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ÉQlê.

bleront grotesques quand les femmes ne seront plus dedans ! ""

Mais où en étais-je? je bavarde, je cause chiffons...

iiiimo au bon temps ! Ai-jo parl<' de la petite i-'ri--ctte, ma voisine, que je voyais descendre tons le^ malins, fraîche comme nne tlenr sons la rosée"

Chvro onlant, elle nimait la i^aîté, elle ne s'enlbncait pas dans de poétiques rêveries, elle ne pineait pas de la lyre comme Eloa, mais comme elle riait facilement et de bon cœur ! Elle rit et Tut désarmée. Elle était modiste, mais elle ne sortait pas de mon pro-iiTamme ; elle aussi i\\a\t un fiancé dans les armées impériales, que dis-je, elle en avait même plusieurs! Maris ou fiancés, il en fallait de rechange alors, le î^'lorieux empereur et roi en consommait tant dans ses carnages ! Quand le fiancé voltigeur était tombé sur un champ de bataille quelconque, c'était le tour du lancier rouge, puis du beau carabinier, puis du chasseur à cheval ou du pauvre petit fantassin !

Ai-je parlé de toutes celles qui tinrent garnison dans mon cœur pendant toute cette période militaire? Ai-je conté tous les périls que je courus alors? Oui, des périls, bien que jo n'eusse figuré dans aucune des armées lancées au nord, au sud, à l'orient et à l'occident ! Le risque que je courais à cette époque c'était, à toute minute, d'être pris au colletetconduità l'autel. Pauvres petites femmes, elles éî.aient si vite veuves. Au moment où l'on s'y attendait le moins, une lettre ministérielle vous annonçait que le brillant colonel ou (jue le brave commandant venait de trouver un trépas glorieux sur la terre étrangère.

Cela m'arriva presque avec Eglé. O Eglé, bellr traîtresse! Elle jouait de la mamUdine et n'engendrait pas la mélancolie. Toujours aimable, toujours rieuse, toujours folâtre! Je roucoulais à ses pieds des romances chevaleresques qu'elle accompagnait sur sa mandoline, je détaillais le beau Dunois, la romance si palpitante d'amour qui jetait l'émoi dans tous les co'urs alors. Mais il paraît que je n'étais pas le seul M lui (dianter le beau Dunois: r|uelques officiers des dépôts (les ,L>"arnisons, les soûls i:norrir>rs liattant on 00 momont i\o loiirs é])oi"ons le sol do la patrie, n'olamaiont à la jdus belle raniom* dû an plus vaillant.

Or, il advint qu'un jour — était-oe un jour ou une nuit? — alors que l'on me croyait en voyage — oonmie un mari. — survenant à Fimprovisto — toujours cenuue im mai'i.^—je surpris le l)enu Dunois

dans la eliaml)re de mon Eglé ! Dunois était capitaine de carabiniers, un colosse de six ]}i(Mls avec la tôle d'un Antinoiis à moustaches. La plus belle se traîna en vain à nos pieds, Dunois et moi nous étions Inrieux, nous allâmes sur le terrain et nous nous gratifiâmes chacun d'un joli coiq) de saJjre. Ce coup (le sal)re me sauva d'un péril i)lus grave, Eglé reçut le jojir même du duel, la nouvelle qu'un boulet l)russien lui avait ravi son é|)(>ux. Sans le beau

Diinois, j'étais monaoc du m a ri n go ! Egic' m'aurait ra.pi)clé mes sormonts d'auiour ci somme de serrei-Jes doux nœuds de riiyméiiéo, de préférence au (aral)inier, j'en suis sûr! C'est que si les amants militaires possédaient plus de prestige, les maris civils, de tournure suffisante, considérés comme d'insignes raretés, faisaient prime.

C'était fini, Églé ne me charma jamais plus avec sa mandoline, nous ne chantâmes plus de duos ensemble. D'abord, j'avais à soigner mon coup de sabre. Je retrouve encore dans mes souvenirs quelques figures de femmes en robes Empire. Pas une ne valait Eglé. Je les aimai, certes, je les aimai, mais ces amours n'eurent pas la profondeur, l'étendue, la puissance, ui même la durée des précédents. Mon cœur n'était pas vacant — il a toujours eu l'horreur du vide — mais il n'était pas empoigné militairement, occupé en maître absolu par quelque tyran en jupons.

A cette époque, je me mis à resonger beaucoup à Aurélie; je l'avais sinon oubliée, du moins un peu négligée en souvenir. Je m'intéressai vivement au général Aurélien de Vertcfeuille, dont les exploits remplissaient alors les bulletins de la Grande Armée. J'interrogeai des officiers. Ce jeune général de cavalerie était un sage, il ne ravageait pas les cœurs, même les brûlantes Polonaises n'avaient pu avoir raison de sa froideur. Vertefeuille venait d'être fait général de division et comte de l'I-^mpire pour sa belle conduite à Smolensk et à la Moskowa. Chère Aurélie! les mauvaises nouvelles de Russie me ])longèrent dans les transes. Avait-elle échappé aux boulets et à l'hiver moscovites?N'était-elle pas rest('(' là-bas, dans les neiges, pendant la longue retraite?

llélas! Aurélie, ou le général Aurélien Verteleuille. survécut à la Bérésina pour s'en aller tomber dans la urande hécatond)e de \\'aterloo '

L. apaisement après les orages.

Cette époque de ma vie qui n'était ])lus tout à fait l'extrême jeunesse, l)uisque j'avais 35 ans en 1815, mais ([ui était celle de la plénitude de toutes mes facultés ])liysiques et morales, ce temps de la Restauration me paraît, quand je m'y reporte, joyeux et ensoleillé. A-t-il jamais plu en ce temps-là "i* Le soleil s'cst-il quelquefois voilé de nuages? Je ne me souviens pas. Je ne vois que fraîcheur, rayons de gaîté, renouveau, illusions nouvelles ! Je devais avoir, et bien d'autres comme moi, un arc-en-ciel dans le cœur. C'était le calme après l'orage, la tranquillité après l'accès de lièvre chaude ! Jusqu'alors, partout le désordre et la tempête ! — Bourrasques politiques au dehors, bourrasques morales au dedans! Aucun terrain solide. Les bases de la morale et celles de la société, déplacées parles secousses d'un tremblement de terre de 25 ans. se r('r.d)liss;n^'nf ;i

Une poétique Anfjhnsc.

l)eiiic. Je tisuu reLour suriiioi-iiit'iuc. Lcxisiciicc que javais iiiciiéo était ccllo (ruii tils du Directoire, mais elle n'était tiiière édifiante. Dispensé des soucis de la vie matérielle, par mon petit patrimoine, je navals connu que les soucis de l'amour. Toujours l'amour, ses joies et ses peines! Et le maria<^-e? Au lieu de considérer le mariage comme le port vers

Au tlicalrc

kMjuel je devais voguer, je l'avais regardé connue une plage inhospitalière que je devais fuir, connue un rocher aride sur lequel une épouse légitime et anthropophage m'attendait pour me dévorer. Etait-ce la faute de mon premier mariage si rapidement tranché par le divorce':* Non, je l'avais tout à fait oublié, j'étais si jeune alors... Vin un mot, la pensée du mariage pour les autres me- faisait rire et, pour moi, elle me faisait frémir.

Tout a coup, changement complet. Je rougis de mes désordres, leur immoralité m'épouvante main-lonant que je l'aperçois!.. La société après son bain lie sang et d'immoralité, entreprend de se régénérer, je dois faire comme elle. Comment? Par l'expiation! II n'en est qu'une,- le mariage. Mais pour moi cette fois-ci. ])lus pour les autres. Je dois rentrer dans la vie régulière par la porte du mariage, ce sera peut-être le châtiment, mais ])eu importe, j^ai tout mérité, ma l'cmme ne me punira jamais suffisamment.

Dès que j'eus définitivement pris mon parti, la joie et la tranquillité rentrèrent dans mon âme purifiée: je ressentais déjà toutes les douceurs du sacritice. Je courus le monde à la recherche d'une épouse; pendant quelques années, car mes recherches n'aboutissaient pas vite, je fréquentai les salons bourgeoisies plus ennuyeux. Sans doute le ciel considéra cela <;(jmme une expiation suffisante, car les négociations matrimoniales, maintes fois ouvertes, ne purent jamais, pour une raison ou une autre, être menées jusqu'à la conclusion fatale. ■ Naturellement, pendant le cours de ces négociations, morales mais quelquefois assez peu récréatives. je crus pouvoir me donner en dédommagementquel-([ues distractions. J'ai le souvenir de quelques bonnes parties aux Montagnes Russes du faubourg du Houle, les mieux fréquentées. Les femmes adoraient ces glissades, peut-être parce qu'elles y éprouvaient toutes les sensations du vertige et de la peur. Les hommes pouvaient y déployer quelques grâces, il y avait aussi quelques envolées de jupons qui n'étaient pas sans gentillesse.