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Le colonel Arbuthnot et MacQueen arrivaient dans leur direction.

Venez dans mon compartiment, disait MacQueen au colonel. Je voudrais connaitre votre politique dans les Indes, en ce qui concerne.

Les deux hommes passèrent dans le couloir et se rendirent au compartiment de MacQueen.

Mrs Hubbard souhaita une bonne nuit à Poirot.

Je vais me mettre tout de suite au lit et je lirai, lui dit-elle. Bonne nuit !

Bonne nuit, madame.

Poirot rentra dans son propre compartiment contigu aussi à celui de Ratchett. Il se déshabilla, se coucha et lut pendant une demi-heure environ avant d'éteindre la lumière.

Quelques heures plus tard, il se réveilla en sursaut. Une soude exclamation, presque un cri, tout proche, l'avait arraché au sommeil et au même instant une sonnerie retentit.

Poirot, réveillé, se dressa sur son séant et tourna le bouton du commutateur. Le train était arrêté. sans doute se trouvait-on dans une gare.

Poirot se souvint alors, que Ratchett occupait le compartiment voisin du sien. Il se leva et ouvrit la porte. A l'instant même, le conducteur du wagon-lit arrivait en toute hâte et frappait à la porte de Ratchett. Poirot laissa sa porte légèrement entrouverte, et se tint aux aguets. Le conducteur frappa une seconde fois. Au même instant retentissait un nouveau coup de sonnette et à un autre porte plus loin apparut une lumière rouge, indiquant qu'un voyageur avait appelé.

Du compartiment le plus proche de celui de Poirot, une voix s'éleva et prononça en un français très correct :

Ce n'est rien, je me suis trompé.

Bien, monsieur.

Le conducteur se dirigea en toute hâte vers la porte où apparaissait la lumière rouge.

Poirot, l'esprit soulagé, retourna au lit et éteignit sa lampe, non sans avoir jeté un coup d'œil à sa montre. Il était exactement une heure moins vingt-trois.

Le crime

Il ne put se rendormir. Tout d'abord, il lui manquait le mouvement berceur du train. Cette gare paraissait étrangement paisible et, par contraste, les bruits intérieurs du wagon-lit devenaient extraordinairement sonores. Il entendait Ratchett remuer à côté. le déclic du lavabo, le gargouillement du robinet, puis de la cuvette, un éclaboussement d'eau, un autre déclic et la cuvette se remettait en place. Dans le couloir passa une personne en pantoufles.

Hercule Poirot, éveillé, leva les yeux au plafond. Pourquoi ce silence absolu dans cette gare ? Poirot se sentait la gorge sèche : il avait oublié de commander son habituelle bouteille d'eau minérale. Un coup d'œil à sa montre lui apprit qu'il était une heure et quart. Il allait poser le doigt sur la sonnette et demander de quoi boire, mais il s'arrêta : une autre sonnerie venait de retentir. Le conducteur ne pouvait répondre à tous en même temps.

« Ding. ding. ding. »

Où était donc l'employé ? La personne s'impatientait et continuait d'appuyer sur le bouton.

« Ding. ding. »

Soudain l'homme arriva en courant et frappa à une porte non loin de celle de Poirot.

Le détective entendit ensuite la voix déférente du conducteur, puis le caquet insistant et volubile d'une femme : Mrs Hubbard !

Poirot ne put réprimer un sourire.

L'explication dura un long moment. La dame parlait sans arrêt et laissait à peine le temps au malheureux conducteur d'avancer timidement un mot. Enfin, tout parut s'arranger et Poirot entendit distictement :

Bonne nuit, madame.

La porte se referma.

Poirot pressa alors du doigt le bouton de sonnette.

Le conducteur se précipita, l'air contrarié et affairé.

De l'eau minérale, s'il vous plaît.

Bien, monsieur.

Peut-être un clignement d'œil de Poirot incita-t-il le conducteur à quelques confidences.

La dame américaine.

Eh bien ?

L'employé s'épongea le front.

Elle prétend qu'un homme se cache dans son compartiment. Vous voyez cela d'ici ! Dans un espace aussi restreint, où pourrait-il se loger ? J'ai essayé de lui faire entendre raison et de lui démontrer l'impossibilité de ce qu'elle redoute. Elle continue à me soutenir qu'en se réveillant elle a vu un homme. Je lui demande comment il a pu s'en aller en laissant la porte fermée au loquet à l'intérieur ? Elle ne veut rien savoir. Comme si nous n'avions pas assez d'ennuis par ailleurs ! Cette neige.

La neige ?

Eh ! oui, monsieur. Monsieur n'a donc pas remarqué que le train ne marche plus ? il est arrêté par la neige. Dieu seul sait combien de temps nous resterons ici. Je me souviens d'avoir une fois été bloqué par la neige sept jours durant.

Où sommes-nous ?

Entre Vincovci et Brod.

Pas de veine ! soupira Poirot, ennuyé.

L'homme s'éloigna, puis revint avec la bouteille d'eau minérale.

Bonsoir, monsieur.

Poirot avala un verre d'eau et se disposa à dormir.

A peine se replongeait-il dans le sommeil qu'il fut de nouveau réveillé. On eût dit qu'on objet lourd était tombé près de sa porte.

Il sauta en bas de sa couchette, ouvrit la porte et regarda. Rien. Mais à droite, un peu plus loin dans le couloir, une femme enveloppé d'un peignoir rouge s'éloignait. A l'autre extrémité, assis sur son petit tabouret, le conducteur faisait des comptes sur de grandes feuilles de papier. Tout était calme.

« Décidément j'ai les nerfs malades », songea Poirot en retournant se coucher.

Cette fois, il dormit jusqu'au matin.

Quand il rouvrit les yeux, le train ne marchait toujours pas. Poirot leva le store pour jeter un coup d'œil au-dehors. D'énormes amas de neige bloquaient la voie.

Il consulta sa montre : neuf heures passées.

A dix heures moins le quart, Poirot, frais et pimpant selon son habitude, fit son entrée dans le wagon-restaurant où retentissait un chœur de lamentations.

Toutes les barrières sociales entre les voyageurs se trouvaient à présent renversées. La commune infortune rapprochait tout le monde. Mrs Hubbard geignait plus fort que les autres.

Ma fille me disait de me reposer tranquillement dans le train jusqu'à Paris. Pendant combien de jours allons-nous rester ici sans bouger ? Et mon bateau qui part après-demain ! Comment faire ? Je ne puis même pas télégraphier pour décommander ma cabine. Je suis furieuse rien que d'y penser !

L'Italien déclarait que des affaire importantes l'attendaient à Milan et le grand Américain au costume voyant essayait de consoler sa compatriote en lui disant que le train pouvait encore rattraper son retard.

Ma sœur et ses enfants qui m'attendent ! gémissait la dame suédoise. Impossible de les avertir. Que vont-ils s'imaginer ? Ils croiront sûrement qu'il m'est arrivé malheur.

Combien de temps allons-nous demeurer ici ? Quelqu'un a-t-il une idée ? s'enquit Mary Debenham.

Sa voix trahissait une certaine impatience, mais Poirot n'y retrouva aucune trace de cette inquiétude nerveuse qu'elle avait manifesttée durant l'arrêt très court du « Taurus- Express ».

Mrs Hubbard se livrait de nouveau à ses jérémiades :

Et dire qu'il n'y a personne capable de vous renseigner dans ce train ! Ces étrangers n'essaieront même pas de nous tirer de là. Ah ! en Amérique.

Arbuthnot se tourna vers Poirot et lui parla en français avec un accent britannique très prononcé :

Vous êtes un directeur de la ligne, je crois, monsieur ? Vous pouvez nous dire.