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gresse.

Celui qui paraissait être le chef resta un Il avait trouvé le trésor.

long moment silencieux. Puis il s'adressa à

l'un de ses acolytes :

«On peut le laisser aller. Il n'a rien d'autre. Cet or, il avait dû le voler. »

Le jeune homme tomba la face sur le sable. Deux yeux cherchèrent les siens; c'était le chef de la bande. Mais le jeune homme regardait dans la direction des Pyramides.

« Allons-nous-en », dit le chef à ses compagnons.

Puis il se tourna vers le jeune homme :

«Tu ne vas pas mourir, lui dit-il. Tu vas vivre, et apprendre qu'on n'a pas le droit d'être aussi bête. Ici, exactement là où tu te trouves, il y a maintenant près de deux ans, j'ai fait un rêve qui s'est répété. J'ai rêvé que je devais aller en Espagne, chercher dans la campagne une église en ruine où les bergers allaient souvent dormir 216

EPILOGUE

Il se nommait Santiago. Il arriva à la petite église abandonnée alors que la nuit était déjà tout près de tomber. Le sycomore poussait toujours dans la sacristie, et l'on pouvait toujours apercevoir les étoiles au travers de la toiture à demi effondrée. Il se souvint qu'une fois il était venu là avec ses brebis et qu'il avait passé une nuit pai-sible, à l'exception du rêve qu'il avait fait.

Maintenant, il était là sans son troupeau.

Mais il avait avec lui une pelle.

Il resta longtemps à contempler le ciel.

Puis il tira de sa besace une bouteille de vin, et en but. Il se rappela cette nuit dans le désert où il avait également regardé les étoiles et bu du vin avec l'Alchimiste. Il pensa à tous les chemins qu'il avait parcourus, et à l'étrange façon dont Dieu lui avait montré le trésor. S'il n'avait pas cru aux rêves qui se répètent, il n'aurait pas rencontré la gitane, ni le roi, ni le voleur, ni... «La liste est bien longue, c'est vrai; mais le chemin était jalonné par les signes, et je ne pouvais pas me tromper», se dit-il.

Il s'endormit sans en avoir conscience 219

et, quand il s'éveilla, le soleil était déjà

laient le souvenir de ce vieux roi qu'il ne haut. Alors, il se mit à creuser au pied du rencontrerait plus jamais.

sycomore.

«En vérité, la vie est généreuse pour

«Vieux sorcier, se disait-il, tu étais celui qui vit sa Légende Personnelle», au courant de tout. Tu as même laissé un pensa-t-il.

peu d'or pour que je puisse revenir jusqu'à

Et il se souvint alors qu'il devait aller à

cette église. Le moine a bien ri quand il Tarifa, et donner la dixième partie de tout m'a vu reparaître en haillons. Est-ce que cela à la gitane. «Comme les gitans sont tu ne pouvais pas m'épargner cela ? »

malins ! » se dit-il. Peut-être parce qu'ils Il entendit le vent lui répondre: «Non.

voyageaient tellement.

Si je te l'avais dit, tu n'aurais pas vu les Mais le vent se remit à souffler. C'était le Pyramides. Elles sont très belles, tu ne levant, le vent qui venait d'Afrique. Il trouves pas ? »

n'apportait pas l'odeur du désert, ni la C'était la voix de l'Alchimiste. Il sourit, menace d'une invasion des Maures.

et se remit à creuser. Au bout d'une demi-En échange, il apportait un parfum qu'il heure, la pelle heurta quelque chose de connaissait bien, et le murmure d'un bai-dur. Une heure après, il avait devant lui un ser, qui arriva doucement, tout douce-coffre plein de vieilles pièces d'or espament, pour se poser sur ses lèvres.

gnoles. Il y avait également des pierres Il sourit. C'était la première fois qu'elle précieuses, des masques en or avec des faisait cela.

plumes blanches et rouges, des idoles de

« Me voici, Fatima, dit-il. J'arrive. »

pierre incrustées de brillants. Des vestiges d'une conquête que le pays avait oubliée depuis bien longtemps et que le conquérant avait omis de raconter à ses descen-dants.

Il tira de sa besace Ourim et Toumim. Il ne s'était servi des deux pierres qu'une seule fois, sur un marché, un certain matin.

La vie et sa route avaient toujours été peuplées de signes.

Il rangea Ourim et Toumim dans le coffre d'or. Ces deux pierres faisaient, elles aussi, partie de son trésor, puisqu'elles rappe-220