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Les Galeries de bois du Palais-Royal brillaient alors de toute leur splendeur. Que de fois, au sortir de ces diners bourgeois, d'une de ces réunions inélé-li-antcs de vieilles présidentes ou de bonnes grosses

Aux M<)nl.i\<))i('.< Ilusscs.

lames ridicules, où mes goûts artistiques avaieiil été mis à une cruelle épreuve, me suis-jc donné la '•ompcnsation d'une promenade aux Galeries de bois!

Llodie ? ou IsmiJric'Y ou lluilendc

Promenade purement artistique cependant, je récréais mes yeux simplement. Après les beautés trop purement morales de la vertu bourgeoise, les beautés plastiques du vice. Ce coin de Paris, avec bon défilé de prêtresses de Vénus en toilettes arcliidccollclocs et CCS sourires affriolants qui pieuvaieiit des rciietrcs des entresols, avait une physionomie étrange et saisissante. Pour moi c'était un spectacle qui me rappelait mon Directoire : je regardais et je passais.

Elmire. Élodic, Emma! vous datez de ces jours ensoleillés. Si tous mes mariages manquèrent, ce iïit un i)eu votre faute. Emma, la première en date, était une Anglaise fixée à Paris depuis la paix. Son mari n'était pas militaire, il n'était que banquier ou quelque chose comme cela ; n'importe! c'était un ennemi. Sur les champs de bataille de l'amour, je vengeai mon pays de ses défaites ailleurs. Ossian ! Ossian! Bardes d'Ecosse et d'Irlande, vous me fîtes bien souffrir alors. Emma adorait votre poésie brumeuse, c'était une ultra en ossianisme. Elle aimait les toques à longues plumes, les lacs d'émerautle. les brouillards, les rochers, le Ijœuf rôti et moi-même, le tout avec frénésie!

Mon pays vengé, Ossian me fatigua bien vite. O Elmire, -avec vous c'était la France, la gaîté, les lleurs. le rayonnement, je rentrais dans la tradition française. Tout le monde rimant alors, je rimais aussi, mais pas dans le genre d'Ossian. Par une belle après-midi, alors que je la surpris seule à sa cam-l)agne, sous les ombrages de Passy,jedus mon succès à certaine romance inqirovisée un genou en terre aux pieds d'Elmire :

Pudique lin qui voile ses appas, Tu te soulèves et trahis sa détresse ! Elle soupire et bien fort son cœur bat... Ah ! seras-tu cruelle à ma tendresse ? yes yeux mourants, d'un regard embrasés, Ont répondu, o transport, ô délire ! Je couvre de mille et mille baisers Les "cnoux de Taimablc Elmire !

Quaiiil il b eu va, le troubadour fulele. AuK cJuua])S de ^lars inoissuuner des succc: 11 emporte récharpe de sa belle, Le souvenir charmant de ses attraits. L'ennemi fuit le glaive du guerrier, Son cri de guerre est le nom qu'il soupire. Heureux vainqueur, il jette son laurier Aux u'cnoux de l'aimable Elmire !

Aux ijeaoax <l.c l'aiinuble Elmire.

(^)iuiut a Eloilic. son ainoui' l'ut iOcrasiou d une a\ eiitiu'c à la l'ois terrible et comique ; elle avait un mari, elle aussi, mais un mari désagréable et mal élevé. Cet homme la rendait malheureuse et légitimait toutes les représailles par son caractère hérissé et grincheux. Un soir qu'on le croyait absent, il eut l'indélicatesse de revenir en cachette et de s'embusquer dans une armoire copime un malfaiteur. Élodie était sans détiancc, la pauvre àme. et elle me racontait ses malheurs. Tout à coup, patatras ! l'armoire s'ouvre avec Tracas, renversant des chaises et des

Jaulcuils. ri le mari surent, l'œil mauvaiS', Ic^s crins larouclios. un pistolet dans chaque main. .T'ai été hussard, deux pistolets — ou trois en

Trois j>istolets.

comptant le mari — ne sontlpas pour me l'aire peur. Je veux m'élanccr sur le personnage lorsque Elodie. loi le de terreur, se jette dans mes bras et m'cnlace d'une l'aron clnymante, mais qui m'enlève toute pos-sil)ilit(; de résistance. Les jiistfdeJs so.it sur nos li'oiits.Jc m'a tt 011(1 s à pc'Tir avoc Elodio, mais lo mari ne lire [(as et nous lait Hos conditions. C'était un gnot-apcns ! Le misérable me réclame trente mille francs, je lui ris au nez, puis vingt-cinq mille... Ses prétentions s'abaissent, il demande quinze mille eu lllK^ rpr-o:inni-;s;ince rén'uliéi'e sur papier timbré.

Pour en finir, je consens. D'ime main, je soutiens l'-l(jdie évanouie, et de l'autre je libelle la reconnaissance.

Le drame finit e;i comédie, le mari fit des<'\(iiscs. jirit son cbapeau et s'en alla. A récbéance. i'urieux d'être ainsi joué, et pris de soupçons sur Elodie, je refusai de payer. D'ailleurs, mes affaires s'étaient «'mbrouill(''es et je manquais d'nrii-ent. Ajirès les délais

l(''2:auxct loîs l'ormalitos norossniros, jo l'iis nrrrto ot conduit à la prison pour dettes.

Elodie, je t'avais calomniée! Elle vint me voir régulièrement rue de la Clé,—les dettiers sous la Restauration habitaient Sainte-Pélagie,—et ma captivité me parut douce. Le mari pouvait me garder sous clé aussi longtemps qii'il le désirerait, je ne m'ennuyais pas. Un beau jour l'^lodie me rapporta le billet de quinze mille francs qu'elle avait adroitement enlevé de la cassette de son mari. J'étais sauvé ! Après quelques formalités judiciaires, j'obtins mon élargissement. La prison a quelquefois du bon; ù jovuniées de Sainte-Pélagie, avec quel Jjonheur je vous retrouverais aujourd'hui!

Cette aventure me parut un avertissement du ciel ! l-^t mes bonnes résolutions que j'ou-J)liais? Et la grande affaire de mon mariage que je négligeais? Je résolus d'y revenir sérieusement et iVow jinir avec les égarements du célibataire. Je me remis à fréquenter assidûment les salons ])0ur-geois. (.'omme distractions, je ne me permis guère (fue la conversation intéressante d'une fraîche et sé-(hiisante actrice d'un théâtre de (h-ame. Je lui faisais répéter ses rôlest nous étudiions enseml)le dans le jour ]r< terribles drames qu'elle allait j(nier le soir

sur SOS planchos pondant qnc jo courais les salons à la rochorclio il'unc fiancée. Dans ces drames que do coups do poignard, que de coupes de poison pour

l'nhnyrv apprenant f^os rôlef;.

mon héroïne ! Que d'ennuis pour moi dans ces soirées do la bonne société raide et compassée !

Un beau jour, j'appris à ma petite actrice la grande nouvelle. Mes recherches n'avaient pas été infruc-luouses. j'avais onfin trouvé In jlancéo do mesrévos, une charinaiitc en Tant. iiUol-ligonto, jolio, orpheline, hélas! et nièce d'un notaire. Ma vie allait changer, j'étais arrivé à la grande bifurcation, je prenais à droite la grande route du mariage, monotone peut-être dans ses paysages, mais régulière, calme et sans ornières. Je la laissais à gauche, la délicieuse petite actrice, mais il y avait de ce côté tant de buissons de roses qu'elle ne me regretterait pas longtemps.

Portrait crnnprorncUnnt.

E^rUvnili

Le mariage arrêté, j'avais à me livrer à de tristes exécutions. Ces portraits étaient compromettants!

Deux souveHi/-6.

Cette miniature d'enfant, dont il existait, hélas! deux exemplaires pour deux papas différents, peut-être trois, bien compromettante aussi! Les boucles de