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La maison, en tout cas, avait un peu changé d'aspect. Comme le bec-de-cane du portail, la boîte aux lettres était repeinte en rouge, son étiquette ne portait plus le nom de Ferrer ni le nom de jeune fille de Suzanne. Toutes les fenêtres étant illuminées, il semblait que le pavillon fût maintenant occupé par de nouveaux locataires en train de fêter la fin d'année. Ferrer déconcerté resta quelques minutes à côté du portail, sans la moindre idée de ce qu'il allait faire ni de ce qu'il avait envie de faire jusqu'à ce que la porte du pavillon s'ouvrît, libérant de la musique à fort volume en même temps qu'une fille qui demeura dans l'embrasure, sans avoir l'air de vouloir s'en aller, selon toute apparence pour prendre seulement l'air.

C'avait l'air d'une assez gentille fille qui, l'apercevant, lui fit un petit signe en souriant. Elle avait un verre à la main et dans les vingt-cinq ou trente ans, elle n'était pas si mal, elle avait un petit quelque chose de Bérangère en un peu moins bien, il n'était pas exclu qu'elle fût aussi légèrement ivre mais légèrement seulement, ce qui est la moindre des choses dans ce genre de soirée. Comme Ferrer demeurait tapi près du portail, elle lui adressa la parole, vous êtes un ami de Georges? Ferrer hautement embarrassé ne répondit pas tout de suite. Suzanne n'est pas là, par hasard? lui demanda-t-il enfin. Je ne sais pas, dit la fille, je n'ai pas vu de Suzanne mais peut-être qu'elle est là, il y a pas mal de monde, je ne les connais pas tous. Je suis la sœur d'un des associés de Georges, il vient d'emménager. La maison n'est pas mal mais il fait une de ces chaleurs, là-dedans. Oui, dit Ferrer, elle a l'air bien. Vous voulez entrer boire un verre? proposa gentiment la fille.

Derrière elle, par la porte ouverte, Ferrer apercevait l'entrée repeinte, d'autres meubles, un lustre inconnu, des images suspendues ou punaisées au mur qui n'auraient convenu ni à Suzanne ni à lui. Je veux bien, répondit-il, mais je ne veux surtout pas déranger. Pas du tout, dit en souriant la fille, entrez. Je suis désolé, dit Ferrer en s'approchant avec prudence, je n'avais pas du tout prévu ça. C'est un peu compliqué à expliquer. Pas grave, dit la fille, je suis moi-même là par hasard. Vous allez voir, il y a des gens assez marrants. Allez, venez. Bon, dit Ferrer, mais je ne reste qu'un instant, vraiment. Je prends juste un verre et je m'en vais.