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— Pourtant, ils n’avaient pas la bague au moment où ils ont cru agir sur le subconscient du Saint-Père ? objecte Zoé.

Je lui caresse le dos de la main.

Elle est chouette, sa main, tu sais, posée sur la nappe de lin bis de notre salle à manger. Elle y fait une merveilleuse tache d’un brun ocré, doux, comme une peau de pêche mûre.

— Non, ils n’avaient pas la bague, mais ils avaient le pape à portée de rayon, mon amour. C’était, comprenez-vous, une occasion UNIQUE, qu’ils ne pouvaient laisser passer. Ils ont investi l’auguste cerveau. (du moins l’ont-ils cru) en espérant mettre bientôt la main sur les fameux documents de Tubulure Ier. Si le coup avait réussi, ils auraient raflé des milliards. Vous comprenez maintenant pourquoi ils n’ont reculé devant rien pour parvenir à leurs fins ?

Je souris, sans cesser de passer la peau de mes doigts sur la peau de sa main.

— Il y a, reprends-je, un côté relativement cocasse dans tout cela. Ces gens puissants, disposant de tueurs, de techniciens, de machines à violer le cerveau, ces gens acharnés et impitoyables, ont été tenus en échec par un pauvre petit bonhomme de contrôleur de métro un peu jobré. Ce Duplessis trouvait pour ses plaques la plus classique des planques ; se sentant ou se croyant suivi un jour qu’il était avec vous, ma Zoé, il confia l’améthyste au premier vieux bonhomme gâteux venu. Vaguement illuminé, obstiné comme un bœuf de Saint-Locdu-le-Vieux, naïf et roué, ce curieux bonhomme a battu en brèche, comme on dit, une armada de malfaiteurs. Mieux : il a su plus ou moins percer leurs noirs desseins concernant le pape et prévenir la police en la personne de son ancien condisciple Bérurier. Fallait le faire, non ?

Personne ne répond.

Ces dames réfléchissent. C’est l’heure de la sieste d’Antoine et, pendant les deux heures de l’après-midi où le gredin en écrase, la maison vit doucettement, dans un demi-silence ouatiné comme les couches gonflant sa culotte.

Au bout d’un moment de mutisme, cependant, Zoé lève sur moi ses grands yeux ardents et lumineux comme une aurore.

— Je vous trouve formidable, soupire-t-elle. Si combatif et si compréhensif ; si joyeux et si… si tendre… Vous n’êtes vraiment pas un homme ordinaire, Antoine.

— Vous savez pourquoi, Zoé ? Vous tenez vraiment à ce que je vous le révèle ? Parce que je suis un extraterrestre.

Ma Félicie me considère en souriant.

— Ça ne m’étonnerait pas de toi, dit-elle.

FIN