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— Alors avec qui as-tu potassé ta fellation, Maria ?

— Avec des messious qué vous ne pas connaître, Messiou.

Elle est joyce de mon tutoiement, sachant qu’il ne me vient que lorsque j’ai décidé de l’embourber. Déjà elle fait bravo de la moule, l’Espanche. Elle a un accent légèrement différent de celui de Miguel, le larbin du duc, à preuve, pour « Monsieur », elle dit « Messiou », et lui « Moussiou » ! Tu te rends compte si j’ai l’oreille !

— Tu as fermé la porte à clé ?

Bien sûr, Messiou.

— Salope ! Débarrasse-moi de ce plateau.

Elle se hâte. Je rabats drap et couvrante.

— Maintenant je vais te faire passer un bac blanc de pipe, ma grande. Tu avais obtenu combien, au dernier ?

— Seis sour veinte, répond-elle piteusement.

— Six sur vingt seulement ?

— Hélas !

Je mets mes deux mains derrière ma tête et m’abandonne à ses initiatives.

— Va ! Et tâche d’être inspirée !

— Il faut bien mé dire, Messiou.

— Je te dirai. Mais à la fin seulement. Je ne suis pas moniteur d’auto-école, mais examinateur. Je te remets du papier blanc, en l’occurrence mon paf. Je te donne le sujet à traiter : fais-moi une pipe. Ensuite, à toi de jouer !

Chère fille des sierras, amoureuse, ardente même, mais si gauche ! Comme elle est pleine de bonne volonté, mais néanmoins loin du compte. Ce ne sera jamais une championne de la turlute. Quand on pratique cette discipline, il faut l’aimer à la folie. S’y consacrer de tout son être : corps et esprit. Elle, elle veut simplement « me faire plaisir », donc c’est foutu.

La pompeuse authentique, c’est surtout à elle qu’elle veut faire plaisir et, ayant cette volonté, dès lors tout devient somptueux.

Son pompage appliqué génère une certaine monotonie. Pour la surmonter, voici que Sana évoque « l’affaire ». Elle est terrible. Les protagonistes se font mettre hors jeu l’un après l’autre. Bientôt…

— Un peu plus vite ! dis-je à Maria.

Du coup, la cavale s’emballe.

— Hé ! mollo ! Y a pas le feu !

Elle se fout à chialer. C’est triste une grande bringue qui te suce en pleurant.

— Laisse, murmuré-je en lui caressant les tifs, je préfère te baiser.

Dans le fond, ça fait son blaud, Maria, que je la tringle.

— Vous mé mettez quelle note por la pipe, Messiou ? s’inquiète-t-elle sans grand espoir.

Je résume :

— Inappétence marquée, attaque trop vive, changements de rythme désordonnés, on sent les dents au moment des accélérations. Je crois que ça mérite sept sur vingt. Donc, nous sommes en progrès. Cela dit, la note est largement compensée par la fougue que nous déployons à l’oral de calçage.

Après quoi, un bon bain. Mais l’odeur sanieuse persiste. Me faudrait une séance de sauna parfumé au pin des Vosges. Peut-être irai-je me faire masser dans un findless tantôt, si je trouve un moment. Je rêve de mains pétrisseuses, ruisselantes d’embrocation. J’aimerais me faire éplucher comme une nèfle.

Mais ce tourment de l’odeur putride qui est sur moi ne m’empêche pas de gamberger. J’appelle Mathias.

Il me crible de questions, mais je le stoppe :

— Plus tard, plus tard, Rouquemoute, y a urgence. Tu vas téléphoner au duc de Sanfoyniloix de ma part, dis-lui que c’est à propos de son porte-documents. Il te recevra. Quand tu seras chez lui…

Là, tu me permettras de ne pas te révéler ce que j’enjoins à Mathias. Secret professionnel. Et puis si je te le bonnissais, tu ne m’en serais pas plus reconnaissant pour ça. Hug !

LA PERRUCHE

Tu sais quoi ?

Je vais au cinoche. Parfaitement, en plein hallali. J’ai bien dormi, bien sabré Maria ; ne me reste plus qu’à faire faire un peu de chaise longue à mon esprit survolté.

Je planque mon carrosse au parkinge de l’avenue George-V et pénètre dans une salle de la rue Vivienne où l’on programme un film de Jean-Pierre Mocky (que j’ai surnommé M. le Mocky) dans lequel tournent les trois quarts des comédiens français (les autres avaient les oreillons). La moitié de ses acteurs font voir leur bite (les hommes) et l’autre moitié leur chatte (les femmes). C’est plein d’humour grivois, de méchanceté affectueuse et de mots qui font saigner les tympans des douairières qui se sont fourvoyées céans, ayant confondu le gros paf rouge figurant sur l’affiche avec une bagnole de formule I de chez Ferrari.

L’ouvreuse me guide dans les ténèbres jusqu’à une place libre. Aussitôt, un parfum impitoyable m’agresse le tarbouif, ce qui me permet de constater que je suis assis à côté d’une dame. Sur l’écran, il y en a une autre, très sexy, qui se fait planter levrette par un éphèbe encore puceau en lui dispensant des conseils quant à la marche à suivre.

Probablement émoustillée par la scène, ma voisine pose délibérément sa main sur mon genou. Comme j’ai déjà donné, je m’emballe pas outre mesure. Mon regard s’est accoutumé à la pénombre et je louche sur l’entreprenante spectatrice. La silhouette est pas mal, vue de profil. Elle est blonde, avec un charmant nez mutin. Faut voir. Y a lurette qu’on ne m’a pas bricolé le Pollux au cinoche.

Dans mes adolescences, je chassais dur en salle obscure et il était rarissime que je ne dégauchisse pas une pécore pas regardante qui se laissait humidifier le slip avant la chute de Fort Alamo. Parfois, je tombais sur une petite dadame désœuvrée qui me palpait le Nestor sans objecter.

Je me souviens d’une Carabosse boîteuse (je m’en suis rendu compte quand on a quitté la salle) dont les manipulations expertes m’avaient chauffé au rouge. Je lui dis : « On part ! » J’y tenais plus. On s’est carapatés par la sortie de secours. On passait devant les cagoinsses. Je l’y ai entraînée, la cloclo. Elle était pas regardante sur notre nid d’amour. M’en a taillé une que je me rappelle encore, en grande pompe !

Elle avait la bouche vaste comme un hangar de Boeing 747. Des lèvres charnues et veloutées. La grande régalade ! Avant de m’attaquer à la turlute, elle m’avait dit : « Quand tu sentiras venir, retire-toi : j’aime pas “ça”. » J’avais promis, juré. Sincère. Gentleman déjà. Le côté : je suis jeunot, mais je sais vivre ! Et puis au moment de l’arrivage j’ai pas pu tenir ma promesse, tellement c’était fameux. L’extase me paralysait. Alors là, je l’ai prise au dépourvu, Mémère. Oh ! la bourrasque ! Hiroshima, mon amour ! Vlaoufff ! Plein cadre ! Elle a dérouillé jusqu’à l’œsophage. La trombe ! Jacob Delafon ! L’asphyxie. Elle a gloupé follement. En se débattant, son mauvais pied a ripé. C’était des chiches à la turque. Sa canne follingue s’y est enfoncée.

Moi, d’une lâcheté abominable, abject jusqu’aux tréfonds, j’ai rentré mon panais et mis les voiles. J’aurais bien voulu savoir si le chef indien cruel allait se faire aligner par le lieutenant Morrison à la fin du film. Mais tant pis pour mon incertitude. Selon moi, il devait s’en prendre une dans les plumes.

A cette époque, c’était toujours les Indiens, les méchants. Maintenant, ils sont gentils. On les a génocidés et ça crée des liens. Alors, on les aime, tu penses ! Ils sont si « réservés », ces braves Peaux-Rouges ! Ex-réducteurs de têtes de nœuds ! « Œil de Vrai Con » et « Langue de Velours », c’est pas permis l’à quel point on s’en est entichés. Le pied ! L’honey moon. Il en reste si peu. Les tout derniers, on les fait venir à la téloche, on leur tape dans le dos, on lisse leurs plumes, leur bourre leur calumet, leur fait des pipes. En somme ça happy-ende à bloc pour ceux qui ne sont pas morts.