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— Vous vous en occupez, dit-il aux miliciens. Il y a assez de place dans le camp. Tenez, vous irez vous acheter de la vodka.

Il tira de sa poche un billet de 500 zlotys et le laissa sur la table.

C’était la tuile. Il n’avait plus qu’à filer sur Varsovie et s’expliquer avec ses supérieurs. Ce qui n’allait pas être facile.

Chapitre XIV

La longue jupe de velours noir s’ouvrait si haut que Malko devinait l’ombre du ventre. Anne-Liese avait mis sa tenue de combat…

Allongés l’un en face de l’autre sur un lit très bas, une boîte de caviar et une bouteille de vodka entre eux sur un plateau, ils s’observaient. La boîte de caviar et la bouteille de vodka étaient toutes deux fortement entamées. La Polonaise tendit à Malko un toast avec une montagne de caviar.

— Tenez.

Ses yeux bleus jetèrent un éclair. Il se dit soudain que les deux grands traits noirs qui soulignaient les yeux comme des balafres lui donnaient l’air d’une sorcière.

La grande glace Régence, en face du lit, leur renvoyait leurs deux images. L’appartement était meublé d’une façon bizarre ; des meubles rococo, des tapis chinois, des lampes 1900 qui diffusaient une lumière douce. Avec une chaîne hi-fi dans un coin. C’était à la fois chaud et baroque. Et sûrement bourré de micros. La grande glace collée au mur semblait aussi très suspecte à Malko. L’image de Maryla Nowicka l’obsédait. Qu’était-il advenu de la gynécologue… Quel traitement lui faisait-on subir… À chaque seconde, il s’attendait à voir deux sbires du S.B. faire irruption dans l’appartement. Anne-Liese se pencha sur lui, et demanda de sa voix posée :

— À quoi pensez-vous ?

— À vous, dit Malko.

Si Maryla avait parlé, c’était sa dernière soirée. La chaîne hi-fi égrenait les notes tristes d’une sonate. Il allongea la main, effleurant la pointe d’un sein, à travers le haut de soie fermé jusqu’au cou par au moins des dizaines de boutons serrés les uns contre les autres.

Anne-Liese eut un léger mouvement de recul.

— Attention, ma poitrine, c’est mon sexe !

Elle le fixait d’un air soudain différent. L’alcool faisait briller ses yeux et les éclaircissait.

— Ah bon, fit Malko qui accentua légèrement son contact.

Anne-Liese ne mangeait plus. Elle bougea, découvrant un morceau de cuisse supplémentaire, gainée par le collant noir.

— Quelquefois, je me caresse la poitrine pendant des heures, dit la Polonaise. C’est délicieux. Je pourrais m’évanouir de plaisir.

Si ce n’était pas une invite…

Mais le haut de soie n’était pas moins étroitement fermé par les innombrables petits boutons avec des boutonnières très serrées. Malko entreprit de les défaire en commençant par le haut. C’était exaspérant de lenteur, chaque bouton ne libérant que quelques millimètres de chair blanche. Anne-Liese l’observait d’un air ironique. Lorsqu’il eut ouvert quelques centimètres elle l’arrêta et les reboutonna avec la dextérité d’un prestidigitateur.

— Pas maintenant, dit-elle d’un ton définitif. Je t’ai dit d’être patient. Reprends un peu de caviar.

Malko lui arracha le toast des doigts, et reprit son travail de Pénélope, défaisant les boutons, un par un. Le désir avait provisoirement balayé toutes ses autres préoccupations. La vodka lui servait de tranquillisant. Il ne savait pas pourquoi le S.B. avait voulu qu’il soit là, mais autant en profiter. D’autant que, cette fois, Anne-Liese se défendait moins.

Le bout de ses doigts effleura enfin un soutien-gorge.

— Attention, dit Anne-Liese d’une voix mourante. Ma peau est tellement sensible !

De nouveau elle arrêta la main de Malko. Exaspérant. Mais, cette fois, elle l’embrassa avec violence, comme pour s’excuser. Elle sembla alors seulement s’apercevoir de son état en l’effleurant accidentellement et écarta vivement la main.

Un vrai réflexe de vierge effarouchée.

Furieux de cet affront muet, il entreprit de se déshabiller. Anne-Liese le laissa faire jusqu’à ce qu’il soit nu comme si cela ne la concernait pas, sans rien ôter elle-même, de ses escarpins rouges au bustier infernal.

— Tu as un beau corps, remarqua-t-elle.

Puis d’un geste inattendu, contrastant avec la réserve dont elle avait fait preuve jusque-là, elle se pencha sur lui et commença à lui agacer le mamelon d’un sein d’une langue habile. Doucement, sa main glissa plus bas et se referma autour de Malko. Elle se mit à le caresser avec un mouvement régulier et circulaire.

Puis, avec une lenteur exaspérante, sa bouche quitta la poitrine de Malko et descendit, suivant un itinéraire sinueux, jusqu’à son ventre. C’était une caresse tellement légère qu’il dut baisser les yeux pour s’assurer que ses lèvres avaient remplacé sa main… La bouche l’effleura puis le quitta.

Elle fixait son sexe avec une expression absente. Impossible de dire si elle était en service commandé ou si elle y prenait un plaisir réel. Excédé, Malko lui prit la nuque et abaissa la tête vers lui.

Il s’attendait à une résistance furieuse, mais docilement elle l’engloutit dans sa bouche, aussi profondément qu’elle le pouvait. En même temps, ses doigts caressaient Malko avec la légèreté d’un papillon. L’un d’eux se glissa sous lui, l’explorant, le chatouillant, l’agaçant avec une technique consommée. Puis brusquement, avec une force et une douceur incroyables, il s’enfonça en lui. Au plus intime. En même temps la bouche d’Anne-Liese menait un ballet effréné autour de la hampe qu’elle emprisonnait dans un grand bruit humide de succion.

Entre les deux sensations, Malko se sentait emporté par le plaisir à la vitesse d’un missile. Cela dura exactement dix secondes. Le doigt et la bouche se retirèrent en même temps. Anne-Liese se redressa, une expression espiègle dans ses yeux bleus.

— Voilà.

Malko retint les mots qui lui venaient à la bouche. Indignes d’un gentleman. Pris d’une brusque furie, il se rabattit sur les boutons, en défaisant cinq ou six. Anne-Liese le laissait faire, les yeux fermés, respirant rapidement.

— Attends, fit-elle soudain.

Malko patinait sur un bouton. Il y avait à peine quinze centimètres de défaits sur cinquante. Tout à coup, Anne-Liese plongea la main dans son décolleté et, mettant sa main en coupe, elle sortit une partie de son sein gauche, comme une nourrice fait pour un nouveau-né. L’aréole était très large, rosâtre, avec une pointe relativement petite.

— Lèche, doucement, dit-elle. Très doucement. Sa voix avait une autre intonation. Plus vraie. Ses yeux brillaient d’un éclat inhabituel.

Malko pencha la tête sur le bout du sein émergeant des boutons défaits, avança sa langue très doucement sur la pointe. Anne-Liese grogna.

— Doucement, je t’ai dit, doucement.

Puis elle se mit à feuler, à gémir, comme si elle jouissait, tandis que Malko promenait sa langue sur le mamelon en évitant la pointe. Il termina dessus, d’un rapide mouvement tournant, et Anne-Liese poussa un véritable hurlement. Son corps se tendit en arc de cercle, elle repoussa Malko, escamotant son sein, et demeura sur le dos, les yeux fermés, inerte, comme évanouie. Malko l’observait intrigué, toujours aussi frustré. Il avait l’impression qu’Anne-Liese venait de s’offrir sa récréation, son petit fantasme à elle, au milieu du service commandé. Ses seins se soulevaient rapidement, une veine battait sur son cou. Ce n’était pas de la comédie.

Il s’attaqua de nouveau aux boutons, mais cette fois Anne-Liese ne lui laissa même pas le temps d’en défaire un…

— Laisse-moi, fit-elle d’une voix indignée, tu ne vois pas que je me suis évanouie, c’était trop fort !