Выбрать главу

Orvis devait être parvenu à la même conclusion. « Une de moins dont nous aurons à nous inquiéter. Très bien. Ils savent que nous sommes là puisque nous avons dû arroser la coque de ce coucou pour le clouer au sol. Première et troisième sections, commencez à forcer l’entrée. Feu à volonté. Éliminez toute menace mais veillez à ne tirer qu’après vous être assurés que votre cible n’est pas un de nos officiers. Ni grenades ni armes de zone. Il ne s’agit pas d’un assaut mais d’un sauvetage. Deuxième et quatrième sections, couvrez-les et assurez-vous que personne d’autre ne tombe d’une écoutille secondaire. »

La caporale Maya fit signe à sa section de venir la retrouver, plia les genoux puis bondit, droite comme un I, aidée par la faible gravité d’Europa et l’énergie déployée par sa cuirasse. Elle s’accrocha à l’écoutille extérieure et posa les bottes sur une étroite corniche qui courait juste en dessous, le long de la coque, pour attendre que trois fantassins de sa section l’eussent rejointe. Les autres se regroupèrent à leur pied. Sur l’autre flanc de l’appareil, le sergent Hsien et sa section s’attaquèrent à la seconde écoutille. Les sections commandées par le caporal Bergeron et le sergent Koury restèrent en position, l’arme braquée sur l’appareil furtif, prêtes à faire feu.

« Écoutille verrouillée, rapporta Hsien.

— Pareil ici, dit Maya.

— Forcez-les », ordonna le sergent Orvis.

Un première classe dont la légende de la fenêtre virtuelle indiquait qu’il était spécialiste en démolition et effraction se faufila près du sas et plaça un petit boîtier à côté de son panneau de commandes extérieur. « Qu’est-ce ? demanda le sénateur Sakaï depuis le fond de la passerelle, arrachant Geary à sa concentration.

— On appelle ça un passe-partout, répondit Geary. J’ai vu des fusiliers y recourir plusieurs fois. C’est conçu pour ouvrir une porte par tous les moyens disponibles. »

Au bout de quelques secondes, le première classe secoua la tête, donnant le tournis à ceux qui observaient la scène par la visière de son casque. « Marche pas. Notre matos n’arrive pas à prendre le contrôle du logiciel de ces types. Ce n’est pas aussi bizarre qu’un machin bof, mais c’est trop différent de ce que les Syndics et nous utilisons.

— Tu ne peux pas outrepasser mécaniquement ? demanda Hsien.

— J’essaie. » Deux autres secondes s’écoulèrent. « Pas facile de lire des trucs sur la coque extérieure avec tous ces revêtements de polymère intégral qui les masquent.

— Y a un mécanisme de verrouillage manuel, annonça son collègue qui œuvrait du côté de Maya. Regarde par là.

— Où ça ? Là ? Trouvé. Ça ressemble pas mal à nos propres dispositifs. Un champ magnétique juste ici… Ça y est ! »

Deux soldats ouvrirent le sas de l’écoutille pendant que leurs compagnons les couvraient. « La côte est claire, annonça le sergent Hsien en jetant un œil dans le petit compartiment qui s’ouvrait derrière.

— Ouvert et dégagé ! rapporta Maya de son côté.

— Grillez-moi ça ! » ordonna Orvis.

De part et d’autre, un fusilier balança un petit objet rond dans le sas le plus proche puis rejoignit ses compagnons qui s’écartaient déjà de l’écoutille extérieure. Geary vit clignoter des signaux d’alarme sur l’écran de chacun d’eux quand les impulsions électromagnétiques se déchaînèrent dans les sas, grillant toute l’électronique sauf celle protégée par un épais blindage, en même temps, du moins fallait-il l’espérer, que les mines, pièges, armes et autres senseurs.

« Prêts, annonça Maya.

— Prêts, lui fit écho Hsien.

— Parfait. Entrez. » Orvis attendit pendant que plusieurs fantassins s’engouffraient dans les deux sas, tandis que d’autres bondissaient sur les corniches que libéraient les premiers.

« Un blindage en composite léger sur la coque interne, rapporta Maya. Mais rien de tel sur l’écoutille intérieure.

— Même chose de votre côté, Hsien ? demanda Orvis. Très bien. Préparez les lamies pour faire sauter les portes. Je me charge du compte à rebours. À un, activez les lamies, attendez trois secondes, puis forcez les portes intérieures et entrez.

— Activer les lamies à un, attendre trois secondes et entrer, répéta Hsien.

— Activer à un, attendre trois et entrer », ajouta Maya pour indiquer qu’elle avait compris les instructions.

Un fusilier s’agenouilla devant l’écoutille intérieure de chaque sas et plaça un tube court devant la porte. Les deux première classe spécialistes en démolition et en effraction se plantèrent devant et appliquèrent en toute hâte sur leurs arêtes ce qui ressemblait à une bande étroite, puis ils en recouvrirent également la surface d’une sorte de croisillon de la même bande, avant d’y piquer un petit détonateur déclenché par télécommande et de reculer. « Ne bougez plus, ordonna Orvis. Au temps ! Trois… deux… un. »

Geary vit tressauter les images transmises par les soldats quand les tubes des lamies se déchaînèrent. Les hommes se redressèrent vivement, l’arme au poing. Ne restaient plus que des trous lisses là où les cartouches avaient perforé les écoutilles intérieures comme du papier.

« Trois… Feu ! » crièrent en même temps Hsien et Maya.

La bande adhésive posée sur les portes s’éclaira brusquement d’une intense brillance et rongea dans l’instant le matériau qui se trouvait derrière. Les écoutilles intérieures explosèrent en minuscules fragments qui, sous la pression de l’air s’échappant de l’appareil furtif, sifflèrent aux oreilles des fusiliers. Ceux-ci s’élancèrent dès que les débris furent passés et s’engouffrèrent dans l’appareil contre le vent de son atmosphère qui se déversait à présent dans celle, presque inexistante, d’Europa.

Même captées par les senseurs des soldats, les scènes auxquelles ils étaient confrontés à l’intérieur n’étaient que chaos et confusion. Chaque lamie avait explosé après avoir creusé son trou dans l’écoutille et déclenché ce faisant d’autres charges d’IEM, ainsi que d’éblouissantes déflagrations et un vacarme tonitruant. Des hommes et des femmes équipés d’armes de poing, qui avaient couvert les écoutilles de l’intérieur de l’appareil, refluaient à présent en désordre, parfois en frappant sur leur arme que leurs circuits grillés avaient rendues inopérantes, parfois en se cramponnant frénétiquement à l’équipement de leur combinaison de survie, parce qu’ils venaient brusquement de comprendre que lui aussi avait grillé.

Tout juste capables de s’immiscer dans les coursives étroites du petit appareil ainsi revêtus de leur cuirasse de combat, les assaillants n’en tiraient pas moins avec une redoutable efficacité. Tous les criminels encore armés furent touchés ou réduits à l’impuissance en l’espace de quelques secondes, tandis que les autres prenaient la fuite.

Une soldate de la première section s’arrêta brusquement pour regarder une silhouette qui se convulsait à ses pieds, puis elle fit feu.

« Hotch ! aboya le sergent Hsien.

— Il allait mourir asphyxié, sergent ! »

Hsien marqua une pause. « D’accord. Inutile de prolonger leur agonie comme eux l’ont fait à cette femme balancée par le sas. Nous avons six autochtones abattus de ce côté.

— Cinq malfrats à terre du nôtre, rapporta Maya.

— Continuez, ordonna Orvis. Sécurisez tout l’appareil. »

Les sections de Hsien et Maya parcoururent le coucou aussi vite que possible, défonçant littéralement les écoutilles et les portes grâce à la puissance de leur cuirasse de combat. Compte tenu des deux seuls ponts qu’abritait cet appareil de taille relativement réduite, cela ne leur prit guère de temps. Derrière eux, quelques-uns de leurs collègues fixaient en toute hâte des écoutilles hermétiques de secours aux sas endommagés afin d’empêcher l’atmosphère de s’échapper davantage de l’appareil échoué.