—... et des petits-enfants, Sophie. Mais chaque chose a deux faces. C'est ce quej'ai essayé de te faire comprendre tout au début de ce cours de philosophie.
— À quoi penses-tu ?
— Je reconnais comme toi qu'elle a de la chance. Mais celui qui garnie le gros lot de la vie gagne du même coup le lot de la mort. Car le lot de la vie, c'est la mort.
— Mais cela ne valait-il pas la peine d'avoir vécu, même si ce n'était pas une vraie vie, plutôt que pas du tout?
— Nous ne pouvons pas vivre comme Hilde... ou, disons, comme le major. En revanche, nous ne mourrons jamais. Rap- pelle-toi ce que disait la vieille femme, là-bas dans la forêt Nous appartenons au peuple invisible. Elle-même disait avoir presque deux cents ans. Mais lors de la fête de la Saint-Jean, j'ai reconnu des personnages qui avaient plus de trois mille ans...
— Peut-être que ce que j'envie le plus chez Hilde, c'est... sa vie de famille.
— Mais toi aussi, tu as une famille. N'as-tu pas aussi un chat un couple d'oiseaux et une tortue?