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Le voyage des pèlerins les conduit ensuite vers Lud, une friche urbaine où les survivants dégénérés de deux anciens clans, les Ados et les Gris, entretiennent une vieille querelle. Avant d’atteindre Lud, les quatre pistoleros et le bafouilleux font halte dans une petite ville du nom de River Crossing, où réside encore une poignée d’anciens habitants. Ils reconnaissent Roland comme un survivant des temps reculés, avant que le monde n’ait changé, et lui font fête ainsi qu’à ses compagnons. Un peu plus tard, les Grands Anciens leur parlent d’un monorail qui, partant de Lud et longeant le Sentier du Rayon, s’enfonce dans les Terres Perdues en direction de la Tour Sombre.

Jake est horrifié par cette nouvelle, sans en être autrement surpris ; avant d’être tiré de New York, il s’était procuré deux livres dans une librairie dont le propriétaire portait le nom — hautement significatif — de Calvin Tower. Le premier est un ouvrage de devinettes aux pages-réponses arrachées. Quant à l’autre, Charlie le Tchou-tchou, c’est un livre pour enfants dont le héros est un petit train. Un conte amusant, pourrait-on dire… sauf pour Jake, qui ne le trouve pas amusant du tout, mais terrifiant. Roland sait autre chose : dans le Haut Parler qu’il a appris dans son enfance à Gilead, le mot CHAR signifie mort.

Tantine Talitha, la matriarche des habitants de River Crossing, fait cadeau à Roland d’une croix d’argent dont il ne devra pas se séparer et les voyageurs reprennent leur course. Lors de la traversée du pont presque effondré qui enjambe la rivière Send, Jake et Ote manquent de tomber accidentellement. Cet épisode fait brièvement relâcher leur attention à Roland, Eddie et Susannah, et la petite bande tombe dans l’embuscade tendue par un hors-la-loi mourant, mais non moins dangereux, du nom de Gasher. Il enlève Jake qu’il emmène sous terre, chez l’Homme Tic-Tac, dernier leader des Gris.

Tandis que Roland (aidé d’Ote) part à la recherche de Jake, Eddie et Susannah découvrent le Berceau de Lud, où Blaine le Mono se réveille. Blaine, dernier maillon en surface du vaste réseau informatique situé sous la ville de Lud, n’a plus d’autre intérêt dans la vie que les devinettes. Le monorail promet d’emmener les voyageurs à son terminus… s’ils peuvent lui poser une devinette qu’il ne saura résoudre. Dans le cas contraire, leur dit Blaine, le seul voyage qu’ils feront les emmènera à leur mort : charyou tri.

Roland délivre Jake, après avoir éliminé l’Homme Tic-Tac… mais Andrew Quick n’est pas mort. À moitié aveugle, affreusement défiguré, il est recueilli par un certain Richard Fannin, du moins se présente-t-il ainsi. Fannin, en effet, n’est autre que l’Étranger Sans Âge, un démon contre lequel Walter avait mis Roland en garde.

Les pèlerins quittent la cité mourante de Lud et continuent leur voyage, cette fois à bord du monorail. Le fait que l’esprit qui commande le monorail ne soit qu’un réseau d’ordinateurs qu’ils laissent derrière eux ne changera rien à leur situation, lorsque la « balle rose » bondira des voies en décomposition, quelque part le long du Sentier du Rayon, à une vitesse de plus de 1 280 km/h. La seule chance de survie des pistoleros, c’est de poser à Blaine une devinette qu’il ne saura pas résoudre.

Au début de Magie et Cristal, c’est Eddie qui parvient à trouver la devinette en question et qui détruit l’engin grâce à une arme exclusivement humaine : l’absurde. Le monorail finit donc sa course dans une version de la ville de Topeka, au Kansas, totalement dévastée par une épidémie massive de « supergrippe ». Les quatre compagnons quittent l’Entre-Deux-Mondes pour entrer dans le Monde Ultime, et doivent faire face à ce spectacle de mort et de désolation. Ils reprennent leur route le long du Sentier du Rayon (devenu une version apocalyptique de l’Interstate 70), où ils croisent des inscriptions étranges, à la gloire du « Roi Cramoisi », ou les enjoignant de chercher « le marcheur ».

Après le récit que fait Roland de l’histoire de Susan Delgado, son premier amour, les cinq voyageurs aperçoivent un palais en verre de couleur verte, construit en travers de la route, un palais qui présente des ressemblances frappantes avec celui que recherche Dorothy Gale dans Le Magicien d’Oz. Dans la salle du trône, ce n’est pas Oz qu’ils retrouvent, mais le Grand et Terrible Homme Tic-Tac, dernier transfuge de la grande cité de Lud. Mais une fois Tic-Tac abattu par Roland, c’est le véritable magicien qui apparaît. Il s’agit de l’ennemi immémorial du Pistolero, Marten Largecape, connu dans certains mondes sous le nom de Randall Flagg, dans d’autres comme Richard Fannin, ou encore John Farson (l’Homme de Bien). Roland et ses amis ne parviennent pas à tuer cette apparition, qui les met une dernière fois en garde et leur recommande d’abandonner leur quête de la Tour Sombre (« Ce six-coups ne te servira à rien contre moi, mon vieux Roland »), mais ils réussissent à le bannir de leur monde.

Après un dernier voyage à l’intérieur du Cristal du Magicien, et une révélation spectaculaire — Roland de Gilead a tué sa propre mère, la confondant avec la sorcière Rhéa —, les voyageurs sont de nouveau catapultés dans l’Entre-Deux-Mondes, et sur le Sentier du Rayon. Ils reprennent donc leur quête, et c’est à ce stade que le lecteur les retrouve dans les premières pages des Loups de La Calla, le cinquième volume de la série.

Ce récapitulatif ne prétend pas résumer les quatre premiers volumes du cycle de la Tour. Si vous n’avez pas lu ces livres avant de commencer celui-ci, je vous invite à le faire, ou à mettre ce volume de côté. Car ces ouvrages ne sont que les fragments d’un récit unique et complexe, et vous seriez bien avisé de lire ce récit depuis le début, plutôt que de le prendre au milieu.

Monsieur, notre affaire à nous, c’est le plomb.

Steve MCQUEEN
Les Sept Mercenaires

D’abord les sourires, puis les mensonges. Et pour finir, la voix du canon.

Roland DESCHAIN, de GILEAD
Le sang qui coule en toi Coule en moi, Lorsque mon regard se pose sur le miroir, C’est ton visage que je vois. Prends ma main, Repose-toi sur moi, Car bientôt nous serons libres, Jeune vagabond.
Rodney CROWELL

PROLOGUE

CRÂNÉS

1

Tian avait la chance (même si peu de fermiers se seraient risqués à employer ce terme) de posséder trois parcelles : le Champ du Fleuve, où sa famille faisait pousser du riz depuis des temps immémoriaux ; le Champ de la Route, où le ka-Jaffords cultivait la vive-rave, le potiron et le maïs depuis un nombre égal de générations, et Fils de Pute, un lopin ingrat où ne poussaient que des cailloux, des ampoules et des espoirs déçus. Tian n’était pas le premier des Jaffords déterminé à tirer quelque chose de ces vingt arpents situés derrière chez lui : son Gran-Pere, parfaitement sain d’esprit pour tout le reste, s’était laissé aller à croire qu’il y avait de l’or, là-dessous. La Ma de Tian s’était montrée tout aussi convaincue qu’il y pousserait du porin, une épice de grande valeur. La marotte de Tian, c’était le madrigal. Bien sûr que le madrigal pousserait sur Fils de Pute. Il le fallait. Il avait réussi à mettre la main sur un millier de graines (et elles lui avaient coûté une coquette somme), qu’il cachait sous les lattes du plancher de sa chambre. Tout ce qui lui restait à faire avant de les semer l’année suivante, c’était de préparer le sol de Fils de Pute. Ce qui était bien plus facile à dire qu’à faire.