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— Ton copain vient d’avouer que vous apparteniez à la C.I.A.

— La belle blague ! dit le Commander. Il vous a bourré le mou, dans ce cas. Et Roy est un imbécile et un traître, s’il n’a pas pu ou voulu vous en avertir. Vous savez très bien qu’il connaît le nom et le signalement de chaque agent de Washington opérant en Amérique du Sud.

L’argument porta, car Caracas parut sérieusement embarrassé. Il réfléchit quelques secondes.

— Vous vous prétendez indépendants ?

— Nous le sommes.

— Mais la CI. A. se méfie peut-être de Roy et vous a expédiés ici sans le mettre au courant.

— Oui, bien sûr, ça serait possible, reconnut Kovask, mais que serions-nous allés faire à la Marginale, dans ce cas ? Nous faire repérer par Roy ? Avouez que nous aurions été absurdes. Non, en fait, au Guatemala, nous avons entendu parler de cette piste, la piste « Fidel Castro ». Notre première idée a été de nous faire embaucher comme camionneurs pour toucher de l’argent. Puis, nous avons pensé que nous pourrions faire mieux si nous fournissions aux Américains la possibilité de découvrir cette piste depuis le ciel. Un copain installé à Panama nous a fabriqué les balises et nous a fourni les micro-grenades. Je ne sais pas où il s’est procuré ce matériel, mais nous l’avons payé cher, près de deux mille dollars. Et nous lui en devons encore autant.

— Pourquoi ce séjour aux chantiers de la Marginale ?

— Parce qu’on nous avait dit que, là-bas, nous pourrions obtenir des tuyaux sur la piste secrète. Vous voyez que le renseignement était excellent, puisque nous avons pu nous faire embaucher.

— Vous mentez ! cria soudain Caracas, perdant son calme. Vous appartenez à un autre service secret américain chargé de découvrir les agissements de Roy et la piste « Fidel Castro » en même temps. Allongez-vous sur le sol, tout de suite, ajouta-t-il ensuite.

Ils obéirent.

— Les mains sur la nuque et les jambes écartées. Vous êtes deux menteurs, mais nous en avons fait parler d’autres que vous. Nous allons vous attacher complètement nus en plein soleil. Nous avons tout le temps, maintenant, et vous finirez bien par parler.

— C’est idiot, dit Marcus. Nous sommes disposés à vous indiquer où se trouvent les balises. Nous n’avons qu’à revenir sur nos pas. Pourquoi tout compliquer ? Que pouvez-vous nous reprocher ? D’avoir voulu travailler pour notre compte et essayé de nous enrichir ? Bon, nous avons failli vous porter préjudice, mais vous avez tout découvert. Même si nous étions de la CIA., qu’en retireriez-vous ?

Caracas sourit :

— La preuve que le double jeu de Roy n’est pas très bien équilibré.

CHAPITRE XVI

Allongé sur le sol, les jambes écartées et les mains sur la nuque, Kovask trouvait la position très fatigante.

— Si vous voulez la peau de Roy, dit-il, vous avez mille moyens de vous la procurer. Je comprends votre déception que nous n’appartenions pas à un service secret, mais nous sommes décidés à collaborer franchement avec vous, maintenant.

Personne ne lui répondit. Il tourna la tête vers Caracas, vit que ce dernier regardait ailleurs, visiblement perplexe. Kovask soupira et posa son menton dans la poussière. C’est alors que devant lui, à moins de trente centimètres, il aperçut le léger renflement. Une brindille enterrée, certainement, mais, par jeu, il souffla dessus, dégagea un objet noir et long, commença d’être déçu, puis, toujours soufflant, il dispersa totalement la poussière et découvrit qu’il s’agissait d’une belle pointe un peu rouillée, mais encore en état de servir. Perdue durant la construction de la cabane dans la grotte. Il devait même y en avoir des dizaines tout autour.

— Peut-on mettre les mains devant nous ? demanda Marcus d’une voix plaintive. La position est assez fatigante.

Kovask tourna la tête et vit que son compagnon clignait de l’œil. Marcus avait également repéré la pointe et essayait de lui fournir l’occasion de s’en servir. Ainsi, il attirait l’attention sur lui seul, permettait à Kovask d’agir.

— Oui, dit finalement Caracas, mais attention à ce que tu feras.

Calmement, Marcus étira ses grands bras, surveillé par trois paires d’yeux attentifs qui, par contre, ne remarquèrent pas que le commander s’emparait de la pointe, allongeait sa main gauche en direction de la roue avant gauche du G.M.C. Il s’enfonça profondément dans le caoutchouc ramolli par la chaleur, coinça la tête dans le sol. Une toute petite marche arrière, et le clou s’enfoncerait jusqu’à la garde. Peut-être même, avec un peu de chance, en ferait-il autant en marche avant. Mais la première solution serait plus payante.

— Pourquoi ne pas continuer ? dit alors Kovask. Sous surveillance. Jusqu’au lieu de votre rendez-vous. Désormais, nous serons complètement inoffensifs et décidés à travailler pour vous. Nous vous avons prouvé que nous n’étions pas malhabiles.

— Je ne crois pas à votre histoire, dit lentement Caracas, mais je dois vous ramener à San Antonio pour que Huchi prenne une décision à votre sujet. Mais, désormais, nous allons prendre toutes nos précautions. Quand l’un de vous conduira, l’autre sera à l’arrière, ligoté et prêt à être abattu au premier mouvement suspect.

L’un des guérilleros demanda ce qu’on allait faire de la marchandise.

— Nous irons quand même au lieu de rendez-vous, dit Caracas, mais nous ne changerons pas de camion. Celui qui nous attend là-bas repartira d’où il vient avec le chargement. Quant à nous, nous rejoindrons le plus rapidement possible San Antonio.

Kovask cligna de l’œil à l’intention de Clark qui le fixait depuis un moment.

— Kovask, relevez-vous le premier, et attention à vous.

Ils les redoutaient malgré tout, savaient comment ils pouvaient combattre si Roy leur avait dit toute la vérité.

— J’ai soif et faim, dit Kovask. Vous n’allez pas nous laisser sans nourriture ?

En fait, les trois hommes étaient bien ennuyés. Aucun n’était un chauffeur expérimenté de poids lourd, et la piste n’avait rien d’une autoroute.

— Vous allez manger, vous le premier. Ensuite, ce sera le tour de votre compagnon. Attention ! Au moindre signe suspect, nous arrêtons les frais et vous ne serez nourris et abreuvés que ce soir.

Déjà, les menaces se nuançaient. On avait besoin d’eux, au moins jusqu’au rendez-vous avec la relève. Caracas le fit asseoir contre la paroi, lui jeta une boîte de haricots et de porc, un bidon contenant de l’eau. Kovask but longuement, puis mangea une partie de la boîte de conserve.

— Ça va, dit-il. Une cigarette, et je suis prêt à repartir. Mais quelques heures de sommeil ne nous feraient pas de mal, aux uns comme aux autres.

Marcus vint manger sous la menace des armes. Puis, on les envoya au fond de la grotte pour dormir. Un des guérilleros prit la veille tandis que les deux autres, dont Caracas, s’allongeaient à l’entrée.

— On tente quelque chose maintenant ? demanda Marcus. Il est seul, et dans une heure, il sera vaseux.

— Dors. Nous avons besoin de récupérer.

— Taisez-vous, dit le guérillero. Si vous n’avez pas sommeil, je vous fais marcher en plein soleil.

Kovask s’endormit, fut réveillé par une pierre que lui jeta un des guérilleros. Ils n’osaient pas les approcher de trop près. Marcus s’éveilla en même temps.

— Le soleil n’est plus dans la faille.

La montre de Marcus indiquait quatre heures. Ils avaient dormi plus de cinq heures.

— Kovask, vous prenez le volant. Vous, Clark, tournez-vous. Vous serez attaché comme convenu.