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— Susan... J’ai une idée. Ce texte est bien composé de seize groupes de quatre lettres ?

— Oh, pitié ! soupira Jabba. Pourquoi ne pas demander au concierge son avis pendant qu’on y est !

Susan ignora la pique de Jabba et compta les blocs.

— Oui, c’est bien ça... seize.

— Supprime les espaces, dit Becker d’un ton assuré.

— David, répondit Susan d’un air embarrassé. Je ne crois pas que tu saisisses le problème. Ces groupes de lettres sont...

— Supprime les espaces, répéta-t-il.

Après un instant d’hésitation, Susan fit un signe à Soshi, qui s’exécuta. Le résultat n’était guère probant : DCRLELONIEEESESAFPEMPSHGFRNEODIA

EETNNEMSRNRTSHAAEIESAIEKNEERBRTI

Jabba explosa de colère.

— Ça suffit les conneries ! On arrête de faire mumuse ! Le ver avance deux fois plus vite ! Il nous reste à peine huit minutes ! C’est un chiffre qu’on cherche ! On joue pas au mot mystérieux !

— Quatre fois seize, continua David, imperturbable. Tu n’as pas fait le calcul, Susan ?

Susan regardait David, interloquée. C’est lui qui me dit ça ?

David était, certes, capable de mémoriser les conjugaisons et le vocabulaire de langues exotiques en un éclair, mais il était une nullité en calcul mental...

— Tes tables de multiplication..., ajouta-t-il.

Mais où voulait-il en venir ?

— On nous les fait apprendre par cœur en primaire, insista le professeur...

Susan se représenta le grand tableau des tables de multiplication.

— D’accord... soixante-quatre, récita-t-elle machinalement.

Et alors ?

David se pencha vers la caméra. Son visage emplit tout l’écran.

— Soixante-quatre lettres, Susan...

– 378 –

La jeune femme se figea soudain...

— Nom de Dieu ! David, tu es un génie !

121.

Plus que sept minutes ! annonça un technicien.

— Un tableau huit par huit ! ordonna Susan à Soshi.

Fontaine observait la scène en silence. L’avant-dernière muraille se réduisait à une peau de chagrin.

— Soixante-quatre lettres ! répéta Susan, qui avait repris confiance. Un carré parfait !

— Et alors ? demanda Jabba.

Dix secondes plus tard, Soshi avait réorganisé sur l’écran la suite apparemment aléatoire. Les lettres étaient rangées sur huit lignes. Jabba les examina et leva les bras au ciel d’un air désespéré.

D

C

R

L

E

L

O

N

I

E

E

E

S

E

S

A

F

P

E

M

P

S

H

G

F

R

N

E

O

D

I

A

E

E

T

N

N

E

M

S

R

M

R

T

S

H

A

A

E

I

E

S

A

I

E

K

N

E

E

R

B

R

T

I

— Du charabia ! grogna Jabba.

— Mademoiselle Fletcher, demanda Fontaine. Expliquez-vous...

– 379 –

Ignorant les regards braqués sur elle, Susan déchiffrait le tableau de caractères, hochant la tête au fur et à mesure de sa lecture. À la fin, sourire aux lèvres, elle s’exclama :

— David, tu m’étonneras toujours !

Sur l’estrade, tout le monde échangea des regards déconcertés. David, à l’écran, lui lança un clin d’œil :

— Ce bon vieux Jules....

Midge était perdue.

— Mais de quoi parlez-vous ?

— Le carré de César, répondit Susan, rayonnante. Lisez à la verticale. Tankado nous envoie un message !

122.

— Six minutes ! lança le technicien.

Susan reprenait les choses en main...

— Transcrivez le message ! Colonne par colonne ! De haut en bas !

Soshi retapait les lettres fébrilement.

— Jules César envoyait des messages de cette façon !

expliqua Susan d’une voix hachée. Le nombre de caractères de ses missives représentait toujours un carré parfait !

— C’est fait ! s’écria Soshi.

Tout le monde leva les yeux vers la longue ligne de lettres affichée à l’écran.

— Encore du charabia ! railla Jabba avec dégoût. Regardez-moi ce ramassis de...

Les mots s’étouffèrent dans sa gorge. Il plissa les yeux :

— Oh... non...

Fontaine aussi avait lu. Les yeux écarquillés, il regardait la phrase, impressionné... Midge et Brinkerhoff psalmodièrent à l’unisson :

– 380 –

— Putain de merde...

Les soixante-quatre lettres disaient à présent : DIFFERENCEPREMIEREENTREELEMENTS

RESPONSABLESDEHIROSHIMAETNAGASAKI

— Ajoutez les espaces, ordonna Susan. Nous avons une énigme à résoudre !

123.

Un technicien accourut, il était blême :

— Le tunnel a quasiment disparu !

Jabba se tourna vers le graphique. Les assaillants s’approchaient de plus en plus de la dernière des cinq enceintes, prêts à livrer l’assaut final. La banque de données vivait ses derniers instants.

Susan s’efforçait de faire abstraction du chaos ambiant et relisait l’étrange message de Tankado.

DIFFÉRENCE PREMIÈRE ENTRE ÉLÉMENTS

RESPONSABLES DE HIROSHIMA ET NAGASAKI

— Ce n’est même pas une question ! se lamenta Brinkerhoff.

Que voulez-vous qu’on réponde à ça ?

— Nous cherchons un nombre, rappela Jabba. L’antidote est une chaîne numérique.

— Silence, tout le monde, ordonna Fontaine.

Il se tourna vers Susan.

— Mademoiselle Fletcher, c’est vous qui nous avez menés jusqu’ici. A vous de jouer, maintenant.

Susan prit une profonde inspiration.

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— Seuls les chiffres sont acceptés. C’est un indice irréfutable. Nous cherchons bien un nombre. Le texte évoque Hiroshima et Nagasaki, les deux villes touchées par la bombe atomique. Le code est peut-être en relation avec le nombre de victimes, ou le coût des dégâts évalués en dollars...

Elle s’interrompit pour relire une fois encore le message.

— Le mot « différence » me semble crucial. « La différence première entre Hiroshima et Nagasaki ». Apparemment, Tankado pense que les deux événements diffèrent en quelque chose de précis...

Le visage de Fontaine restait impassible. Mais, à l’intérieur, ses espoirs s’amenuisaient à pas de géant. Il allait falloir analyser, quantifier et comparer une foule de données économiques et géopolitiques avant et après les deux bombardements les plus dévastateurs de l’Histoire... Pour en déduire une sorte de chiffre magique... Et tout cela, en moins de cinq minutes...

124.

— Le dernier rempart est attaqué !

Sur la RV, le portail de sécurité commençait à se consumer.

Les lignes noires s’engouffraient progressivement dans le dernier champ de protection, forçant la route vers le donjon.

Les hackers s’agglutinaient, se pressaient aux portes, venant des quatre coins de la planète. Et leur nombre ne cessait d’augmenter. Bientôt, espions, terroristes et activistes de tout poil auraient accès à l’ensemble des informations secret umbra des États-Unis.