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« Amiral ? Votre unité de com fonctionne-t-elle correctement ? s’enquit Desjani d’une voix qui promettait de sérieuses représailles à son officier des trans.

— Parfaitement, répondit Geary. C’était plutôt moi le problème. J’avais oublié que le général Carabali connaissait mieux que moi son travail. »

Alors que les fusiliers battaient en retraite vers la coque extérieure, le volume d’espace qu’ils devaient défendre s’élargissait en raison du diamètre croissant de la coque du supercuirassé. Mais Carabali envoyait des renforts et rassemblait ses troupes aux intersections des plus larges coursives pour former des sortes de hérissons capables de tirer dans tous les sens avec des armes lourdes, tandis que les Bofs continuaient de progresser. Sous le feu concentré de ces armes lourdes, appuyé par les tirs des armes de poing et d’épaule des fantassins, les rangs serrés de Bofs semblaient se dissoudre à mesure qu’ils tentaient de fondre sur les envahisseurs humains pour opérer le contact.

« Mais combien sont-ils donc ? » s’écria un fusilier.

Quelques Bofs avaient réussi à s’infiltrer dans les compartiments où avaient été opérées les premières effractions et s’en prenaient aux ingénieurs qui défendaient ces têtes de pont. Ceux-ci ne disposaient sans doute pas des armes lourdes des fantassins, mais ils se débrouillaient avec les outils de démolition et les autres instruments de leur profession. Geary frémit en voyant les ravages qu’ils semaient alentour et dans les rangs des Bofs qui leur fonçaient dessus. Cette section du vaisseau serait d’un bien maigre rapport pour ceux qui chercheraient à en apprendre davantage sur les Vachours et leur technologie.

Épouvanté par le carnage, Geary ne parvenait pas à détacher les yeux des écrans où les Vachours opposaient leur nombre et leurs armes de poing au tir concentré des armes lourdes des fusiliers. Certes, ils parvenaient parfois à atteindre les hérissons, à se ruer par rangées entières sur leur périmètre de défense, menaçant de les submerger. En dépit du rendement supérieur de leur cuirasse de combat, Geary vit des fusiliers succomber et certains de leurs rangs vaciller, leur hérisson comprimé de toutes parts. De plus en plus tassés à l’intérieur de leur périmètre de défense, ils étaient quasiment paralysés, incapables d’autre chose que de continuer à tirer, leurs armes chauffées au rouge.

Mais Carabali s’en était également aperçue. D’autres renforts arrivaient, sautaient des navettes et s’engouffraient aussi vite que possible dans le supercuirassé par les sas improvisés ménagés dans la coque extérieure. Ils formaient des équipes de choc qui investissaient à présent les coursives conduisant aux hérissons les plus massivement assiégés et prenaient les Bofs à revers.

L’un après l’autre, les hérissons soumis à la plus rude pression furent renforcés, tandis que les fantassins poussaient leur avantage pour établir de plus larges positions défensives et interdire aux Vachours de concentrer leurs forces sur les îlots de résistance principaux.

Les assauts menés contre les positions des fusiliers commencèrent de faiblir çà et là puis partout d’où avaient surgi les Bofs.

Leurs attaques s’interrompirent un instant, donnant l’impression que l’ennemi soufflait et cherchait à reprendre ses forces pour continuer le combat. Avant que ce répit ne s’éternise, Carabali donna de nouveaux ordres et, partout, les fusiliers rompirent leurs hérissons et leurs lignes de défense pour forer de nouveaux trous à travers les cloisons et contourner les coursives encombrées de cadavres de Vachours.

« Coriaces, ces salauds », fulmina un soldat en sautant un mur compact de Bofs inertes à la cuirasse déchiquetée. Des globules d’un sang violacé saturaient l’air ambiant, flottant dans cette gravité nulle.

« Encore heureux qu’ils n’aient pas été plus nombreux, convint un de ses compagnons.

— Ils sont plus nombreux, aboya leur sergent. Tenez-vous prêts à tirer, fermez-la et gardez l’œil ouvert. »

En s’enfonçant plus avant dans le supercuirassé, les fusiliers tombaient sur des poches éparses de Bofs, qui se ruaient sur eux lors d’attaques vaines et désespérées qui ne s’achevaient qu’à la mort du dernier d’entre eux. Geary vit les symboles des unités de fusiliers refluer vers le cœur du supercuirassé puis dépasser les positions où son équipage avait contre-attaqué.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » s’exclama un lieutenant. L’unité de la jeune femme venait d’entrer dans un vaste compartiment, proche du centre du vaisseau, dont le plafond culminait à six mètres mais au pont recouvert de végétation : des rangées innombrables de cultures poussant dans des conteneurs. Chacune des multiples pousses de ces plantes croulait sous des graines ou des fruits, à moins qu’il ne s’agît des deux à la fois.

« Deux-en-un, répondit un sergent. Réapprovisionnement en oxygène et en vivres. » Il s’accroupit pour examiner une longue rangée d’hydroponiques. « Mon père travaillait dans une ferme similaire d’une ville sous dôme du système de Huldera, avant qu’il ne soit abandonné. Et, si je ne me trompe pas complètement, c’est comme ça que ces Bofs recyclent une partie de leurs déjections en s’en servant d’engrais. Heureusement que ces baquets sont scellés, sinon toute cette saleté se serait mise à flotter dès qu’ils ont coupé la gravité artificielle. »

Un concert d’exclamations écœurées s’éleva de la section du sergent. Les hommes prirent soudain bien garde où ils posaient les mains et les pieds.

D’autres unités tombèrent sur des compartiments équivalents puis un peloton fit résonner une alarme qui attira l’attention de Geary. « Lieutenant, je crois que nous avons trouvé un poste de commande. Il n’a pas l’air assez gros pour être celui du réacteur.

— Comment le savez-vous, Winski ?

— À Welfrida, j’ai participé à la prise d’un vaisseau syndic, voilà comment. Il était bien plus petit que ce tas de ferraille, et son poste de commande beaucoup plus grand.

— Tanya, jetez un coup d’œil à ceci, lui enjoignit Geary en même temps qu’il transmettait aussi l’image à Smyth. Qu’en pensez-vous ? »

Desjani semblait dubitative : « Un poste de commande secondaire, peut-être. Il n’est même pas assez grand pour le réacteur d’un vaisseau de la taille de l’Indomptable. »

Smyth en convint mais ajouta une remarque : « Tout ce que nous trouverons ressemblera peut-être à un poste de commande secondaire. J’ai vu nos fantassins dresser les plans des ponts de ce supercuirassé et je suis de plus en plus persuadé que les Vachours évitent de recourir à un ou deux générateurs principaux et préfèrent s’en tenir à de multiples sources d’énergie moins puissantes. Peut-être pour suppléer. Par prédilection pour la redondance. Ou parce que, sur un vaisseau de cette taille, il semble logique d’éparpiller les sources d’énergie au lieu de tirer des câbles dans tout le bâtiment à partir d’un ou deux générateurs établis dans le même secteur.

— Pourquoi ne l’ont-ils pas fait sauter ? redemanda Geary.

— Ça ne leur est peut-être pas venu à l’esprit. Si ça se trouve, ils ont triomphé de leurs prédateurs en refusant de renoncer plutôt qu’en se battant jusqu’à leur dernier souffle et leur ultime survivant. » Smyth cligna des paupières et changea d’expression. « Quand vous m’avez montré les images de ce poste de contrôle, j’ai aperçu quelques-unes des coursives de ce vaisseau. Telles qu’elles sont actuellement, remplies de cadavres. Pourquoi continuent-ils à se battre ? Pourquoi mourir dans une lutte sans espoir ?