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Elle ferma les yeux.

Elle vit Addy quitter furtivement le lit de la rivière. La jeune fille jetait des regards apeurés autour d’elle, craignant d’apercevoir son agresseur. Et s’il revenait. Et s’il avait l’intention de recommencer. À la salle des fêtes, le bal se poursuivait. La seule pensée qui se frayait un chemin dans son cerveau était de rentrer à la maison sans croiser la route de personne. Elle voulait n’être vue de personne, voulait que personne ne sache, ne voulait dire à personne ce qui s’était passé. Elle barricadait les portes à double tour et fermait les fenêtres, allait s’asseoir sur une chaise dans la cuisine et se balançait d’avant en arrière en s’efforçant d’effacer cette infamie de son esprit. Elle pleurait, tremblait, pleurait encore et encore.

Elinborg s’enfonça profondément le visage dans l’oreiller.

Elle entendit dans le lointain quelqu’un qui frappait doucement à une porte, vit un petit poing s’élever en l’air pour frapper un peu plus fort, vit Lilja sur le perron de la maison d’Edvard au moment où Runolfur apparaissait.

— Oh, s’étonnait-elle, est-ce que… je suis bien chez Edvard ?

Runolfur la toisait, souriant. Il regardait alentour pour vérifier si personne ne l’accompagnait ou si quelqu’un avait remarqué qu’ils se tenaient là.

— Si, il ne va pas tarder à rentrer, tu ne veux pas l’attendre ?

Elle hésitait.

— Je voulais juste…

— Il sera là d’ici trois minutes.

Lilja regardait la mer ; on voyait jusqu’à Akranes. Elle avait appris à faire confiance aux gens. Elle était polie.

— Je t’en prie, entre, disait Runolfur.

— D’accord, répondait-elle.

Elinborg vit le battant se refermer derrière eux et s’endormit enfin, animée d’une unique certitude : cette porte était close à jamais.

FIN

[1] La traduction donnerait quelque chose comme : Bataille de cotte de mailles (Brynhildur) Fille de Rigide comme une lance (Geirhardsdottir). (Toutes les notes sont du traducteur.)

[2] Il s’agit de l’eau chaude qui sert à chauffer les appartements et provient de l’exploitation géothermique. Une bonne partie des foyers islandais est chauffée de cette manière.

[3] Steinn signifie « pierre » et Bergur signifie « pic », « montagne ».

[4] À l’époque, avant l’effondrement de la monnaie islandaise, cela équivalait à environ 1,30 euro.

[5] Siggi est le diminutif de Sigurdur Oli. Finnur se permet ici une familiarité qui n’est pas du goût de son collègue dont on connaît le caractère quelque peu rigide.

[6] Ce jeu ressemble à celui du « Ni oui, ni non ». Il nécessite deux participants : l’un dissimule au creux de sa paume un objet qu’il cache dans son dos tandis que son partenaire l’interroge sur « ce qu’il a acheté avec l’argent qu’il a reçu de la dame de Hambourg ». Les réponses ne doivent pas contenir les mots « oui », « non », « noir » et « blanc ».