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On se mit à hâter les préparatifs de départ afin d’être prêts pour le train de midi. Mais une demi-heure ne s’était pas encore écoulée, quand parut Alexis Egoritch. Le domestique venait de Skvorechniki, où, dit-il, Nicolas Vsévolodovitch était arrivé «brusquement» par un train du matin; le barine avait un air qui ne donnait pas envie de l’interroger, il avait tout de suite passé dans son appartement, où il s’était enfermé.

– Quoiqu’il ne m’en ait pas donné l’ordre, j’ai cru devoir vous informer de la chose, ajouta Alexis Egoritch, dont le visage était très sérieux.

Sa maîtresse s’abstint de le questionner et se contenta de fixer sur lui un regard pénétrant. En un clin d’œil la voiture fut attelée. Barbara Pétrovna partit avec Dacha. Pendant la route, elle fit souvent, dit-on, le signe de la croix.

On eut beau chercher Nicolas Vsévolodovitch dans toutes les pièces de son appartement, on ne le trouva nulle part.

– Est-ce qu’il ne serait pas dans la mezzanine? observa avec réserve Fomouchka.

Il est à noter que plusieurs domestiques avaient pénétré à la suite de Barbara Pétrovna dans l’appartement de son fils; les autres attendaient dans la salle. Jamais auparavant ils ne se seraient permis une telle violation de l’étiquette. La générale voyait cela et ne disait rien.

On monta à la mezzanine; il y avait là trois chambres, on ne trouva personne dans aucune.

– Mais est-ce qu’il n’est pas allé là? hasarda quelqu’un en montrant la porte d’une petite pièce au haut d’un escalier de bois long, étroit et excessivement roide. Le fait est que cette porte toujours fermée était maintenant grande ouverte.

– Je n’irai pas là. Pourquoi aurait-il grimpé là-haut? dit Barbara Pétrovna, qui, affreusement pâle, semblait interroger des yeux les domestiques. Ceux-ci la considéraient en silence. Dacha tremblait.

Barbara Pétrovna monta vivement l’escalier; Dacha la suivit, mais la générale ne fut pas plutôt entrée dans la chambre qu’elle poussa un cri et tomba sans connaissance.

Le citoyen du canton d’Uri était pendu derrière la porte. Sur la table se trouvait un petit bout de papier contenant ces mots écrits au crayon: «Qu’on n’accuse personne de ma mort, c’est moi qui me suis tué». À côté de ce billet il y avait un marteau, un morceau de savon et un gros clou, dont sans doute le défunt s’était muni pour être prêt à tout événement. Le solide lacet de soie, évidemment choisi d’avance, que Nicolas Vsévolodovitch s’était passé au cou, avait été au préalable savonné avec soin. Tout indiquait que la préméditation et la conscience avaient présidé jusqu’à la dernière minute à l’accomplissement du suicide.

Après l’autopsie du cadavre, nos médecins ont complètement écarté l’hypothèse de l’aliénation mentale.

Fin