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rhoYOïix si varioos, los o-ants, los rubans, tons nios paquots de lottros, tons cos menus et chers souvenirs, je devais brûler ,.^ tout cela! Il le fallait, je ne pouvais les garder et risquer pour eux mon bonheur conjugal. J'hésitai longtemps... et je n'eus pas l'horrible courage de détruire ces chères épaves. J'en emplis deux col-frets que je cachai tout Suvvosawa secrétaire.

Mais il me restait deux autres souvenirs plus difficiles à dissimuler, deux corsets! Cela, c'était trop grave et trop embarrassant, je dus me résoudre au sacrifice. Avant de livrer aux flammes — avec quel chagrin! — ces cuirasses de satin sous lesquelles deux tendres cœurs avaient battu pour moi, je les dessinai avec soin, avec religion, en essayant de reconstituer les traits de celles qui les avaient portés. Je réussis parfaitement pour l'un de ces corsets, l'image de celle qui me l'avait donné vint d'elle-même se former sous la pointe de mon crayon, avec son charme, sa souplesse de lignes, son expression mutine légèrement alangnie des jours de rendez-vous.

Mais pour le second corset, un corset de l'Empire, je ne pus venir à bout de retrouver les traits de. celle dont il avait amoureusement moulé les formes; elle était charmante, cela va sans dire, mais dans quel genre? Comme le temps balaie les souvenirs, hélas ! Qu'estrce que l'homme? Vous prétendez vous intéresser à des événements survenus il y a des douzaines de siècles, vous préten(Iez reconstituer le (Mractère, l'histoire de quelque grand homme de la nuit des temps! Illusion! folie! des événements personnels survenus il y a quinze ans sont absolument oubliés; ainsi, je possède un corset, document

Charir'ms d'nmotii

palpable, et je ne puis seulement reconstituer rimasfo de celle qui le porta sous l'Empire. Décidément je ne croirai ])lus un mot de l'histoire qui n'est qu'une grande collection de suppositions, puisque je ne puis plus faire que des suppositions sur la charmante femme qui me laissa ce corset en souvenir de quelques mois ou de quelques semaines de bonheur. Vainement mou crayon, guidé par mon cœur trop incertain, traça des profils sur le papier. Ce joli petit nez à la Roxelane qui flotte dans ma mémoire lui appartenait-il? Peut-être bien! Que sais-je maintenant?

Ce que je sais bien par exemple, c'est que le sacrifice de mes corsets demeura inutile par suite d'un événement qui bouleversa mes projets. Un matin, une semaine peut-être ou une demi-semaine avant l'époque fixée pour mon mariage, j'étais chez moi. sans défiance et occupé très innocemment à me raser, lorsque tout à coup mon domicile fut envahi par ma future accompagnée de son oncle et tuteur le notaire, M^* Varin, le type du notaire de l'ancien régime et du tuteur de comédie. Ma femme de ménage eut l'imbécillité de les laisser entrer! Fatalité!

J'eus beau faire du bruit, parler fort, m'exclamer, Palmyre Chatelus, car j'oubliais de dire qu'elle était

'''.i:vji'ins d'uniour.

Et Me Variii, i iitcui'ct notaire, 'loublciiient facile à offusquer l)ai' conséquent, fronçait les sourcils en entendant les tirades de Palmyre, et ma , fiancée compri- ;;, mant son cœur à f;:;; deux mains, pâlissant. ronL;-là, mon héroïne des drames du boulevard, ma petite romantique — elle était là, à peine réveillée, en train d'apprendre un rôle quelconque, — Palmyre Chatelus semblait prendre plaisir à faire du train malgré mes éclats de voix pour l'avertir!... Je dois le confesser, pour expliquer sa présence matinale, elle était venue la veille me faire une scène et me reprocher ma froideur, et nous avions soupe joyeusement pour célébrer les funérailles de ma vie de garçon...

me nictlaU ma crucatc.

bciut. prête à s'évanouir enfin, regardait la porte de ma chambre avec horreur. Tout à coup Pal-myre se mit à chanter, elle le faisait exprès, la triple scélérate! Je me mis à chanter moi-même pour étouffer ses accents, je devais avoir Tair très bête! ^lais tout fut inutile; M'' Varin, pendant que j'essayais de calmer ma fiancée, eut l'indiscrétion d'ouvrir la porte de ma chambre et ma fiancée se précipita... Coup de théâtre' Palmyre bondi , se drapa dans les rideaux du lit et belle d'une fureur feinte, avec des gestes dramatiques, comme si elle jouait une de ses pièces, interpella violemment ma

lacuuuilu.

fiancée. Flambé, mon mariage! Ecroulés, mes plans de régénération morale ! Ma fiancée n'avait qu'une chose à faire et elle la fit. elle s'évanouit dans les bras de son tuteur ! Quand je les reconduisis, l'oreille basse et la mine longue d'une aune, le tuteur ne m'épargna pas les malédictions! Quelle avanie! Était-ce ma faute? J'avais des ennemis sans doute, une lettre anonyme était venue troubler la tranquillité de ma future et la pousser à cette démarche tout à fait incorrecte, inconvenante môme.

Dans l'après-midi, mécontent, humilié, je fis une tentative désespérée poiu* fléchir la légitime colère de ma fiancée. Ma lettre était humble et repentante, je suppliais, j'implorais! M° Varin me la renvoya avec un arrêt définitif énergiquenient formulé :

Vous êtes un polisson! ! ! » Dans un accès de iero-cité, le vindicatif notaire avait tait enregistrer ma lettre avec sa réponse. Voilà comment je ne me mariai pas !

Eh! mon Dieu, après tout, je n'ai rien à me reprocher : j'ai essayé, ce n'est pas ma faute si je n'ai pas réussi! Qu'avais-je besoin de me marier d'ailleurs? Je vous le demande, ô Valérie, femme idéale qui. pendant deux ou trois ans. égayâtes mon existence de célibataire, ange adoré qui me mettiez si gentiment ma cravate !

La cravate! Voilà pourtant une des puissantes raisons qui poussaient autrefois la jeunesse au mariage et à la vie régulière. On a écrit un poème sur l'art de mettre sa cravate. C'était en effet un art diflicile. Que de gens ne pouvaient parvenir à faire un nœud passable et, naturellement, cravatés sans correction, devaient renoncer à l'espoir de parvenir! Aussi, dès la majorité on se mariait, pour se faire mettre sa cravate. Et voyez comme le chiffre des mariages a diminué en France et comme l'échelle de la moralité a baissé depuis l'invention de vos petites et mesquines cravr-tes à nœuds simulés! Petites causes et grands effets!

J'occupais alors un appartement au troisième dans la maison d'un des plus élégants établis-

sements di

« Je cuis au Uni IL

(Constance.

bains de Tari:?, lÀicu de plus commode pour un garçon. Vous me comprenez, n'est-ce pas?

Après Valérie, ce r t aine dame que je ne nommerai pas vint souvent et souvent me voir. Aucun danger, le mari le plus défiant ne pouvait rien soupçonner: « — Je vais au )ain ! » Prétexte charmant, ce

bain parrumé qui etïiicc les jolis et miguoiis petits péchés !

Là encore, dans la même maison, je vous aperçois fantômes riants, brune L... qui chantiez toujours, toujours, à toute heure, en vous éveillant, en vous endormant, en vous coiffant, même en vous disi)u-tant, ce qui arrivait parfois, avec votre fidèle Aubes-pin, et même très probablement en trompant le pauvre Aubespin! Je vous revois, blonde A... non moins gaie, non moins aimante, non moins infidèle, le ruban de satin qui ferme ce portefeuille c'est votre jarretière, gage de votre amour.

IV

Orages et rayons de soleil

Il est dans la vie des aventures dont le souvenir reste cuisant comme une brûlure, gênant comme un rhumatisme. Je n'ai pas l'habitude de prendre les choses par le côté noir, ni de laire du romantisme à froid et cependant ce sou-venir me crispe encore après tant d'années. J'ai essayé de le laisser de côté, ce désagréable souvenir, mais il s'obstine à rester là et avant de conti-