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[30: M. de Tolstoï, que j'ai cité ailleurs, expose en ces termes la doctrine des hommes politiques de son pays:

«Et qu'on ne dise pas qu'un seul homme peut faillir, que ses aberrations peuvent amener de graves catastrophes, d'autant plus qu'aucune responsabilité ne domine ses actes.

[…]

«Est-il possible d'admettre l'absence du sentiment patriotique dans un homme appelé par la Providence à gouverner ses semblables? un tel prince serait une exception monstrueuse.

«Pour ce qui regarde la responsabilité, elle existe dans la malédiction des peuples[31] et dans les tables de l'histoire qui burine sans pitié les méfaits des puissants de la terre. Où en serait l'Empire de Russie si Pierre-le-Grand eût été gêné dans l'exercice de son pouvoir?

«Où en seraient les Russes, si des députés se réunissaient chaque année pour passer six mois à délibérer sur des mesures dont la plupart d'entre eux n'ont aucune idée? Car la science gouvernementale n'est pas innée; et que deviendrions-nous, si nous n'avions pas à la tête des destinées de la Russie un monarque dont la pensée sage et énergique, libre de tout contrôle, n'est dirigée que vers un seul but: le bonheur de la Russie[32]?» (Coup d'œil sur la Législation russe. Pages 143, 144.)]

[31: Elle n'existe pas dans un pays où l'on bénit la tyrannie dans ses derniers excès. (Note du Voyageur.)]

[32: Ceci suffit, je pense, pour prouver que les idées politiques des Russes les plus éclairés de nos jours ne diffèrent pas beaucoup de celles des sujets d'Ivan IV, et que dans leur idolâtrie monarchique ils ne cessent de confondre le despotisme absolu avec un gouvernement tempéré. (Ibid.)]

[33: Karamsin d'où ceci est extrait cite les sources. (Ibid.)]

[34: Les enfants boyards sont un corps de trois cent mille hommes tenanciers de la couronne, institués comme une noblesse secondaire par Ivan III, aïeul d'Ivan IV.]

[35: Le supplice de ceux-ci fut simple: grâce enviée de bien des malheureux sous ce règne. (Note du Voyageur.)]

[36: Donc la commune était la Russie entière, moins les six mille bandits gagés par le Czar. (Ibid.)]

[37: Qui plus tard fut l'assassin de l'héritier du trône et l'usurpateur de la couronne. (Ibid.)]

[38: Ce dévouement de la victime du tyran est certainement une espèce de fanatisme particulière aux hommes de l'Asie et aux Russes. (Ibid.)]

[39: On peut voir tous les jours à la cour de l'Empereur Nicolas un grand seigneur, surnommé tout bas l'empoisonneur, et qui plaisante de ce sobriquet.]

[40: Je suppose qu'il y a ici une erreur du traducteur, et qu'il faudrait substituer le mot d'autocratie à celui d'aristocratie; mais je copie littéralement. (Note du Voyageur.)]

[41: Tel est le terme assigné par Karamsin à la tyrannie d'Ivan IV, qui régna cinquante ans. (Ibid.)]

[42: Comparaison vraiment russe et qui montre combien l'étude de l'histoire est inutile quand on en tire des conséquences forcées. Néanmoins, il faut le répéter, Karamsin est un esprit distingué; mais il est né et il a vécu en Russie. (Ibid.)]

[43: Et vous osez qualifier du titre de martyre une telle servilité! (Ibid.)]

[44: Copie littérale. (Ibid.)]

[45: Voyez dans son Code ou Concordance des lois au chap. VI, les art. 1, 2, 6 et 8.]

[46: Bruce.]

[47: Ici Pierre-le-Grand n'est-il pas plus odieux, s'il est possible, qu'Ivan IV le Terrible?]

[481: Pleurer sur sa victime est un des traits du caractère russe. (Note du voyageur.)]

[49: Ceci est pris de Laveau. J'ai lu ailleurs que cette église avait été construite sous Vassili-le-Béni, auquel on attribuait le même trait d'inhumanité dont Laveau accuse Ivan IV.]

[50: Voyez la Chronique de Moscovie, par P. Petrius suédois, imprimée en allemand, à Leipsick, en 1620, in-4, part. II, p. 159. Cette espèce d'esclavage commença vers le milieu du XIIIe siècle et dura près de deux cent soixante ans. Note par Coste. Essais de Montaigne, livre Ier, chap. 48 des Destriès, p. 14 de l'édition de Paris, Firmin Didot frères, 1836, en un seul volume. (Note de l'Éditeur de Montaigne.)]

[51: Voir plus loin le danger d'une telle illusion et la détention arbitraire d'un Français. Vol. IV, APPENDICE.]

[52: Je savais ce fait, et je l'ai noté ailleurs.]

LA RUSSIE EN 1839

PAR

LE MARQUIS DE CUSTINE

«Respectez surtout les étrangers, de quelque qualité, de quelque rang qu'ils soient, et si vous n'êtes pas à même de les combler de présents, prodiguez-leur au moins des marques de bienveillance, puisque de la manière dont ils sont traités dans un pays dépend le bien et le mal qu'ils en disent en retournant dans le leur.»

(Extrait des conseils de Vladimir Monomaque à ses enfants en 1126 Histoire de l'Empire de Russie, par Karamsin, t. II, p. 205.)

TOME QUATRIÈME

PARIS

LIBRAIRIE D'AMYOT, ÉDITEUR

6, RUE DE LA PAIX

1843

LETTRE VINGT-NEUVIÈME.

La mosquée tatare.—Comment vivent à Moscou les descendants des Mongols.—Leur portrait.—Réflexions sur le sort des diverses races qui composent le genre humain.—Tolérance humiliante.—Points de vue pittoresques.—Le Kremlin.—Citation de Laveau.—Tour de Soukareff.—Vaste réservoir d'eau.—Architecture byzantine.—Établissements publics.—L'Empereur partout.—Antipathie du caractère des Slaves et des Allemands.—Grand manége de Moscou.—Le club des nobles.—Ce que les Russes entendent par la civilisation.—Ordonnances de Pierre Ier touchant la politesse.—Goût des Russes pour le clinquant.—Habitudes des grands seigneurs.—Ravages de l'ennui dans une société composée comme l'est celle de Moscou.—Un café russe.—Costume des garçons de café.—Humilité des anciens serfs russes.—Leur croyance religieuse.—La société de Moscou.—Maison de campagne dans l'enceinte de la ville.—Maisons de bois.—Dîner sous une tente.—Vraie politesse.—Caractère des Russes.—Leur mépris pour la clémence.—L'Empereur flatte ce sentiment.—Manières gracieuses des Russes.—Leur puissance de séduction.—Illusions qu'elle produit.—Affinité de caractère des Russes et des Polonais.—Vie des mauvais sujets du grand monde à Moscou.—Ce qui explique leurs écarts.—Mobilité sans égale.—Ce qui sert d'excuse au despotisme.—Conséquences morales de ce régime.—Mauvaise foi nuisible même aux mauvaises mœurs.—Note sur notre littérature moderne.—Le respect pour la parole.—Ivrogne du grand monde.—Russes questionneurs et impolis.—Portrait du prince ***.—Ses compagnons.—Assassinat dans un couvent de femmes.—Histoires amoureuses.—Conversation de table d'hôte.—Le Lovelace du Kremlin.—Une motion burlesque.—Pruderie moderne.—Partie de campagne.—Adieux du prince*** dans une cour d'auberge.—Description de cette scène.—Le cocher élégant.—Mœurs des bourgeoises de Moscou.—Les libertins bien vus en ce pays.—Pourquoi.—Fruit du despotisme.—Erreur commune sur les conséquences de l'autocratie.—Condition des serfs.—Ce qui fait réellement la force de l'autocratie.—Double écueil.—Prétentions mal fondées.—Fausse route.—Résultats du système de Pierre Ier.—Vraie puissance de la Russie.—Ce qui a fait la grandeur du Czar Pierre.—Son influence jusqu'à ce jour.—Comment je cache mes lettres.—Pétrowski.—Chant des Bohémiens russes.—Révolution musicale opérée par Duprez.—Physionomie des Bohémiennes.—Opéra russe.—Comédie en français.—Manière dont les Russes parlent et entendent le français.—Illusion qu'ils nous font.—Un Russe dans sa bibliothèque.—Puérilité.—La tarandasse, voiture du pays.—Ce qu'est pour un Russe un voyage de quatre cents lieues.—Aimable trait de caractère.