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Car on a beau faire, on a beau dire Qu'un homme averti en vaut deux On a beau dire Ça fait du bien d'être amoureux

Le tango funèbre

Paroles: Jacques Brel. Musique: Gérard Jouannest 1964

Ah! Je les vois déjà Me couvrant de baisers Et s'arrachant mes mains Et demandant tout bas: "Est-ce que la mort s'en vient? Est-ce que la mort s'en va? Est-ce qu'il est encore chaud? Est-ce qu'il est déjà froid?" Ils ouvrent mes armoires Ils tâtent mes faïences Ils fouillent mes tiroirs Se régalant d'avance De mes lettres d'amour Enrubannées par deux Qu'ils liront près du feu En riant aux éclats Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah!
Ah! Je les vois déjà Compassés et frileux Suivant comme des artistes Mon costume de bois Ils se poussent du cœur Pour être le plus triste Ils se poussent du bras Pour être le premier Z'ont amené des vieilles Qui ne me connaissaient plus Z'ont amené des enfants Qui ne me connaissaient pas Pensent au prix des fleurs Et trouvent indécent De ne pas mourir au printemps Quand on aime le lilas Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah!
Ah! Je les vois déjà Tous mes chers faux amis Souriant sous le poids Du devoir accompli Ah! Je te vois déjà Trop triste, trop à l'aise Protégeant sous le drap Tes larmes lyonnaises Tu ne sais même pas Sortant de mon cimetière Que tu entres en ton enfer Quand s'accroche à ton bras Le bras de ton quelconque Le bras de ton dernier Qui te fera pleurer Bien autrement que moi Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah!
Ah! Je me vois déjà M'installant à jamais Bien au triste, bien au froid Dans mon champ d'osselets Ah! Je me vois déjà Je me vois tout au bout De ce voyage-là D'où l'on revient de tout Je vois déjà tout ça Et l'on a le brave culot D'oser me demander De n'plus boire que de l'eau De n'plus trousser les filles De mettre d'l'argent d'côté D'aimer l'filet d'maquereau Et d'crier: "Vive le roi!" Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah!

Les amants de coeur

Paroles et Musique: Jacques Brel 1964

Ils s'aiment, s'aiment en riant Ils s'aiment, s'aiment pour toujours Ils s'aiment tout au long du jour Ils s'aiment, s'aiment, s'aiment tant Qu'on dirait des anges d'amour Des anges fous se protégeant Quand se retrouvent en courant Les amants Les amants de cœur Les amants
Ils s'aiment, s'aiment à la folie S'effeuillant à l'ombre des feux Se découvrant comme deux fruits Puis se trouvant n'être plus deux Se dénouant comme velours Se reprenant au petit jour Et s'endormant les plus heureux Les amants Les amants de cœur Les amants
Ils s'aiment, s'aiment en tremblant Le cœur mouillé, le cœur battant Chaque seconde est une peur Qui croque le cœur entre ses dents Ils savent trop de rendez-vous Où ne vinrent que des facteurs Pour n'avoir pas peur du loup Les amants Les amants de cœur Les amants
Ils s'aiment, s'aiment en pleurant Chaque jour un peu moins amants Quand ils ont bu tout leur mystère Deviennent comme sœur et frère Brûlent leurs ailes d'inquiétude Redeviennent deux habitudes Alors changent de partenaire Les amants Les amants de cœur Les amants
Qui s'aiment, s'aiment en riant Qui s'aiment, s'aiment pour toujours Qui s'aiment tout au long du jour Qui s'aiment, s'aiment, s'aiment tant Qu'on dirait des anges d'amour Des anges fous se protégeant Quand ils se retrouvent en courant Les amants Les amants de cœur Les amants

Les bergers

Paroles et Musique: Jacques Brel 1964

Parfois ils nous arrivent avec leurs grands chapeaux Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux Les bergers Ils montent du printemps quand s'allongent les jours Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs Les bergers Quand leurs bêtes s'arrêtent pour nous boire de l'eau Se mettent à danser à l'ombre d'un pipeau Les bergers
Entre eux l'en est de vieux, entre eux l'en est de sages Qui appellent au puits tous les vieux du village Les bergers Ceux-là ont des histoires à nous faire telles peurs Que pour trois nuits au moins nous rêvons des frayeurs Des bergers Ils ont les mêmes rides et les mêmes compagnes Et les mêmes senteurs que leurs vieilles montagnes Les bergers
Entre eux l'en est de jeunes, entre eux l'en est de beaux Qui appellent les filles à faire le gros dos Les bergers Ceux-là ont des sourires qu'on dirait une fleur Et des éclats de rire à faire jaillir de l'eau Les bergers Ceux-là ont des regards à vous brûler la peau A vous défiancer, à vous clouer le cœur Les bergers
Mais tous ils nous bousculent, qu'on soit filles ou garçons Les garçons dans leurs rêves, les filles dans leurs frissons Les bergers Alors nous partageons le vin et le fromage Et nous croyons une heure faire partie du voyage Des bergers C'est un peu comme Noël, Noël et ses trésors Qui s'arrêteraient chez nous aux équinoxes d'or Les bergers
Après ça ils s'en vont avec leurs grands chapeaux Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux Les bergers Ils montent du printemps quand s'allongent les jours Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs Les bergers Quand leurs bêtes ont fini de nous boire notre eau Se remettent en route à l'ombre d'un pipeau Les bergers, les bergers, les bergers

Les biches

Paroles: Jacques Brel. Musique: Gérard Jouannest 1962

Elles sont notre premier ennemi Quand elles s'échappent en riant Des pâturages de l'ennui Les biches Avec des cils comme des cheveux Des cheveux en accroche-faon Et seulement le bout des yeux Qui triche Si bien que le chasseur s'arrête Et que je sais des ouragans Qu'elles ont changés en poètes Les biches Et qu'on les chasse de notre esprit Ou qu'elles nous chassent en rougissant Elles sont notre premier ennemi Les biches de quinze ans