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de la cabine à temps ? Maintenant qu’il gagnait la zone des hangars, ses interrogations perdirent toute raison d’être... Le Learjet n’était pas là ! Il plissa les yeux pour affiner sa vue.

Faites qu’il s’agisse d’une hallucination ! Mais non. Le hangar était bel et bien vide.

L’avion ? Où est l’avion ?

Les deux véhicules s’engouffrèrent dans le hangar ; Becker chercha désespérément une issue du regard. Un vrai piège à rats. Devant lui, un mur de tôle ondulée, sans porte ni fenêtre.

Le moteur du taxi rugit sur sa gauche ; Becker tourna la tête et vit Hulohot lever son arme vers lui. Dans un réflexe de survie, il écrasa les freins. Mais il ralentit à peine. Le sol du hangar était jonché de flaques d’huile et la Vespa se mit à glisser.

Un crissement retentit quand le taxi freina brutalement. Les pneus lisses perdirent à leur tour toute adhérence, la voiture fit un tête-à-queue, dans un nuage de fumée, manquant de peu d’accrocher au passage la jambe de Becker.

Côte à côte, les deux véhicules hors de contrôle se précipitaient vers le mur du fond. Becker appuyait désespérément sur les freins, mais en vain. C’était comme s’il conduisait sur de la glace. En face de lui, le mur de tôle se rapprochait, à une vitesse vertigineuse. Le taxi tournoyait comme une toupie à sa hauteur... Becker se cramponna de toutes ses forces au guidon, se préparant à l’impact. Un fracas de tôles lui vrilla les tympans. Mais il n’y eut pas de choc. Becker se retrouva à l’air libre, comme par magie, toujours cramponné à sa Vespa qui cahotait à présent dans une prairie. Le mur s’était subitement volatilisé devant lui. Le taxi était toujours à côté de lui. Une grande plaque de tôle ondulée s’envola du capot du taxi et passa au-dessus de sa tête.

Le cœur battant, Becker remit les gaz et s’enfonça dans la nuit.

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84.

Jabba laissa échapper un soupir de contentement quand il eut terminé son dernier point de soudure. Il éteignit son fer, posa sa petite lampe et resta un moment étendu dans le noir, sous l’unité centrale de l’ordinateur. Il était exténué. Son cou était douloureux. Ce type de réparation était toujours pénible physiquement, surtout pour un homme de sa corpulence.

Et dire qu’ils font des machines de plus en plus petites, songea-t-il avec amertume.

Alors qu’il fermait les yeux pour s’accorder un moment de détente bien mérité, quelqu’un le tira par les pieds.

— Jabba ! Sors de là ! lança une voix féminine.

Midge... Il poussa un grognement.

— Allez !

À contrecœur, il s’exécuta.

— Pour l’amour du ciel, Midge ! Je t’ai déjà dit...

Mais ce n’était pas Midge. Jabba leva les yeux, surpris.

— Soshi ?

Soshi Kuta, épaisse comme un fil de fer, pesait quarante-cinq kilos toute mouillée. Elle était le bras droit de Jabba, une technicienne hors pair venant du MIT. Elle travaillait souvent tard le soir à ses côtés, et c’était bien le seul membre de la Sys-Sec à ne pas être intimidé par lui. Elle le fixa du regard :

— Pourquoi donc n’as-tu pas décroché ton téléphone ? Ni répondu à mon appel sur l’inter ?

— C’était toi ? Je croyais que...

— Peu importe ! Il se passe un truc bizarre à la banque de données.

Jabba consulta sa montre.

— Comment ça « bizarre » ?

Une bouffée d’angoisse monta en lui.

— Tu peux être plus précise ?

Deux minutes plus tard, Jabba se ruait dans les couloirs souterrains

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85.

Greg Hale gisait recroquevillé sur le sol du Nodal 3.

Strathmore et Susan l’avaient tiré à travers toute la Crypto et lui avaient ligoté les chevilles et les poignets avec des câbles pour imprimante.

Susan était encore sidérée par les talents de comédien de Strathmore... Il avait simulé une conversation au téléphone et, avec brio, était parvenu à ses fins : Hale était prisonnier, Susan était libre, et il avait encore tout le temps de modifier Forteresse Digitale.

Mal à l’aise, elle jeta un coup d’œil en direction de son collègue ficelé. Hale respirait lourdement. Strathmore était assis sur le canapé, son Beretta posé en équilibre sur ses genoux.

Susan reporta son attention sur le terminal de Hale et poursuivit sa recherche de chaînes de caractères aléatoires.

Sa quatrième tentative fit encore chou blanc.

— Toujours rien, soupira-t-elle. Nous devrions peut-être attendre que David récupère l’exemplaire de Tankado.

Strathmore lui adressa un regard désapprobateur.

— Si jamais David échoue...

Strathmore n’avait pas besoin de finir sa phrase. Tant qu’ils n’auraient pas remplacé Forteresse Digitale sur Internet par leur version modifiée, la clé de Tankado représentait un danger potentiel.

— Quand nous aurons fait l’échange, ajouta Strathmore, peu importe le nombre de clés qui seront répandues dans la nature.

Plus il y en aura, mieux ce sera.

Il lui fit signe de poursuivre ses recherches.

— Mais en attendant, c’est une course contre la montre...

Susan ouvrit la bouche pour abonder dans son sens, mais ses mots furent noyés dans un vacarme assourdissant. Des hurlements de sirènes, provenant des sous-sols, déchirèrent soudain le silence de la Crypto. Susan et Strathmore échangèrent des regards interloqués.

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— Que se passe-t-il ? cria-t-elle, en essayant de caser ses mots entre les coups de sirène.

— TRANSLTR ! L’air est trop chaud ! Hale avait peut-être raison quand il disait que le circuit auxiliaire ne fournissait pas assez de fréon.

— Et l’arrêt automatique ?

Strathmore réfléchit un instant, puis cria :

— Il y a sûrement eu un court-circuit !

Un gyrophare se mit à tourner dans le dôme, balayant le visage du commandant d’éclairs jaunes.

— Il faut tout arrêter ! lança Susan.

Strathmore acquiesça. Personne ne savait ce qui pourrait se passer si les trois millions de processeurs en silicium venaient à surchauffer... il devait aller dans son bureau et annuler le décryptage de Forteresse Digitale, avant que quelqu’un de l’extérieur ne s’aperçoive du problème et n’appelle la cavalerie.

Strathmore jeta un coup d’œil vers Hale toujours inconscient. Il posa le Beretta sur la table à côté de Susan et hurla pour se faire entendre malgré les sirènes :

— Je reviens tout de suite !

Au moment de se sortir du Nodal 3 par le trou dans la paroi vitrée, il lança :

— Trouvez-moi cette clé, Susan !

Susan

contempla

l’historique

de

ses

recherches

infructueuses en priant pour que Strathmore arrête TRANSLTR

au plus vite. Le bruit, les lumières, la forme oblongue de la machine... on se serait cru sur le pas de tir d’un missile nucléaire.

Hale se mit à remuer. Son corps tressaillait à chaque hurlement de sirène. Susan, d’un geste réflexe, saisit le Beretta.

Quand Hale ouvrit les yeux, il découvrit Susan Fletcher debout devant lui, le pistolet pointé sur son entrejambe.

— Où est la clé d’accès ?

Hale avait du mal à reprendre ses esprits.

— Que... Que s’est-il passé ?