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CHÉRUBIN, plus alerte, court la prendre, et dit. Que celui qui la veut vienne me la disputer!

LE COMTE, en riant, au page. Pour un monsieur si chatouilleux, qu'avez-vous trouvé de gai à certain soufflet de tantôt?

CHÉRUBIN recule en tirant à moitié son épée. A moi, mon Colonel?

FIGARO, avec une colère comique. C'est sur ma joue qu'il l'a reçu: voilà comme les grands font justice!

LE COMTE, riant. C'est sur sa joue? Ah! ah! ah! qu'en dites-vous donc, ma chère Comtesse!

LA COMTESSE, absorbée, revient à elle et dit avec sensibilité. Ah! oui, cher Comte, et pour la vie, sans distraction, je vous le jure.

LE COMTE, frappant sur l'épaule du, juge. Et vous, don Brid'oison, votre avis maintenant?

BRID'OISON. Su-ur tout ce que je vois, monsieur le Comte?… Ma-a foi, pour moi je-e ne sais que vous dire: voilà ma façon de penser.

TOUS ENSEMBLE. Bien jugé!

FIGARO. J'étais pauvre, on me méprisait. J'ai montré quelque esprit, la haine est accourue. Une jolie femme et de la fortune…

BARTHOLO, en riant. Les coeurs vont te revenir en foule.

FIGARO. Est-il possible?

BARTHOLO. Je les connais.

FIGARO, saluant les spectateurs. Ma femme et mon bien mis à part, tous me feront honneur et plaisir.

On joue la ritournelle du vaudeville. Air noté.

VAUDEVILLE

BAZILE

PREMIER COUPLET

Triple dot, femme superbe,

Que de biens pour un époux!

D'un seigneur, d'un page imberbe,

Quelque sot serait jaloux.

Du latin d'un vieux proverbe

L'homme adroit fait son parti.

FIGARO. Je le sais… (Il chante.)

Gaudeant bene nati.

BAZILE. Non… (Il chante.)

Gaudeat bene nanti.

SUZANNE

DEUXIÈME COUPLET

Qu'un mari sa foi trahisse,

Il s'en vante, et chacun rit:

Que sa femme ait un caprice,

S'il l'accuse, on la punit.

De cette absurde injustice

Faut-il dire le pourquoi?

Les plus forts ont fait la loi. (Bis)

FIGARO

TROISIÈME COUPLET

Jean Jeannot, jaloux risible,

Veut unir femme et repos;

Il achète un chien terrible,

Et le lâche en son enclos.

La nuit, quel vacarme horrible!

Le chien court, tout est mordu,

Hors l'amant qui l'a vendu. (Bis.)

LA COMTESSE

QUATRIÈME COUPLET

Telle est fière et répond d'elle,

Qui n'aime plus son mari;

Telle autre, presque infidèle,

Jure de n'aimer que lui.

La moins folle, hélas! est celle

Qui se veille en son lien,

Sans oser jurer de rien. (Bis.)

LE COMTE

CINQUIÈME COUPLET

D'une femme de province,

A qui ses devoirs sont chers,

Le succès est assez mince;

Vive la femme aux bons airs!

Semblable à l'écu du prince,

Sous le coin d'un seul époux,

Elle sert au bien de tous. (Bis.)

MARCELINE

SIXIÈME COUPLET

Chacun sait la tendre mère

Dont il a reçu le jour;

Tout le reste est un mystère,

C'est le secret de l'amour.

FIGARO continue l'air

Ce secret met en lumière

Comment le fils d'un butor

Vaut souvent son pesant d'or. (Bis.)

SEPTIÈME COUPLET

Par le sort de la naissance,

L'un est roi, l'autre est berger:

Le hasard fit leur distance;

L'esprit seul peut tout changer.

De vingt rois que l'on encense,

Le trépas brise l'autel;

Et Voltaire est immortel. (Bis.)

CHÉRUBIN

HUITIÈME COUPLET

Sexe aimé, sexe volage,

Qui tourmentez nos beaux jours,

Si de vous chacun dit rage,

Chacun vous revient toujours.

Le parterre est votre image:

Tel paraît le dédaigner,

Qui fait tout pour le gagner. (Bis.)

SUZANNE

NEUVIÈME COUPLET

Si ce gai, ce fol ouvrage,

Renfermait quelque leçon,

En faveur du badinage

Faites grâce à la raison.

Ainsi la nature sage

Nous conduit, dans nos désirs,

A son but par les plaisirs. (Bis.)

BRID'OISON

DIXIÈME COUPLET

Or, messieurs, la co-omédie,

Que l'on juge en cè-et instant

Sauf erreur, nous pein-eint la vie

Du bon peuple qui l'entend.

Qu'on l'opprime, il peste, il crie,

Il s'agite en cent fa-açons:

Tout fini-it par des chansons. (Bis.)

BALLET GÉNÉRAL

FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE