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A…

(elle se reconnaîtra), sans laquelle Le Livre des Étoiles ne serait pas ce qu’il est.

Aux deux Fennecs, pour tout plein de raisons.

A Rémy, Claire et Raffaël, qui s’approchèrent les premiers de la table de dédicaces où j’attendais timidement…

Avant de commencer…

Guillemot de Troïl est un enfant du Pays d’Ys, terre isolée entre le Monde Certain et le Monde Incertain, où l’on côtoie, entre ordinateurs et salles de cinéma, chevaliers en armures ou sorciers aux pouvoirs étonnants.

Le jour où Maître Qadehar, le plus fameux Sorcier de la Guilde, découvre chez Guillemot des prédispositions pour la magie, le destin du jeune garçon bascule.

Tout en continuant sa vie de collégien, Guillemot devient Apprenti Sorcier, découvrant avec son nouveau Maître l’art des Graphèmes. Ces Graphèmes, à l’origine de la sorcellerie, ont été révélés à la Guilde par Le Livre des Étoiles. Le précieux ouvrage a malheureusement été dérobé voilà longtemps, et nul ne sait aujourd’hui où il se trouve.

C’est alors que, surgis du terrible Monde Incertain sur ordre de l’Ombre, puissance démoniaque et malfaisante, des monstres enlèvent Agathe de Balangru, la terreur du collège, sous les yeux de Guillemot. Lorsqu’il apprend que c’est lui la véritable cible de l’Ombre, échappant à la vigilance des Sorciers qui l’ont mis en sûreté dans le monastère de Gifdu, il décide de se rendre dans le Monde Incertain afin de délivrer Agathe injustement enlevée. Guillemot aura besoin de toute sa magie balbutiante pour lui porter secours.

Dans cette périlleuse entreprise, il emmène avec lui ses amis de toujours, Ambre, Gontrand, Romaric et Coralie. Mais, par une erreur dans la formulation d’un sortilège, les cinq amis sont séparés et entraînés chacun dans des aventures extraordinaires, semées de pièges, à travers un monde peuplé de personnages étonnants.

Tandis qu’Ambre rencontre une magicienne aux yeux verts qui l’ensorcelle, avant de lui effacer la mémoire, Guillemot fait la connaissance de Kyle, un jeune garçon vivant dans le dangereux Désert Vorace.

Quand enfin il se présente à Yâdigâr, leur lieu de rendez-vous, Guillemot est fait prisonnier. Quelle n’est pas sa surprise de retrouver dans le cachot ses amis… ainsi qu’Agathe de Balangru, tous captifs du commandant Thunku qui dirige la ville.

Grâce à l’intervention de Maître Qadehar -et à une mauvaise formule magique de Guillemot ! -les sept jeunes gens parviennent à s’évader.

S’ils finissent, ensemble, par rentrer sains et saufs au Pays d’Ys, bien des interrogations demeurent cependant. Qui se cache derrière l’Ombre, et pourquoi s’acharne-t-elle tant sur Guillemot ? Qui est le mystérieux Seigneur Sha, dont Agathe a entendu parler à Yâdigâr et qui serait à la recherche d’un fils disparu ? Quel secret entoure l’Apprenti Sorcier, et vers quel destin devra-t-il se diriger ?

I Le castel de Bromotul

Guillemot se hâtait sur le sentier qu’empruntaient plusieurs fois par jour les puissants chevaux des Chevaliers du Vent. C’était le début de l’automne, et les bruyères de la Lande des Korrigans se paraient déjà de teintes mélancoliques. L’hiver s’annonçait rude…

Guillemot se dirigeait à grandes enjambées vers le castel de Bromotul, la forteresse-école de la Confrérie. Il se dépêchait, non pas parce qu’il craignait les mauvais tours des Korrigans, qui de toute façon ne s’approchaient jamais du sentier, mais parce qu’il détenait une nouvelle extraordinaire. Et il était impatient de la partager avec Romaric !

Il était si absorbé dans ses pensées qu’il aperçut au dernier moment deux cavaliers en armure turquoise débouler au triple galop derrière lui. Il plongea sur le bas-côté et évita de justesse d’être écrasé par les lourds sabots des destriers. Les Chevaliers du Vent étouffèrent un juron et arrêtèrent aussitôt leur monture dans un nuage de poussière.

– Holà, petit ! Tout va bien ?

– Ça va, ça va… messires Chevaliers, répondit Guillemot, tout penaud, en s’extirpant du buisson qui avait amorti sa chute.

Les chevaux, heureusement tenus d’une poigne ferme par les Chevaliers, piaffaient. Guillemot rejeta en arrière la mèche de cheveux châtains qui barrait son front et franchit en boitillant les quelques mètres qui le séparaient des cavaliers. Il leva ses yeux verts lumineux vers eux.

– C’est ma faute, s’excusa-t-il en s’efforçant de sourire. Je rêvassais, je ne vous ai pas entendus arriver !

– L’essentiel, c’est que tu sois indemne, bougonna un des Chevaliers.

– Je parie que tu te rends à Bromotul et que tu as été choisi pour devenir Écuyer ! dit l’autre Chevalier, aussi blond et élancé que son compagnon était brun et trapu.

– Heu… non, dit Guillemot en rougissant.

Il venait de se souvenir que, six mois plus tôt, son désir le plus fou et le plus cher avait été d’appartenir à la Confrérie des Chevaliers du Vent.

– Voyons, Ambor ! dit le Chevalier qui avait parlé le premier, tu ne vois pas que ce garçon porte la sacoche des Apprentis Sorciers ?

– Mais oui, bien sûr ! reconnut Ambor. Mais alors, Bertolen…

Bertolen et Ambor échangèrent un regard, puis dévisagèrent Guillemot avec curiosité.

– Dis-nous, mon garçon, ne serais-tu pas Guillemot de Troïl, par hasard ? Celui qui est allé dans le Monde Incertain et qui a combattu les troupes de l’Ombre ?

Guillemot hésita, puis acquiesça. Il ne s’était pas encore habitué à la notoriété qui entourait son nom depuis son aventure de l’été passé !

Les Chevaliers exultaient.

– Nous sommes très honorés de te rencontrer, Guillemot ! s’exclama Bertolen.

– Non, non, c’est moi qui suis honoré de vous rencontrer, bafouilla Guillemot, gêné par tant d’enthousiasme et d’admiration.

– Et qu’est-ce qui t’amène sur la lande, Guillemot ? interrogea Ambor.

– Mon cousin ! Il est Écuyer à Bromotul. Aujourd’hui, c’est le jour des visites…

– C’est vrai, confirma Bertolen. Cependant, le soleil est déjà haut dans le ciel, et il te reste deux bonnes heures de marche : tu ne pourras pas voir ton cousin très longtemps.

– Je sais… soupira Guillemot. Mais j’avais une interro de maths ce matin, je n’ai pas pu faire sauter les cours… Et depuis Dashtikazar, je n’ai trouvé qu’un chariot qui m’a avancé de quelques lieues seulement.

– On sait ce que c’est, opina Bertolen avec un clin d’œil à l’intention d’Ambor. Les maths, c’est important, certes ! Mais pas au point de rater le jour des visites à Bromotul. Allez, grimpe !

Il fallut quelques secondes à Guillemot pour comprendre que les Chevaliers lui proposaient de l’emmener. Mais il ne se fit pas prier et, avec un grand sourire, il grimpa derrière Bertolen.

– Génial ! s’exclama-t-il.

– Surtout, accroche-toi, l’avertit le Chevalier. Je ne tiens pas à ce que tu retournes te vautrer dans les buissons !

– Moi non plus ! approuva Guillemot.

Ambor et Bertolen éclatèrent de rire et lâchèrent les rênes des chevaux qui partirent au grand galop. Guillemot s’agrippa à la ceinture qui retenait l’épée de Bertolen et se laissa griser par les sensations de la vitesse. Peu de temps après, il distinguait la silhouette massive du castel de Bromotul.

C’était à Bromotul qu’était née, des siècles plus tôt, la Confrérie des Chevaliers, l’ordre guerrier qui consacrait toute son énergie à défendre le Pays d’Ys et à aider ses habitants. Aujourd’hui, la Confrérie disposait d’un château plus récent et plus confortable au cœur de la ville de Dashtikazar, et elle possédait plusieurs forts occupés par de petites garnisons réparties sur l’ensemble du Pays d’Ys. Le castel de Bromotul était ainsi devenu une école où les Écuyers, de jeunes gens volontaires choisis pour leur talent et leur motivation, recevaient la rude éducation de Chevalier.