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Toutefois les gens aisés sortaient plus volontiers dans des palanquins : notre figure 72 montre la construction de ces palanquins, derrière lesquels un serviteur tenait une espèce de grand bouclier recouvert en peau de bête, destiné à servir de capote. Le palanquin n'était d'ailleurs usité que pour aller dans un endroit très-rapproché et quand on n'était pas bien pressé d'y arriver ; autrement on employait les chars.

Fig. la. — Char égyptien.

La forme des chars est à peu près uniforme, mais fort élégante ((ig. 73). La caisse s'ouvrait par derrière et était arrondie par devant. Quelquefois le milieu de cette caisse, mais le plus souvent son extrémité postérieure repose immédiatement sur l'essieu qui est en métal et dont les extrémités sont percées de trous où on plaçait des chevillettes pour empêcher l'écartement des roues. A l'extrémité du timon, on voit le joug attaché aux harnais par des espèces d'anneaux. Les roues au nombre de deux ont de quatre à six raies. Elles devaient avoir une certaine largeur pour ne pas s'enfoncer dans le sol où elles roulaient, mais il est difficile de s'en faire une idée bien juste à cause de l'absence de perspective sur les monuments figurés. Elles paraissent avoir toujours été en métal : mais la caisse était en bois orné de peintures, et quelquefois plaqué de métaux précieux. Leur légèreté permet même de penser que quelques-unes pouvaient être entièrement en métal. La

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CONSTITUTION DE LA FAMILLE.

caisse était solidement établie sur lessieu : des montants en métal la retenaient même au timon, et une espèce de traverse, quelquefois terminée par une fleur de lotus, en augmentait la solidité ; mais il est remarquable que lessieu ait été placé à l'extrémité du char et non pas au milieu.

III

LES MORTS EN EGYPTE

Les cérémonies funèbres. — Le cclte des morts. — L'embaijiement.

Le cartonnage des momies. — Convoi d'en scribe royal.

Les convois sur le Nil. — La police des tombeaux.

Les cérémomes funèbres. — Pendant le deuil, les Égyptiens laissaient croître leur barbe et leurs cheveux, en signe d'abandon et de désolation; car en tout autre temps ils étaient rasés. Les parents, pendant le temps qui précédait l'embaumement du corps, restaient autour du défunt en gémissant et en se frappant la poitrine. Les femmes

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Fis. 74.

Les rameaux verts.

se souillaient le visage avec de la fange et parcouraient la ville en chantant des hymnes à la louange du mon. Leurs chants lugubres étaient accompagnés par le son des tambourins sur lesquels elles frappaient. En même temps qu'elles font entendre leurs complaintes, elles agitent des rameaux verts (fig. 74). La verdure, les branchages, les

LUS MOr.TS EN' EGYPTE.

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fleurs et les fruits, jouent un très-grand rôle dans les funérailles des Égyptiens, parce que tout ce qui tient à la végétation était à leurs yeux un symbole de résurrection. En effet, quand la plante a perdu sa verdure, on la voit reverdir; quand la fleur est fanée et le fruit tombé, on voit la plante porter de nouvelles fleurs et de nouveaux fruits.

Los repas funèbres accompagnaient toujours les cérémonies qui avaient lieu à la mort d'un membre de la famille. Ces repas et la toilette spéciale qu'on faisait aux convives, avant qu'ils fussent appelés à y

Fig. 75. — Pose du collier.

"6. — La pose du cône funéraire.

prendre part, forment le sujet de diverses représentations assez curieuses.

La toilette consistait principalement dans la pose du collier et des cônes funéraires.

La pose du collier est représentée sur la figure 75; et il est bon de noter que sur plusieurs La toilette funèbre. monumeuts retra-

çant des scènes funèbres on voit des colliers identiquement pareils à

CONSTITUTION DE LA FAMILLE.

celui-ci, ce qui semblerait prouver que cette forme appartienc à un type consacré par l'usage. La figure 76 montre un personnage sur la tête duquel on est en train de poser le cône funéraire. Dans le groupe placé à côté, les personnages, dont la tête est déjà surmontée du cône, tiennent en main la fleur du lotus, emblème d'immortalité.

Des scènes dans le genre de celles qu'on vient de voir se retrouvent avec quelques variantes (fig. 77).

Le culte des morts. — Si nous avons peu de renseignements sur

Fig. "S. — L'âme volant au-dessus du del'uul.

la vie intime des égyptiens, une foule de monuments nous fournissent de précieuses indications sur leurs usages funèbres, car ce peuple semble n'avoir vu dans la vie qu'une préparation à la mort. La croyance absolue à la résurrection des corps a donné lieu à de nombreuses pratiques qui ont toujours pour but de maintenir l'intégrité absolue du corps, jusqu'au moment où l'âme reviendra prendre possession de son enveloppe terrestre.

Dans les monuments figurés, l'âme apparaît sous la forme d'un épervier à tête humaine que l'on voit voler au-dessus du défunt couché sur son lit funèbre (fig. 78). La raison de cet emblème est que l'épervier représente le soleil dans le symbolisme égyptien, et que l'âme devait comme le soleil renaître après avoir disparu de la terre.

l-j^. "y — Veuve devant la momie de son mari.

LES MORTS EN EGYPTE.

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La momie était pour les Égyptiens l'objet d'un véritable culte : de nombreuses représentations en font témoignage. La figure 79 représente une veuve devant la momie de son mari. Pour cette veuve, le personnage contenu dans la momie est toujours vivant : il est insensible et sans mouvement jusqu'au jour de la résurrection, mais il reprendra son corps, et il doit le retrouver intact. La fleur de lotus symbole d'immortalité, est placée au-dessus de sa tête, et tous les soins que sa famille prend de sa dépouille terrestre ont pour but de conserver son corps tel qu'il l'a laissé, afin qu'il puisse un jour l'animer d'une vie nouvelle.

Tous les emblèmes représentés sur les momies et

Fig au. — Pemturo de sarcophage.

CONSTITUTION DE LA FAMILLE.

les sarcophages ont trait à la même croyance, qui était admise non-seulement dans l'Egypte, mais encore en Ethiopie et dans toute la vallée du Nil. La figure 80 est tirée d'un monument découvert en Nubie. Le personnage qu'elle représente lève ses deux bras en l'air et on voit à ses côtés des signes astronomiques faisant allusion aux espaces célestes que le défunt doit parcourir à l'image du solciL Mais quand on approche de la tête, les emblèmes changent de caractère, et on trouve le scarabée, l'animal qui naît de la pourriture, et qui, pour les Égyptiens, représente l'idée de la résurrection.

Le respect que les Égyptiens avaient pour la momie de leurs parents a donné lieu à un usage très-singulier. Lorsqu'on contractait une dette, on donnait habituellement un gage au prêteur, et le gage le plus sacré, le plus solennel était la momie des parents. Celui qui, après l'avoir prêtée, ne la retirait pas, était noté d'infamie et condamné à être lui-même privé de sépulture, ce qui constituait, aux yeux d'un Égyptien, la plus redoutable des pénalités. Quelquefois les petits-fils, devenus plus riches, acquittaient les dettes de leurs a'ieux et, après avoir obtenu la levée de la condamnation, leur faisaient de magnifiques funérailles (Diodore de Sicile). Ainsi le corps embaumé, précisément parce qu'il était l'objet le plus cher à la famille, acquérait une sorte de valeur de négoce et pouvait en quelque sorte servir do billet de commerce.

Les prescriptions religieuses ordonnaient l'embaumement des corps, et quelques savants ont vu là une mesure hygiénique, à laquelle le sacerdoce avait donné une consécration religieuse. Le christianisme triomphant proscrivit les anciennes coutumes comme entachées de