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— Officieusement, répéta-t-il, comme pour lui-même.

Son regard ne quittait pas Malko comme s’il le soupesait mentalement. Encore hésitant mais tenté. Malko sentait que son courage avait favorablement impressionné l’Arabe. Mais que tout ne tenait qu’à un fil…

Une lueur à la fois cruelle et gaie brilla soudain dans les yeux globuleux du sheikh Abu Sharjah. Ce n’est pas pour rien que le sang de dix générations de Bédouins coulait dans ses veines…

— Nous allons aller voir Jafar, dit-il.

Il pencha la tête à la portière et aboya un commandement rauque. Aussitôt les deux Noirs se glissèrent à l’arrière de la Buick, écartant les mitraillettes plaquées or pour s’asseoir sur le plastique glacé, posant leurs cimeterres par terre. Abu Sharjah sourit à Malko.

— Ces deux-là sont venus à pied du Yémen, expliqua-t-il. Je parle leur dialecte et ils se feraient tuer pour moi. Comme votre chauffeur. Il vient d’Oman. Il y a trop de pro-palestiniens dans la police…

Le sheikh manœuvra pour sortir de la cour, suivi de la Chevrolet. Un troisième véhicule avala les civils qui avaient ceinturé Malko.

— Ces maisons sont désertes ? s’étonna celui-ci.

— Grâce à la bonté de notre oncle l’émir, expliqua Sharjah. C’étaient de pauvres pêcheurs de perles qui habitaient ici. L’émir leur a fait construire des maisons neuves en dehors de la ville. Celles-ci sont abandonnées aux rats…

La Buick jaillit sur l’avenue Al Khalij Al Arabi et tourna à droite. Conduisant d’une main, le sheikh remplit son gobelet et poussa une cassette dans son lecteur.

* * *

Jafar avala au goulot une rasade de scotch à étendre raide le Prophète lui-même. Les murs de marbre semblaient se gondoler. Il avait déjà vomi deux fois, mais n’en avait cure. Il tituba jusqu’au grand lit où s’était recroquevillé la fille et la tira par les cheveux…

Elle hurla. Il tira plus fort.

Comme elle résistait encore, méchamment, il lui empoigna un sein et en tordit le bout. Marietta jaillit hors du lit, essayant de fuir. La main de Jafar vola et s’abattit sur sa bouche. Elle recula et aussitôt Jafar lui décocha un violent coup de manchette dans la mâchoire. Déchaîné. Il l’attrapa, lui tordit sauvagement les poignets derrière le dos et la fit s’agenouiller sur le tapis.

Le Palestinien en profita pour reprendre son souffle. Il avait commencé à boire au milieu de l’après-midi, quand il avait fouillé le « cabinet à boissons », cherchant quelque chose à voler. L’étrangère ne savait même pas que le prince avait été tué. La police ne l’avait même pas interrogée… Jafar n’avait vraiment pensé à la violer qu’en l’entendant prendre une douche. Cela avait été très vite. Il l’avait prise, encore trempée, à même le marbre de la salle de bains. Puis il s’était remis à boire, lui interdisant de partir, grisé par sa puissance.

La maison était isolée. Les cuisiniers, avertis du meurtre, étaient terrés dans leur cabane au fond du parc. Jafar s’était juré de profiter de cette fille tant que ses forces le lui permettraient. C’était sa façon à lui de lutter contre l’impérialisme sioniste.

Plus il buvait plus les phantasmes lui montaient à la tête. Il se laissa tomber à genoux près d’elle. Sa peau blanche était marbrée d’ecchymoses. Ses yeux gonflés à force de pleurer. Mais, pour Jafar, elle était encore merveilleusement belle.

Un hoquet le secoua et il vomit sur le tapis. La puanteur du scotch putréfié fit aussitôt vomir Marietta à son tour.

— Laissez-moi ! hurla-t-elle.

— Chienne ! grogna Jafar.

Il alla jusqu’à la cuisine, se passa la tête sous l’eau, revint, un peu dégrisé, s’arrêta, fixant la croupe de la jeune Anglaise. Aussitôt Marietta se releva pour fuir.

Jafar la rattrapa, la saisit par-derrière, entourant sa taille de son bras et la jeta en travers de la selle de chameau à laquelle son maître aimait s’adosser pour réciter le Coran.

La vue de cette croupe offerte, cambrée, marbrée de coups, mit Jafar hors de lui. Épuisée, Marietta s’était laissée aller, la tête en bas, les cheveux dans la figure. Elle sentit soudain deux pouces durs s’écraser sur la chair douloureuse de ses reins, et elle se crispa de douleur.

— Porc, infect cochon, ordure… hurla-t-elle.

En Europe, elle avait souvent vendu son corps. Mais jamais avec cette sauvagerie. Les hommes qui l’achetaient la respectaient comme un objet de luxe. Pas celui-là. Elle sentait qu’il la haïssait.

Elle appuya ses mains au mur devant elle pour tenter de se redresser, ne réussit qu’à faire saillir encore plus ses reins. Jafar avait déjà débouclé sa ceinture. L’athlétique Palestinien se guida en elle et transperça la vaine crispation de ses muscles secrets. Brusquement calmé, il resta là à pétrir les hanches élastiques de Marietta, la tête bourdonnante de phantasmes. Il avait eu envie de prendre cette fille de cette façon depuis qu’il l’avait vue, insolente de beauté, débarquer de la Cadillac de son maître.

Les mains accrochées devant elle à un rideau, Marietta ne lui offrait plus qu’un corps sans résistance, passif, étranger.

Soudain, il bougea dans ses reins, et une douleur atroce la traversa. Elle hurla. Jafar éclata d’un rire sauvage. Sans se retirer, il rafla la bouteille, en renversa au creux des reins de la fille, et but une rasade à s’étrangler… Marietta se contorsionnait frénétiquement pour tenter de se débarrasser de l’éperon qui la déchirait ou au moins de lui faire atteindre son plaisir rapidement.

Mais Jafar continua sa navette massive à travers ses reins. Le corps de Marietta était enflammé par la douleur de la taille aux genoux. Les dures aspérités de la selle de chameau lui meurtrissaient le ventre. Soudain, elle cessa de lutter, le corps couvert d’une sueur froide et nauséabonde. Déçu, Jafar lui claqua les fesses plusieurs fois. Sans obtenir de réaction.

Soudain, son regard tomba sur deux cimeterres accrochés au mur, souvenirs de famille du prince Saïd. Une lueur mauvaise illumina son regard. Il se pencha en avant et en décrocha un.

L’assurant solidement dans sa main droite, il le brandit au-dessus du cou de la jeune Anglaise. Jadis, les Bédouins trop pauvres pour se payer une femme sodomisaient un canard dont ils tranchaient le cou au moment du spasme afin de s’assurer de la part du volatile, une coopération sans faille. Cela devait marcher aussi avec une jolie Anglaise blonde !

— Redresse-toi, chienne, gronda le Palestinien.

Il commença à la labourer brutalement. Quand il se sentit prêt à exploser, il leva le cimeterre, visant la nuque.

Les cheveux rabattus sur la figure, Marietta ne voyait rien.

* * *

Les deux géants noirs se glissèrent sans bruit dans la pièce. Ils étaient entrés par la porte-fenêtre donnant sur le parc, leurs énormes cals leur permettaient de marcher n’importe où pieds nus. Ils s’immobilisèrent derrière le dos de Jafar. Ce dernier se démenait contre la selle de chameau avec des contorsions grotesques. Ils aperçurent les cheveux blonds et le cimeterre levé.

Ils bondirent en même temps. Juste au moment où la lourde lame s’abattait. Dans son ivresse, Jafar ne s’était même pas aperçu de leur intrusion. Un des géants arriva à temps pour le pousser de côté, détournant la lame. Au lieu de décapiter Marietta, le cimeterre arracha un morceau de sa joue droite. Son hurlement glaça le sang de Jafar. Il n’eut pas le temps de réagir. Déjà les deux Yéménites le jetaient à terre, le rouant de coups de pied, sans même daigner le menacer de leurs cimeterres. Marietta se releva, l’os de la mâchoire à nu, perdant son sang à flots, prit dans sa paume le morceau de chair à moitié arraché, essaya de le remettre en place, se précipita dans la salle de bains en hurlant comme une possédée.