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Cette fois, la Gräfin daigna interrompre sa litanie, se retourna, sourit, et Malko sentit la pointe du sein durcir sous ses doigts.

Encouragé, il s’allongea contre la jeune femme dont les reins se creusèrent aussitôt davantage. Une croupe ronde et encore ferme vint s’emboîter contre son ventre. Ils restèrent ainsi plus d’une minute sans bouger, Malko sentant grandir un trouble que la Gräfin ne pouvait ignorer.

Pourtant, elle ne semblait pas désireuse d’interrompre sa litanie boursière. Mais, par moments, une sorte de houle agitait ses hanches, les collant plus étroitement à Malko, maintenant carrément couché sur le côté. N’y tenant plus, il repoussa la chemise de nuit le long de la cuisse, dénudant les reins de la Gräfin.

Celle-ci dit « Sell », et poussa ensuite un grognement charmé. Puis elle nota quelques chiffres sur son calepin.

Ce qui l’empêcha probablement d’entendre le glissement d’un zip dans son dos. Cependant, elle sursauta en réalisant ce qui s’appuyait dans le sillon de ses reins découverts. Si fort qu’elle manqua lâcher le combiné. Elle se retourna, repoussant gentiment l’assaut d’une moue de désapprobation muette. Pour plus de sûreté, sa main s’empara de Malko, l’empêchant de pénétrer plus en avant.

La gauche, parce que la droite continuait de noter. Peu à peu, la force de l’habitude aidant, elle imprima un léger mouvement de va-et-vient à son poignet sans interrompre sa conversation. Malko sentit qu’il ne résisterait pas longtemps. Il se pencha en avant et posa sa bouche sur le cou découvert. Un contact dont Thala raffolait. Pour y échapper, elle se cambra encore plus, amenant involontairement Malko là où il voulait aller. Passant aussitôt son bras gauche autour de la taille de la jeune femme, il la maintint solidement contre lui.

Thala von Wisberg voulut se dégager, mais c’était trop tard. Malko s’était planté en elle d’une seule poussée, facilitée par un état qu’elle ne pouvait plus dissimuler. Si profondément, qu’il eut l’impression de la transpercer.

La litanie bancaire en fut coupée net.

La bouche ouverte comme si elle avait reçu un coup de poing, la Gräfin absorbait le choc.

Sa main chercha mollement et vainement à repousser Malko. Celui-ci avait glissé sa main droite sous sa hanche droite, ramené l’autre sur sa hanche gauche et, bien abuté en elle, commençait un lent va-et-vient. Il fit mine de s’échapper et revint d’un coup de reins sec et brutal.

— Allô, allô…

La voix sortait de l’écouteur. La Gräfin reprit son souffle et c’est d’une voix presque normale qu’elle annonça :

— Excusez-moi, Helmut, il y avait un domestique dans la pièce. J’ai horreur de parler devant le personnel.

— Je comprends, approuva la voix à l’autre bout du fil.

La Gräfin se retourna, fixant Malko avec une expression à la fois courroucée et troublée. Il se demanda si son correspondant pouvait s’imaginer qu’il était maintenant enfoui jusqu’à la garde dans la croupe de Thala von Wisberg.

Celle-ci prenait ses notes d’une écriture de plus en plus chaotique. Peu à peu, elle s’anima à son tour, arquant les reins, se mordant les lèvres pour ne pas gémir.

Tout à coup, le porte-mine d’or lui échappa et elle poussa un petit cri.

Aussitôt, la voix dans le téléphone s’inquiéta :

— Thala ! Thala ! Que se passe-t-il ?

Malko était simplement en train de se vider à longs traits dans le ventre de sa partenaire.

Le visage dans les draps, les reins cambrés, la Gräfin Thala von Wisberg laissa s’apaiser un somptueux orgasme, puis reprit le combiné.

Sa voix était encore un peu haletante.

— Oh, excusez-moi, Helmut, j’avais un malaise, des douleurs qui me prennent quelquefois dans le ventre. C’est horrible, mais cela va mieux maintenant.

Malko se remit à bouger lentement. Mais la Gräfin se dégagea doucement et rabattit la dentelle noire sur ses cuisses. Puis elle prit une cigarette. Malko la lui alluma. Elle avait recommencé à noter ses chiffres d’une écriture plus calme.

Cette fois-ci, elle arrivait au bout.

Dès qu’elle eut raccroché, elle éclata de rire.

— Chaque fois que je téléphonerai à mon banquier, je te dirai de venir. À propos, comment va Alexandra ?

— Salope, dit Malko. Très bien. Et ton mari ? Thala von Wisberg eut un geste désinvolte.

— Quelque part dans le Wyoming. En train de chasser l’ours. Tu restes à Vienne ce soir ?

— Ça dépend un peu de toi, dit hypocritement Malko. Thala sourit et s’allongea sur le dos, un genou replié.

— C’est la première fois que je fais l’amour de cette façon. Je me demande s’il s’est douté de quelque chose.

— Quelle importance, dit Malko, ce n’est que ton banquier.

Thala von Wisberg eut un sourire merveilleusement candide.

— C’est aussi mon amant, mon chéri, je ne confie pas mon argent à n’importe qui…

Elle se leva, enfila ses mules et toisa Malko. La chemise de nuit n’arrivait qu’à mi-cuisse. Les mules allongeaient les jambes, elle était superbe.

— Veux-tu que je reste comme ça ? demanda-t-elle ironiquement. Sinon, je peux m’habiller en veuve ou en institutrice. J’ai reçu de Paris de très beaux bas à couture. Pour toi, mon chéri.

— Seulement pour moi ?

Elle rit. Un rire de carnassier, sain et cruel.

— Disons que tu seras le premier à en profiter. Alors ?

— J’ai toujours eu un faible pour les veuves, avoua Malko. Où veux-tu aller ? Au Pataky, il y a un bon orchestre tzigane, mais je crois qu’on mangera mieux au Drei Husaren…

— J’ai faim, dit la Gräfin. Allons au Drei Husaren.

— Bien, dit Malko. Je vais passer réserver. Ils me connaissent. Pendant que tu te prépares.

Impossible de laisser tomber le vieux Julius Zydowski.

— Réserver ?

Les yeux déjà très sombres de la comtesse hongroise devinrent noirs comme du jais. Elle s’approcha de Malko, la poitrine en avant, et se planta à dix centimètres de lui, les traits durcis.

— Salaud ! Tu as deux dîners ! Je te connais. Quand tu arrives à échapper à ta panthère, tu ne veux pas prendre de risques. Alors, maintenant, tu vas la prévenir et lui offrir une petite gâterie. La sauter contre le mur de son entrée, peut-être, comme tu as fait il y a deux mois, avec moi. En me racontant que tu partais à l’autre bout du monde.

— Je partais à l’autre bout du monde, affirma Malko. Thala von Wisberg le toisa, d’un air glacial.

— Qui est-ce ? Cette traînée de Hildegarde ? Ou Romy ? Autant coucher avec ta bonne. Vas-y, mais ne reviens pas. J’ai déjà été trop gentille avec toi…

Malko soupira.

— Écoute, Thala, je n’ai pas rendez-vous avec une femme, mais avec un homme. Pour du travail.

La Hongroise lui jeta un sourire ironique.

— Alors, téléphone-lui ! Dis-lui que tu iras le voir plus tard. Après le dîner.

Malko hésita. Il n’aimait pas mêler son métier et ses plaisirs. Surtout à Vienne, nid d’espions. Mais la volcanique Thala était trop méfiante pour se contenter d’une explication oiseuse, et il n’avait pas envie de dormir seul dans une chambre au Sacher. Au fond, il ne risquait rien en téléphonant au vieux Julius. Il ne prononcerait pas son nom. Il s’approcha du téléphone et composa le numéro de Julius Zydowski, tandis que Thala fourrageait dans ses tiroirs.