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– Cela n'est pas possible. Nous ne sortons jamais l'un sans l'autre. Nous allons partout ensemble.

– Demandez encore de l'argent à vos parents.

– Nous n'avons pas de parents. Nous habitons chez notre Grand-Mère qu'on appelle la Sorcière. Elle ne nous donnera pas d'argent.

Le cordonnier dit:

– La Sorcière, c'est votre grand-mère? Pauvres petits! Et vous êtes venus de chez elle jusqu'ici avec ces souliers-là!

– Oui, nous sommes venus. Nous ne pouvons pas passer l'hiver sans bottes. Nous devons aller chercher du bois dans la forêt; nous devons, déblayer la neige. Nous avons absolument besoin de…

– De deux paires de bottes chaudes et imperméables. Le cordonnier rit et nous tend deux paires de bottes:

– Essayez-les.

Nous les essayons; elles nous vont très bien. Nous disons:

– Nous les gardons. Nous vous paierons la deuxième paire au printemps quand nous vendrons des poissons et des œufs. Ou, si vous préférez, nous vous apporterons du bois.

Le cordonnier nous tend notre argent.

– Tenez. Reprenez-le. Je ne veux pas de votre argent. Achetez plutôt de bonnes chaussettes. Je vous offre ces bottes parce que vous en avez absolument besoin.

Nous disons:

– Nous n'aimons pas accepter de cadeau.

– Et pourquoi donc?

– Parce que nous n'aimons pas dire merci.

– Vous n'êtes pas obligés de dire quoi que ce soit. Allez-vous-en. Non. Attendez! Prenez aussi ces pantoufles et ces sandales pour l'été, et ces souliers montants aussi. Ils sont très solides. Prenez tout ce que vous voulez.

– Mais pourquoi voulez-vous nous donner tout ça?

– Je n'en ai plus besoin. Je vais bientôt partir.

Nous demandons:

– Où allez-vous?

– Comment savoir? On va m'emmener et on me tuera.

Nous demandons:

– Qui veut vous tuel, et pourquoi?

Il dit:

– Ne posez pas de questions. Partez maintenant.

Nous prenons les souliers, les pantoufles, les sandales. Nous avons les bottes aux pieds. Nous nous arrêtons devant la porte, nous disons:

– Nous espérons qu'on ne vous emmènera pas. Ou, si on vous emmène, qu'on ne vous tuera pas. Au revoir, monsieur, et merci, merci beaucoup.

Quand nous rentrons, Grand-Mère demande:

– Où avez-vous volé tout ça, gibier de potence?

– Nous n'avons rien volé. C'est un cadeau. Tout le monde n'est pas aussi avare que vous, Grand-Mère.

Le vol

Avec nos bottes, nos habits chauds, nous pouvons de nouveau sortir. Nous faisons des glissades sur la rivière gelée, nous allons chercher du bois dans la forêt.

Nous prenons une hache et une scie. On ne peut plus ramasser le bois mort tombé à terre; la couche de neige est trop épaisse. Nous grimpons sur les arbres, nous scions les branches mortes et nous les débitons à la hache. Pendant ce travail, nous n'avons pas froid. Même, nous transpirons. Ainsi pouvons-nous enlever nos gants et les mettre dans nos poches pour qu'ils ne s'usent pas trop vite.

Un jour, en rentrant avec nos deux fagots, nous faisons un détour pour aller voir Bec-de-Lièvre.

La neige n'est pas déblayée devant la masure et aucune trace de pas n'y mène. La cheminée ne fume pas.

Nous frappons à la porte, personne ne répond. Nous entrons. D'abord, nous ne voyons rien, tellement il fait sombre, mais nos yeux s 'habituent vite à l'obscurité.

C'est une pièce qui sert de cuisine et de chambre à coucher. Dans le coin le plus sombre, il y a un lit. Nous nous approchons. Nous appelons. Quelqu'un bouge sous les couvertures et les vieux habits; la tête de Bec-de-Lièvre en émerge.