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— C’est gai, ici ! murmura-t-elle.

Ils se trouvaient à une vingtaine de kilomètres de Santiago, dans une sorte de chalet, animé par un petit orchestre. Malko dégagea son poignet pour regarder l’heure.

— Il est minuit et demi.

Oliveira sourit.

— Avec moi, tu ne crains rien. J’ai un laissez-passer.

— Signé probablement par le colonel Manuel Chunio, le Bourreau de Los Angeles. Son papa.

— Si nous tombons sur le lieutenant Aguirre, remarqua-t-il, il risque de ne pas apprécier.

Elle rit. Complice.

— Impossible. Il est de service toutes les nuits à la D. I. N. A. en ce moment. Il est très ambitieux. Mais il va sûrement me téléphoner. Pour voir si je suis là. Alors, il vaut mieux que nous rentrions…

— Il n’est pas jaloux ?

Oliveira pouffa.

— Comme un couguar. S’il savait… Mais il peut attendre.

Elle s’interrompit, se détacha de lui, les yeux brillants, tira sur son pull, ce qui eut pour effet d’accentuer le défi de sa poitrine.

— Viens.

Dès qu’ils furent dans la Datsun, elle se lova contre lui, riant quand les virages la projetaient contre la portière. Malko flottait sur un petit nuage agréable, aidé par l’alcool et la fatigue. Avec pourtant une petite idée qui lui trottait derrière la tête… Dans son métier il lui était, hélas, difficile de dissocier complètement l’agréable de l’utile.

* * *

Oliveira glissait entre les mains de Malko comme une anguille qui se serait égarée dans un aquarium de Miss Dior…

Le lourd vin chilien avait déchaîné chez elle une folie érotique communicative. Mais pour une raison incompréhensible, elle se refusait à lui, se contentant de caresses sophistiquées, allant de la fellation passionnée à l’usage extrêmement spécial de ses cils. Agenouillée à côté de Malko, elle avait entrepris de compter du bout de sa langue pointue les hématomes bleus et noirs qui constellaient le corps de Malko, lui infligeant chaque fois une délicieuse secousse électrique. Il commençait à se demander si la douce Oliveira n’avait pas envie d’être violée…

Tout à coup, elle l’abandonna, allongé sur la moquette, pour farfouiller dans le tiroir de sa table de nuit.

Il devinait son corps bronzé dans la pénombre avec les marques blanches des fesses rondes. Il n’y avait pas encore de bronzage intégral au Chili.

Elle se retourna, revint vers lui, l’embrassa, en appui sur les mains. Puis sa bouche glissa le long de sa poitrine, il sentit de nouveau la caresse délicate et habile de sa langue, vite remplacée par ses doigts souples.

Occupés à une étrange besogne…

Il se redressa sur les coudes, intrigué.

— Qu’est-te que tu fais ?

— Laisse-toi faire !

Il la sentit glisser quelque chose autour de son sexe. Comme un anneau de caoutchouc qui le serrait sans lui faire mal. Les ongles courts d’Oliveira le firent glisser à mi-hauteur de son organe. Puis, elle s’allongea sur lui doucement, de tout son corps. Ondulant doucement, laissant glisser les jambes de chaque côté des siennes, se cambrant comme une chatte en chasse.

— Viens maintenant, murmura-t-elle.

Ils roulèrent sur la moquette. Il la renversa sous lui, s’enfonça avidement en elle.

Elle se cabra.

— Doucement. Doucement.

Il obéit, demanda, bouche contre bouche :

— Qu’est-ce que tu m’as mis ?

Après, haleta-t-elle, je te dirai…

Il commença à bouger avec plus de douceur. Se contrôlant comme il sied à un gentleman, même en rut.

Les reins d’Oliveira se creusèrent sous lui.

— Loin ! réclama-t-elle d’un ton soudain impérieux.

Son injonction déchaîna Malko : sa partenaire poussa soudain un râle rauque, inattendu. Elle qui n’avait jamais desserré les lèvres. Lorsqu’il se retira, croyant l’avoir meurtrie et qu’il revint ensuite, n’en pouvant plus, son râle se transforma en cri rauque de chatte couverte. Malko sentit ses jambes se raidir et se refermer autour de lui. Elle en tremblait. Il accéléra le rythme, lui arrachant un vrai rugissement. Puis, elle se mit à râler sans discontinuer. Ses doigts aux ongles courts ancrés dans ses épaules, les jambes nouées dans son dos, comme une tenaille, pliées en accordéon.

— Doucement, doucement, supplia-t-elle.

Il sentit le tremblement venir du fond de son bassin, à l’accélération de ses mouvements. Il allait et venait toujours aussi lentement, faisant appel à toute sa volonté pour se contrôler et le râle ininterrompu le fouettait comme un aphrodisiaque extraordinaire. Oliveira lui griffait le dos comme si elle avait voulu le peler comme une orange.

La tornade qui surgit de ses reins lui fit oublier toutes les recommandations de prudence d’Oliveira. Il la martela avec férocité, ne pensant soudain plus qu’à son plaisir à lui. L’effet fut extraordinaire.

Le cri d’Oliveira se cassa, elle demeura la bouche ouverte, laissant Malko apercevoir son gosier, tétanisée, tremblante, tendue en arc sous lui, soulevant ses 80 kilos à la seule force de son orgasme. Puis le cri reprit quand ses poumons se remplirent d’air à nouveau, si fort qu’il fit peur à Malko. Il allait sûrement jusqu’à Providencia. De quoi faire rêver toutes les lolas et leurs pololos…

Malko retomba, foudroyé, mais Oliveira continua à gémir, à hoqueter, se trémoussant sous lui comme si un membre invisible continuait à la labourer. Malko, en nage, haletant, ne pensait même plus à l’étrange anneau qu’Oliveira avait glissé autour de lui. La jeune femme se calma enfin, l’écarta avec un sourire repu. Sa main descendit et ôta l’anneau mystérieux. La lumière de la lampe de chevet éclairait les cernes bistre sous les yeux, la bouche gonflée, les étranges pupilles cobalt dilatées, pleines d’une joie animale.

Elle montra à Malko, dans le creux de sa main droite, un bout de ficelle rond d’où partaient des aspérités circulaires.

— Tu sais ce que c’est ?

C’était la machine infernale qui avait déclenché ce super-orgasme.

— Non, dit Malko.

— C’est un guesquel. Cela vient de Bolivie. Les aimaras le fabriquent avec une paupière de lama à laquelle on a laissé ses cils. Lorsque tu fais l’amour, ceux-ci se raidissent. J’ai l’impression d’avoir une pelote d’épingles qui tenterait frénétiquement de s’échapper de moi. C’est tellement fort, c’en est presque insupportable. Seulement, il ne faut pas y aller trop vite parce que je pourrais mourir ou peut-être devenir folle, ne plus penser qu’à cela…

Malko contempla le guesquel. Rêveur. Décidément la civilisation inca était encore plus avancée qu’on ne le croit…

— Qui te l’a donné ?

— Le premier garçon avec qui j’ai fait l’amour après mon divorce. Parce que je n’arrivais pas à jouir. Un Bolivien beau comme un dieu. Il est retourné là-bas, mais il m’a dit que je n’oublierais jamais, que je penserais à lui chaque fois que je ferais l’amour avec le guesquel… Que sans lui, cela me paraîtrait fade…

— C’est vrai ?

C’est vrai, dit-elle gravement. C’est comme une drogue. Les « machos » d’ici me tueraient s’ils savaient que je pense à un autre homme en faisant l’amour avec eux…