l’un des plus beaux coups de Strathmore. En faisant décrypter par TRANSLTR un message codé que la NSA avait intercepté, il avait découvert qu’un groupe s’apprêtait à faire exploser une bombe dans une école hébraïque de Los Angeles. Il cassa le code seulement douze minutes avant l’explosion prévue, et rien qu’avec son téléphone il sauva la vie de trois cents enfants.

— Tiens-toi bien..., reprit Midge en baissant inutilement la voix. Jabba m’a appris que Strathmore était en possession du code six heures avant la fin du compte à rebours.

La mâchoire de Brinkerhoff s’ouvrit sous le choc.

— Mais... pourquoi a-t-il attendu...

— Parce qu’il n’arrivait pas à charger le cryptogramme dans TRANSLTR. Gauntlet le rejetait systématiquement. Il était encodé à l’aide d’un nouvel algorithme à clé publique que Gauntlet ne reconnaissait pas. Il a fallu presque six heures à Jabba pour reconfigurer les filtres.

Brinkerhoff était abasourdi.

— Strathmore était furieux. Il a exigé que Jabba installe une passerelle pour passer outre Gauntlet, afin que l’incident ne se reproduise plus jamais.

— Nom de Dieu, siffla Brinkerhoff. Je ne savais rien de tout ça...

Il marqua une pause et plissa les yeux.

— Et selon toi, il se passe quoi ?

— Je pense que Strathmore a utilisé ce système aujourd’hui... pour entrer un fichier que Gauntlet rejetait.

— Et alors ? C’est bien à ça que sert la passerelle, non ?

Midge secoua la tête.

— A condition que le fichier en question ne soit pas un virus.

Brinkerhoff sursauta.

— Quoi ? Mais qui a parlé de virus ?

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— Je ne vois pas d’autre explication. Selon Jabba, c’est la seule chose qui puisse faire tourner TRANSLTR aussi longtemps, donc...

— Tout doux, Midge ! Tout doux ! Strathmore dit que tout va bien, je te le rappelle.

— Il ment.

Brinkerhoff était perdu.

— Tu veux dire que Strathmore a mis exprès un virus dans TRANSLTR ?

— Bien sûr que non ! répliqua-t-elle avec impatience. Il ne savait pas que c’était un virus... Je crois qu’il s’est fait berner.

Brinkerhoff restait sans voix. Midge perdait définitivement les pédales.

— Ça explique tout ! insistait-elle. Voilà pourquoi il a passé toute la nuit ici !

— Pour introduire des virus dans son propre ordinateur ?

— Mais non ! Pour essayer de couvrir son erreur ! Et maintenant il ne peut plus arrêter TRANSLTR et libérer le courant auxiliaire. Parce que le virus a bloqué les processeurs !

Les yeux de Brinkerhoff roulaient dans leurs orbites. Midge avait déjà eu des crises de paranoïa, mais à ce point ! Il tenta de la faire revenir sur terre.

— Jabba n’avait pas l’air trop inquiet.

— Jabba est un imbécile ! persifla-t-elle.

Brinkerhoff accusa le coup. Personne n’avait jamais traité Jabba d’imbécile – de porc, peut-être, mais sûrement pas d’imbécile.

— Qui est le plus fiable ? Toi et ton intuition féminine ou Jabba, l’expert en antivirus ?

Elle lui lança un regard assassin. Brinkerhoff leva les bras, en signe de capitulation.

— D’accord. Je retire ce que je viens de dire...

Il n’avait aucune envie qu’elle lui rappelle tous les épisodes où son incroyable flair avait fait mouche.

— Midge, reprit-il d’un ton suppliant. Je sais que tu détestes Strathmore mais...

— Ça n’a rien à voir !

Midge la tigresse était de retour !

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— D’abord, nous devons avoir la confirmation qu’il a désactivé Gauntlet ! Ensuite, on appelle Fontaine.

— Ben voyons..., grommela Brinkerhoff. Je vais appeler Strathmore pour lui demander des aveux écrits !

— Non ! lança-t-elle sans relever la plaisanterie. Strathmore nous a déjà menti une fois.

Elle vrilla son regard dans le sien.

— Tu as les clés du bureau de Fontaine ?

— Bien sûr. Je suis son secrétaire personnel.

— J’en ai besoin !

Brinkerhoff la dévisagea d’un air incrédule.

— Midge, il n’est pas question que je te laisse entrer dans le bureau de Fontaine.

— Il le faut !

Midge se retourna et commença à pianoter sur le clavier de Big Brother.

— Je demande l’historique des commandes de TRANSLTR.

Si Strathmore a contourné Gauntlet manuellement, ce sera écrit.

— Quel rapport avec le bureau de Fontaine ?

Elle fit volte-face et lui adressa un regard furieux.

— Ce rapport ne sort que sur l’imprimante de Fontaine. Tu le sais parfaitement !

— Parce que ce genre de document est classé top secret, Midge !