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Hereford hoche la tête une fois, le visage totalement dénué d’expression.

— Vous êtes certain que notre proposition est supérieure à celle-ci ?

— Oui, grince McPherson. Nous avions une meilleure proposition.

Hereford pince les lèvres. Au bout d’un moment, il dit :

— Si nous les laissons faire cette fois, ils se sentiront libres de recommencer. L’ensemble du processus des offres sera perturbé.

Il regarde Lemon.

— Nous allons déposer une plainte.

La possibilité n’en avait même pas effleuré McPherson. Son regard se rive sur Hereford. Une plainte !…

Lemon commence à dire quelque chose :

— Mais…

Hereford le coupe d’un geste de la main, une preste mise à l’écart. Peut-être est-il lui aussi en colère ? Impossible à dire.

— Contactez notre cabinet d’avocats ici à Washington et commencez à leur donner tous les détails. Nous devons faire vite. S’il y a des irrégularités dans leur mise en conformité avec l’A.O., nous pourrons peut-être obtenir une ordonnance du tribunal pour stopper immédiatement l’attribution.

Une ordonnance du tribunal.

L’estomac de McPherson commence à revenir à la normale, petit à petit. Ils peuvent bénéficier d’un recours en justice, apparemment. C’est un domaine nouveau pour lui, il n’y connaît pas grand-chose.

Lemon déglutit, acquiesce.

— Très bien. Nous allons le faire.

McPherson se force à inhaler profondément plusieurs fois, songeant ordonnance du tribunal ordonnance du tribunal. Pendant ce temps, de l’autre côté de la salle, les gens de la Parnel sont toujours au paroxysme de la joie, ces salopards malhonnêtes. Ils savent mieux que quiconque qu’il ne leur est pas possible de construire le système Abeille-Tempête pour seulement six cent quatre-vingt-dix-neuf millions. Ce n’est qu’un stratagème pour décrocher le marché ; plus tard, ils pourront invoquer certains malheureux « dépassements de devis ». Il ne peut s’agir que d’un plan délibéré de leur part, d’un mensonge délibéré. Voilà la concurrence, les gens contre lesquels il doit avancer son propre travail : des tricheurs et des menteurs. Avec l’Air Force pour les suivre tout du long, pour s’y associer complètement, aux tricheries et aux mensonges. Les contrôlant, en fait. Se sentant physiquement malade, McPherson s’assied lourdement et parcourt la brochure, sans rien voir du tout.

35

Sandy Chapman est au milieu d’une journée de travail ordinaire, sniffant du Polymorphée en écoutant les Underachievers avec son ami et client John Sturmond, regardant le championnat de deltaplanes de Victoria Falls sur le mur vidéo de John et discutant des possibilités commerciales d’un hallucinogène auriculaire à petite échelle. Soudain, la copine de John, Vikki Gale, entre en trombe, toute bouleversée.

— On nous a truandés !

Il s’avère qu’elle et John ont fourni presque un litre de Bourdon à un de leurs dealers nommé Adam, qui a maintenant disparu de la face du C. d’O. Aucune chance de le retrouver, ou de se faire payer, ce qui signifie qu’ils en sont d’une dizaine de milliers de dollars. Envolés comme un billet d’un dollar perdu dans la rue, et sans recours possible aux objets trouvés. Ou à la police. Le prix qu’on paie pour avoir commis une erreur de jugement à propos de quelqu’un.

Vikki, effondrée sur le canapé, pleure. John s’est levé et tourne en rond à grands pas en criant :

— Bordel ! Bordel ! Bordel ! Je savais que j’aurais pas dû faire confiance à ce type !

S’ensuit une atmosphère lourde et lugubre. Sandy soupire, fouille dans son sac Adidas et en ressort un gros compte-gouttes de California Mello.

— Là, fait-il. Il n’y a qu’une seule solution dans une situation comme celle-ci, et c’est de se défoncer le plus possible.

Ils se mettent donc à ciller.

— Considérez ça comme un événement, débite Sandy. Une expérience, je veux dire, combien de fois est-ce que ça arrive ? C’est super, en un sens. Ça en apprend un peu sur les royaumes de l’expérience et de l’émotion.

— C’est sûr, dit Vikki.

— Je te suis, dit John.

— D’ailleurs, c’est moi qui vous ai fournis, et j’ai donné mon accord pour que vous fournissiez ce voleur d’Adam, alors je partagerai la perte avec vous pour moitié. Nous n’aurons qu’à vendre plus et nous renflouer.

— Sûr. C’est vraiment tubulaire de ta part, mon vieux. Absolument inouï !

Ils cillent du Drôle d’Os. Maintenant, toute l’histoire les frappe par son comique, mais ils sont trop béats pour rire.

— C’est une industrie à haut risque.

Gloussements.

— Notre portefeuille d’investissements vient de se faire la malle.

Petits rires.

— On s’est fait complètement baiser.

Mais derrière tout ça, derrière la tentative pour encaisser le coup avec style, Sandy réfléchit furieusement. Il s’attendait à toucher plusieurs milliers de dollars de John et Vikki, que ceux-ci pensaient apparemment obtenir d’Adam l’absent. Tant pis !

Mais il a besoin de ces plusieurs milliers de dollars pour acheter son stock lors de la prochaine livraison de Charles, qui ne travaille que payé comptant. Sans cet argent, il se retrouve avec un sérieux problème de cash-flow, surtout compte tenu des monstrueuses factures du centre médical de Miami. Il se met à faire de sérieux comptes dans sa tête, où se trouvent de toute façon tous ses registres, tout en tenant sa part de la conversation avec John et Vikki.

À un moment de cette conversation, John dit quelque chose que Sandy trouve particulièrement intéressant et, une fois qu’il a fini ses calculs – qui restent démoralisants –, il essaie de revenir dessus.

— Qu’est-ce que tu disais il y a une seconde ?

— Hein ? fait John. Quoi ?

— Je disais, tu disais quoi ? Qu’est-ce que tu disais ? Répète-moi.

— Oh, la vache, tu m’en demandes beaucoup ! De quoi est-ce qu’on parlait ?

— Euh, d’un boulot dangereux, quelque chose à propos des activités risquées qui sont les nôtres, et tu as parlé d’installations aérospatiales.

— Oh, oui ! C’est vrai. Ce type que je connais, Larry, il travaille pour un ami de San Diego qui fait de l’espionnage industriel. Il se glisse dans des bureaux habillé en réparateur ou en gardien et il pique des papiers ou des disquettes. Bon, c’est déjà assez risqué, mais il m’a dit que ça a été récemment l’escalade jusqu’au sabotage.

— Ouais, ouais, je crois que j’en ai vaguement entendu parler, dit Sandy. (Il y a un lien entre ça et quelque chose qu’il a entendu… Quand était-ce ?) Tu connais l’ami en question ?

— Larry n’a pas mentionné son nom. Mais ils louent leurs services à des gens qui ont envie de voir le travail fait, apparemment, et Larry mouille. Même si la paie est bonne, il ne se sent pas très à l’aise, vu la tournure que prennent les choses.

— Il fait le vrai sabotage lui-même ?

— En partie. Et il emploie aussi d’autres personnes. Comme ton copain Bastanchury.

— L’ami Arthur ?

Sans émotion, Sandy réfléchit. Jusqu’à présent, il n’avait pas encore situé la précédente conversation qu’il avait eue sur ce sujet, mais avec la référence à Arthur lui reviennent la fête à Torrey Pines Cliff, le tête-à-tête à l’opium avec Bob Tompkins. Qu’est-ce que Bob avait dit ? Waow. Il y a un problème en ce qui concerne la consommation de drogue, chez Sandy : il lui est possible de fonctionner dans le présent, tout juste, à condition de se concentrer au maximum, mais le passé… Le passé tend à disparaître. Un tas de pistes s’entrecroisent dans son cerveau, et il ne semble pas disposer d’un programme terrible pour naviguer dessus.