Выбрать главу

— Dites-moi, je vous en prie. N’ayez pas peur, murmure-t-il.

Ce n’était pas grand-chose, mon ange. Juste les préliminaires.

Mais j’espère que tu as aimé !

J’avais envie d’un avant-goût de toi.

Je ne m’étais pas trompé. Je t’ai bien choisie.

Je ne me trompe jamais, de toute façon. Ou si rarement…

Et chaque erreur est là pour nous apprendre, nous faire progresser.

Tu as été imprudente, mon ange. Tellement imprudente ! Choisir d’aller te perdre dans la forêt, ma chère enfant… Quelle inconscience !

Tu m’as un peu déçu, je l’avoue. Mais je sais que tu ne recommenceras pas. Parce que chaque erreur nous apprend.

Ceci dit, ça ne te sauvera pas.

Désormais, tu vas vivre avec la peur chevillée au corps.

Ton si joli corps. Que j’ai pu admirer en prenant tout mon temps. Que j’ai pu toucher… Toucher et même pénétrer.

Ce n’était pas la première fois, tu sais.

Tu es si jolie quand tu dors ! Mais je te préfère les yeux ouverts.

Et la prochaine fois, tu me regarderas, je te le promets.

Mon visage sera même la dernière chose que tu verras.

La dernière image que tu emporteras dans la tombe.

Chapitre 40

— Il faut y aller, rappelle doucement Alexandre.

Cloé presse ses mains l’une contre l’autre. Elle tremble encore, alors que le chauffage pulse un air brûlant dans l’habitacle.

— Je peux pas…

— Je serai près de vous, je ne vous lâcherai pas.

Il ouvre la portière passager, Cloé ne bouge pas. Il prend sa main dans la sienne, elle résiste.

— On y va, répète-t-il. Je vous promets que ça va bien se passer.

— Je ne suis pas présentable.

Alexandre sourit tristement.

— Si vous passez chez le coiffeur et la manucure, ils ne vous croiront jamais !

Elle retire sa main, lui jette un regard acerbe.

— Suivez-moi, Cloé.

— Ça ne servira à rien !

Il s’accroupit sur le trottoir.

— Vous avez confiance en moi ? demande-t-il.

Elle hoche simplement la tête.

— Alors, écoutez-moi… Vous devez porter plainte pour qu’on chope ce salopard et qu’on le mette hors d’état de nuire.

— J’ai déjà porté plainte !

— Ce n’est pas la même chose. Ce soir, ils vous prendront au sérieux, croyez-moi.

— Mais vous êtes flic ! Et je vous ai tout raconté…

Comment lui expliquer la situation ? Le moment est mal choisi pour lui avouer qu’il n’a pas autorité pour mener cette enquête.

— Justement, je suis flic. Alors je sais ce qu’il faut faire. Vous venez avec moi, maintenant.

Sa voix s’est faite plus persuasive, Cloé accepte enfin de quitter la voiture. Gomez la tient encore par la main, de peur qu’elle ne se sauve. Au moment où ils entrent dans le commissariat, elle se dégage de son emprise.

— Je vais devoir passer un examen médical ?

— Oui. Impossible de faire autrement. Courage…

Sans crier gare, Cloé repart dans l’autre sens. Gomez la rattrape devant la porte, la prend par les épaules.

— Arrêtez, merde ! On n’a pas le choix, je vous assure.

Elle tente de lui échapper, il la retient fermement.

— Cloé, écoutez-moi, s’il vous plaît. Si on n’arrête pas ce fumier, il ira plus loin. Il ne vous lâchera pas. Vous entendez ?

Elle regarde ailleurs, tente de retenir ses larmes.

— Si vous ne faites pas ce que je vous dis, vous lui laissez le champ libre ! C’est ce que vous souhaitez ? Qu’il continue à vous terroriser ?

Il l’entraîne à nouveau vers le bâtiment, avec l’horrible impression de l’emmener à l’abattoir.

— Je vous promets que c’est la dernière épreuve que vous aurez à subir, ajoute-t-il.

Elle aimerait tant le croire. Mais lui-même ne semble pas vraiment convaincu.

À bout de forces, elle se laisse guider jusqu’à l’accueil où un agent la dévisage avec insistance. Il faut dire qu’elle doit avoir un visage effrayant.

— Bonsoir. J’accompagne une amie qui vient porter plainte.

Cloé ne s’attendait pas à ce qu’il la présente comme une amie. Mais grâce à ce subterfuge, ils passent devant tout le monde et se retrouvent deux minutes après dans un minuscule bureau, face à un jeune homme qui n’a pas 25 ans. Cloé aurait préféré parler à une femme, mais ne proteste pas et s’assoit sagement avant de tendre sa carte d’identité.

— Mademoiselle a été agressée cet après-midi, explique Gomez. Elle est un peu sous le choc, mais elle va t’expliquer ce qui lui est arrivé.

Le lieutenant sourit à Cloé, histoire de la mettre en confiance.

— Je vous écoute, mademoiselle.

Cloé se concentre pour ne pas pleurer. Tout, sauf inspirer la pitié. Elle prend une profonde inspiration, puis une autre. Malgré ce froid qui la ronge jusqu’aux os, elle aurait envie qu’ils ouvrent une fenêtre. Sauf qu’il n’y en a pas.

— Prenez tout votre temps, ajoute gentiment le flic. Je comprends que ce n’est pas forcément facile.

— Je… je suis allée faire un tour en forêt…

Le lieutenant ne prend aucune note. Il se contente d’écouter attentivement.

— La forêt de Sénart, je crois. J’ai fait une longue promenade et puis j’ai voulu regagner ma voiture.

Elle s’arrête, Alexandre pose une main sur son épaule.

— Continuez, Cloé.

— C’est là que je l’ai vu. Il était appuyé sur ma bagnole. Habillé en noir, avec une capuche sur la tête. Il portait des lunettes de soleil et une sorte de… de foulard autour du cou, qui cachait la moitié de son visage.

Les deux flics sont suspendus à ses lèvres, même si Alexandre connaît déjà l’histoire. Mais peut-être va-t-il entendre une version plus détaillée. Plus claire aussi. Les sanglots en moins.

— Quand je l’ai vu, je me suis sauvée, je suis repartie en courant dans l’autre sens…

— Pourquoi ça ? interroge le lieutenant.

— Pourquoi ? répète Cloé. Mais… parce que c’était lui !