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— Tu veux que je te dise ce que tu es, Cloé ?

Seul un gémissement lui répond. Le métal froid glisse entre ses seins, descend sur son ventre.

— Tu préfères que je te montre, peut-être ?

— Laissez-moi ! Laissez-moi, s’il vous plaît…

Elle pleure à chaudes larmes, maintenant.

— Tu n’es qu’une petite garce égocentrique. Une salope qui aime écraser les autres. Qui adore s’en servir… Et moi, je vais te remettre à ta place.

— Alex te tuera !

En rouvrant les yeux, Cloé croise furtivement ceux de son agresseur dans le faisceau de la lampe. Peut-être bleus. Ou gris. Clairs, ça elle en est sûre.

— Alex te tuera ! hurle-t-elle à nouveau.

La pointe du couteau se plante soudain sous sa mâchoire.

— Je te dis qu’il est mort, ton bâtard de flic ! Tu entends ? Il est mort, ce connard ! Mort ! Crevé comme un chien !

Sa voix s’est faite soudain plus violente. Il est furieux.

Ne l’énerve pas, Cloé ! Ne fais pas ça, par pitié !

— Il a un trou à la place de la tête ! Il va falloir que je te le répète combien de fois ? Écoute quand on te parle ! Il s’est fait sauter le caisson !

Cloé se remet à sangloter, les larmes réchauffent son cou avant d’aller mouiller le drap.

Il approche son visage du sien, lui glisse à l’oreille :

— Je l’ai un peu aidé, remarque… Mais ça, c’est un secret. Un secret entre toi et moi, d’accord ? Tu ne le diras à personne, n’est-ce pas ?

— Non ! tremble Cloé. Non, je le dirai à personne, je vous le jure !

— Bien… Parce qu’il m’avait démasqué, ce cher Alex. Il n’était pas si con que ça, tu vois. Lui aussi, tu t’es bien servi de lui, hein ? Et maintenant, à cause de toi, il est mort.

Il sent son corps se durcir sous le sien.

— Mais je vais te confier un autre petit secret, Clo : il avait envie de mourir. Il voulait rejoindre sa femme. Parce qu’il n’en avait rien à foutre de toi. Il a décidé de me laisser jouer avec toi…

Il se redresse à nouveau, savourant l’effet de ses paroles sur le visage de Cloé. Où la lumière rasante met en relief l’épouvante extrême. La peur à l’état brut.

Soudain, il ôte son foulard noir et sa capuche, Cloé devine enfin son sourire diabolique. Elle manque de défaillir.

S’il vire la cagoule, je suis morte.

Mais ce qui l’effraie le plus serait qu’il enlève son jean.

Ligotée sur ce lit, tenue en respect par une lame tranchante, elle n’a aucun moyen de se défendre.

Elle connaît alors la solitude absolue. Celle qu’on éprouve face à la mort. Face à l’inconnu.

Il écrase ses lèvres sur les siennes, elle tourne la tête d’un mouvement brusque. Il serre son visage dans sa main gantée, l’oblige à revenir vers lui avant de recommencer.

Puis il descend dans son cou, sur la pointe de ses seins. Tandis que sa main libre s’immisce entre ses jambes.

Cloé manque d’air. Elle sent son parfum, boisé, légèrement musqué, qui l’étouffe.

Ses muscles, tendus à l’extrême, vont peut-être céder. Se déchirer.

Son cœur cogne dans sa poitrine comme un oiseau affolé se fracasserait sur les barreaux de sa cage. Il bat si vite que le sang inonde son cerveau, brûle ses chairs.

Ne pouvant plus résister, elle se remet à crier. Il plaque une main sur sa bouche, continue à goûter sa peau, sans empressement.

Tranquillement.

Et brusquement, il cesse ses jeux cruels. Il la soulève en poids, elle retombe sur le ventre. Elle sent qu’il tranche les liens serrant ses poignets. Pourtant, elle n’arrive toujours pas à bouger les mains.

Il remet son foulard et sa capuche, descend du lit.

— Je reviendrai, mon ange, promet-il. J’ai l’impression que tu n’es pas tout à fait prête…

Il range son couteau au fond de sa poche, la contemple un moment.

— Avec un petit effort, tu devrais pouvoir te libérer. Ça te prendra un peu de temps, mais tu vas y arriver. J’ai commencé le travail… Tu vois, je suis sympa !

Elle espère pendant une seconde que le cauchemar est terminé. Mais il l’empoigne par les épaules, la remet sur le dos, l’obligeant ensuite à s’asseoir.

Une main sous le menton pour qu’elle redresse la tête.

Il approche son visage masqué à quelques centimètres du sien.

— Je reviendrai. Et je t’achèverai. Bonne nuit, mon ange…

Chapitre 58

— Donc, si je résume, il est entré alors que vous dormiez et, lorsque vous vous êtes réveillée, il s’est jeté sur vous. Ensuite, il vous a attaché les poignets et a… tenté d’abuser de vous. Mais il ne l’a pas fait. Vous avez juste subi des attouchements.

Juste subi des attouchements.

Manière désinvolte de résumer le supplice que Cloé vient d’endurer.

— Puis il est parti et vous avez réussi à vous détacher. Et là, vous nous avez appelés. C’est bien ça ?

Cloé hoche la tête. Elle est ratatinée sur le canapé, tandis que le jeune lieutenant en tenue s’est installé dans le fauteuil, juste en face d’elle.

Sa collègue revient de la chambre où elle a procédé aux premières constatations.

— Faites-moi voir vos poignets, s’il vous plaît.

Cloé remonte les manches de son peignoir, tend les bras vers le flic. Ils tremblent encore.

— Je ne vois aucune trace. Une corde, normalement, ça…

— C’était pas une corde, murmure Cloé. Plutôt une sorte de ruban.

— Ça ? demande la gardienne de la paix en brandissant le morceau de tissu brillant.

— Oui.

— Il l’a pris chez vous ?

— Non, je ne crois pas. Il devait l’avoir sur lui.

— OK, reprend l’officier. Et il était armé d’un couteau, vous dites. Quel genre ?

— J’en sais rien, moi… Genre pointu et tranchant !

Du calme, Clo. Ils sont là pour t’aider.

— Un cran d’arrêt, je crois.

— La lame, quelle longueur ?

— Je sais pas. Peut-être trente centimètres.

Le lieutenant sourit presque imperceptiblement.

— Non, ça c’est un énorme couteau de boucher, pas un cran d’arrêt !

— Moins, alors… Il n’y avait pas beaucoup de lumière, vous savez.

— Bien sûr, je vois. C’est avec ça qu’il a découpé votre nuisette, on est d’accord ?

— Oui.

La fliquette observe le morceau d’étoffe gisant sur la table. Comme s’il allait lui révéler le nom du coupable.

— Bon, reprend le lieutenant, la couleur du manche du couteau ?

— Aucune idée, avoue Cloé. Noire, peut-être. Foncée, en tout cas.

— C’est assez imprécis… Et lui, vous pouvez me le décrire ?

— Grand, fort. Les yeux clairs.

— Les cheveux ?

— Il portait une cagoule, une capuche et un foulard qui lui montait jusque-là, répond Cloé en plaçant sa main en travers de son nez. Alors…

— Donc, vous ne pouvez pas le décrire. Ensuite, il a coupé votre nuisette et il vous a…

Il jette un œil sur ses notes, un peu embarrassé.

— Il a essayé de vous embrasser et vous a touchée. Est-ce qu’il a tenté autre chose ?

Cloé répond non, d’un signe de tête.

— Il n’y a pas eu pénétration, c’est bien ça ?

— Non.

— OK. Il faut que je passe un coup de fil, excusez-moi.

Il s’éloigne jusque dans l’entrée, Cloé se ressert un verre d’eau. Elle réalise alors qu’elle aurait dû prendre le temps de planquer les deux bouteilles de whisky dont l’une est vide et traîne encore sur le tapis. Le verre où les glaçons ont fondu et où subsiste un fond d’eau ambrée. La plaquette de calmants, aussi. Elle a juste pensé à cacher le P38, retrouvé sous le lit. Encore une fois, il le lui a laissé. Incompréhensible.