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Geary hocha la tête. « Certes, mais ils affirment également être contrôlés par ce système stellaire. Ce qui, malgré tout, ferait donc de ce CECH leur responsable. J’aimerais savoir ce qu’il aurait à en dire.

— Intéressante suggestion, amiral. » Rione fit signe à Charban. « Allons transmettre le message. Nous débattrons de sa formulation sur le chemin de la salle de conférence. »

Elle s’arrêta néanmoins pour regarder les missiles spectres des croiseurs de combat de Tulev frapper les épaves. Certaines des déflagrations semblaient correspondre à la violence de l’impact, l’explosion des ogives s’alliant à l’énergie cinétique accumulée par le spectre pour réduire en miettes une épave déjà branlante.

Mais, des sept bâtiments qui furent frappés, quatre sautèrent avec une violence imprévue, dont ni l’impact ni l’ogive ne suffisaient à rendre compte. Geary vit se répandre à très haute vélocité le nuage de débris et de particules provoqué par les explosions. Il en éprouva une sorte de glaciale satisfaction ; il avait deviné juste : ces épaves étaient des bombes à retardement semées sur le chemin de flotte et maintenues en position grâce à une capacité de manœuvre interdite à de simples mines.

Rione lui adressa un ironique simulacre de salut puis quitta la passerelle accompagnée de Charban.

Geary continuait d’observer l’écran, où la flotte se recomposait lentement pour dessiner la sphère compacte de la formation Tatou. Les quatre groupes de vaisseaux neufs syndics, manifestement indécis et incapables de pressentir ce que les vaisseaux de l’Alliance se proposaient de faire, avaient tous renoncé à leur trajectoire d’interception pour aller occuper diverses positions autour de la sphère. L’image d’une nuée de moustiques enragés vrombissant autour d’une impénétrable moustiquaire lui traversa l’esprit.

Non, c’est une image fallacieuse. Elle laisse croire que ces vaisseaux ne seraient plus dangereux. Je ne peux pas en être sûr. J’ignore ce que les Syndics pourraient encore tirer de leur chapeau maintenant qu’ils ne peuvent plus me livrer une bataille conventionnelle. Ils ont déjà recouru à des attaques suicides, à une opération d’abordage et à un champ de mines à Sobek. Nous savons au moins cela. Qu’est-ce qui nous guette encore ici ?

« Jusque-là, ils ne se sont pas répétés », lâcha Tanya.

Avait-il parlé à haute voix ou lisait-elle dans son esprit ? « Que pourraient bien faire maintenant ces vaisseaux ? demanda-t-il.

— Nous distraire ? » À peine avait-elle répondu qu’une alarme retentissait.

Les vecteurs des quatre groupes ennemis s’altéraient simultanément : tous pivotaient et accéléraient vers une section différente de la sphère de l’Alliance.

« Ils n’égratigneront jamais la carapace du Tatou ! » s’exclama Tanya avec des accents bravaches. Quelques rires étouffés saluant le mot de leur commandant parvinrent du fond de la passerelle, en provenance des lieutenants et d’autres personnels de quart.

Geary ignora le sarcasme et entra quelques brèves simulations. « Même s’ils adoptaient une trajectoire kamikaze, notre formation est assez resserrée et dispose d’assez de puissance de feu à sa périphérie pour les pulvériser avant qu’ils ne pénètrent notre… euh… coquille. » Il avait failli dire « carapace », ce qui aurait encore souligné le jeu de mots de Tanya.

Or il avait d’ores et déjà l’impression qu’il entendrait des réflexions sur le Tatou de l’Alliance des années durant.

Bien qu’il eût la certitude que la disposition en défense de ses vaisseaux ferait échec aux attaquants syndics, Geary ne les vit pas sans se tendre piquer vers des points différents de la coque extérieure de sa formation. Ils pénétrèrent dans l’enveloppe d’engagement des vaisseaux de l’Alliance, et des missiles spectres ne tardèrent pas à bondir des plus proches.

Mais les vaisseaux syndics n’y étaient pas entrés qu’ils esquivaient, contournaient, grimpaient ou plongeaient hors de portée. En rage, Geary assista au gaspillage de dizaines de spectres dont la trajectoire allait se perdre dans l’espace. « J’aurais dû me douter qu’ils réagiraient ainsi.

— Ils ne s’en tireront pas si bien la prochaine fois, lui garantit Desjani. Je préconise que vous ordonniez à vos vaisseaux de retenir leurs spectres jusqu’au moment où les Syndics en seront assez proches pour n’avoir plus le temps de les éviter.

— Ouais. Excellente idée. » Il transmit les ordres puis fixa son écran, l’œil noir. Ça n’avait rien d’un pat : tant que ses vaisseaux continueraient d’avancer, ils finiraient par atteindre le prochain point de saut et quitter Simur. Mais ça en donnait malgré tout l’impression quand la trajectoire des Syndics se recourbait de nouveau vers la formation de l’Alliance. « Ils ne peuvent sans doute pas nous nuire, mais ils gardent l’initiative. Je ne tiens pas à leur laisser le temps d’échafauder un autre plan.

— Hmmmm », marmonna Desjani. Elle hésita un instant, une idée venant de la frapper, puis se pencha sur son écran et entra des instructions en le fixant intensément. « Ils se servent de pilotes automatiques. J’en suis sûre.

— Comment pouvez-vous en avoir la certitude ?

— Les manœuvres sont toutes identiques et extrêmement précises. Tous les vaisseaux se déplacent exactement au même moment. Repassez l’enregistrement des trajectoires de ces quatre groupes quand ils ont fondu sur nous puis superposez-les.

— Identiques, admit Geary. Pas seulement pour chacun mais pour toute leur formation. Exactement le même vecteur d’approche et la même manœuvre d’évitement.

— Ils sont tous récents, insista-t-elle. Les vaisseaux comme les équipages. Des bleus, trop novices pour piloter manuellement, de sorte qu’ils laissent ce soin aux systèmes de manœuvre automatisés. Peut-être en ont-ils reçu l’ordre. Mais, s’ils y recourent, ces systèmes obéiront à des schémas préétablis.

— Quel délai exigera l’analyse de ces schémas ? »

Desjani marqua une pause puis esquissa un geste d’incertitude. « Un bon moment. Il nous faudra les modèles de leurs schémas offensifs. J’ignore combien. Nos systèmes de combat finiront tôt ou tard par prévoir leurs mouvements.

— Tôt ou tard. » S’incruster à Simur durant une période indéfinie pendant que des vaisseaux syndics se livreraient à des passes de tir sur sa formation ne semblait pas à Geary une stratégie enviable. La flotte ne supporterait sans doute pas de rester sur la défensive en laissant l’ennemi la laminer graduellement, mais, si elle poursuivait son chemin vers le territoire de l’Alliance, cela compenserait largement son mécontentement. Certes, il lui faudrait encore s’inquiéter de ramener les Danseurs et l’Invulnérable sains et saufs. « Gagnons le point de saut pour Padronis, Tanya. Course détournée, au cas où d’autres mauvaises surprises nous attendraient encore ici. »

Desjani s’interrompit de nouveau pour lui répondre, mais un appel du service du renseignement de l’Indomptable lui coupa la parole.

Le lieutenant Iger affichait une mine penaude. « Amiral, il y a encore un camp de prisonniers dans ce système. Très important, sur la planète habitable. Et du personnel militaire de l’Alliance y est détenu. »

Dix

Une migraine coutumière menaçait de se déclencher. Geary se massa rudement le front de la main. « Il ne s’y trouvait pas avant.

— Pas la dernière fois que l’Alliance est intervenue dans ce système, amiral, en tout cas. » Des images apparurent près d’Iger. « C’est tout neuf. De récentes constructions sur la planète habitée. »